「結婚しましょう!」
[Marrions-nous!]
Quand on mentionne les studios d’animation japonais, le premier nom qui vient en tête est Studio Ghibli. C’est surtout parce que c’est le plus connu, mais il en existe plein d’autres. Les exemples sont trop nombreux pour les citer, mais celui qui nous intéresse ici est Studio 4°C.
Le studio est reconnu pour son style en marge du reste de l’industrie, influencé par l’esthétique Superflat, qui met en avant les formes aplaties de l’art japonais et rejette la société consumériste, ce qui offre une plus grande liberté aux animateurs. On leur doit notamment Mind Game de Masaaki Yuasa, Children of the Sea d’Ayamu Watanabe et Mutafukaz de Shōjirō Nishimi et Guillaume “Run” Renard, une coproduction avec le studio français Ankama. Cette année, le Festival Fantasia présente les deux derniers longs-métrages du studio, All You Need is Kill, dont on reparlera, et ChaO de Yasuhiro Aoki.
Dans un Shanghai futuriste, les humains vivent en harmonie avec les sirènes. Un journaliste rencontre par hasard Stephen, l’homme qui serait à la base de cette harmonie. Il raconte l’époque où il était un simple ingénieur en construction navale sans destin, jusqu’à ce qu’il retrouve au premier plan de la société lorsque Chao, la princesse du peuple des sirènes, décide de se marier avec lui pour une raison qu’il ignore. D’abord réticent, Stephen accepte et commencera à créer des liens avec sa nouvelle épouse, qu’il aurait rencontré bien avant.
Le film de Yasuhiro Aoki, qui signe ici son premier long-métrage en tant que réalisateur après avoir fait partie de l’équipe d’animation sur plusieurs projets comme la série Psycho-Pass, rentre parfaitement dans la mouvance esthétique particulière du studio. Le film regorge non seulement de couleurs dignes des œuvres d’arts Pop Art japonaises, mais se distingue ici dans son character design (le design des personnages). Presque aucun être humain ne se ressemble. Certains ont des formes très finies, d’autres ont de très grosses têtes et des visages caricaturaux. L’humain le mieux dessiné est le personnage du PDG, qui consiste essentiellement en une grosse boule et dont les animateurs s’amusent avec. Chao est également dans les meilleurs designs, que ce soit dans sa forme poisson, qui est très mignonne, ou bien dans sa forme sirène.
Dans sa globalité, l’animation du film est extrêmement bien réussie. Le film regorge de détails, il y a de jolis jeux de lumière et les mouvements sont fluides tout en retranscrivant bien l’esthétique mis en place. Il n’y a qu’à voir les crédits de fin qui mettent en valeur l’immense travail des animateurs en montrant les dessins de base.
Le film est aussi assez drôle, que ce soit avec les interactions de Chao et le monde des humains, Stephen qui est complètement dépassé par la situation et toute la vague médiatique qui l’entoure, ainsi que les nombreux runnings gags qui parsèment le film. Mais si ChaO se veut une comédie, il ne néglige pas d’ajouter du drame et de la profondeur à cette histoire d’amour.
Cependant, c’est le développement de cette histoire d’amour qui est le gros point noir du film, notamment parce que Stephen ne se comporte pas tellement bien envers sa nouvelle épouse et qu’il semble plus attiré par sa forme sirène que sa forme poisson. Il apprend certes à passer au-delà de ses préjugés, mais l’alchimie entre les deux prend un coup, surtout quand le point de vue est plus focalisé sur lui que sur Chao. De plus, la dernière partie du film ralentit le rythme, montrant une scène de flashback un poil trop longue alors qu’elle aurait pu être répartie au fur à mesure du film.
Si ChaO n’impressionne pas toujours avec son récit, il le fait en tout cas avec son animation et ses dessins mémorables. Le film ne se classera pas au même niveau que les films Ghibli, de Maloto Sinkai ou de Mamoru Hosoda, mais il a sa place comme très bon dessin animé japonais à découvrir.
ChaO est présenté au Festival Fantasia, le 27 juillet 2025.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième