« I wish I could tell you what you wanna hear… »
[J’aimerais vraiment pouvoir te dire ce que tu veux entendre…]
Lena (Dakota Gorman) se réveille dans une vieille roulotte défraîchie. Elle ne trouve plus ses repères, ne comprend rien. Elle était dans la forêt, en camping, et la voilà en train de rouler vers l’inconnu. En plus, elle a une étrange blessure sur le bras, qui semble avoir été pansé à la « va-vite ».
Les fenêtres de la roulotte sont masquées, la porte est verrouillée par un cadenas à l’extérieur et elle n’a pas son téléphone. Une voix mystérieuse résonne dans un intercom. Il dit s’appeler Clive (Todd Terry) et lui explique qu’ils sont en route vers un docteur pour la soigner de toute urgence. Il estime qu’après 1h, il sera trop tard. Dit-il la vérité ou est-ce le jeu d’un pervers sadique? Malgré l’horrible situation, Lena devra user de tout ce qui lui tombe sous la main pour essayer de se sortir de cette maudite roulotte.
Brock Bodell, scénariste et réalisateur amoureux du genre d’horreur, réussit dès le début à nous faire sentir liée au personnage de Lena. Les plans rapprochés sur l’actrice accentuent la confusion et la panique qu’elle ressent en s’éveillant. Le fait qu’on découvre cette roulotte en même temps qu’elle, et que nous découvrons tout en même temps qu’elle, font qu’on vit la même angoisse que le personnage.
La majeure partie du récit se déroule dans cette roulotte, qui joue en double rôle d’angoisse. Tout comme Lena, nous sommes prisonniers de l’endroit. Nous n’en sortons qu’un bref moment, au début, pour nous montrer le verrou extérieur de la porte afin de confirmer notre emprisonnement. Même les visions/flashbacks de Lena s’incorporent à la roulotte, comme si le film voulait nous empêcher de sortir du lieu.
Notre seul et unique lien avec le monde extérieur est une tête d’animal sur le mur, par laquelle Clive semble discuter avec elle, un trophée de chasse qui semble narguer Lena et la mettre face à ce qui l’attend.
Cependant, le second degré d’angoisse de la roulotte vient lorsque celle-ci s’arrête. Brock Bodell parvient à rendre très bien l’illusion d’un véhicule en mouvement. Les vibrations des tasses qui tintillent par moment, le rideau de perles qui bouge sans arrêt, une carte postale clouée au mur qui se balance sans cesse, etc. Ces petits détails ajoutent à l’immersion dans l’histoire et nous font craindre chacun des arrêts de Clive. Car si la roulotte est la prison de Lena, tant que nous roulons, nous espérons qu’elle pourra trouver un moyen d’en sortir.
Quand tout s’arrête, on retient notre souffle, de peur de voir ce que cet homme fera à sa victime. Chaque arrêt devient synonyme de mort.
Le film perd un peu son souffle lorsque nous cessons d’avoir uniquement le point de vue de Lena et que nous sortons de la roulotte, pour découvrir ce qui se passe à l’extérieur. Le film joue alors moins sur l’horreur, la paranoïa et la tension pour se tourner davantage vers le drame.
Bien que le réalisateur essaye de mettre en place des moments d’angoisses et de peur lorsqu’on sort de la roulotte, force est d’admettre que l’effet n’est pas le même. La preuve, la tension revient lorsqu’un personnage se retrouve coincé à l’arrière d’une voiture de police. Même si la menace est toujours présente, on se sent moins prisonnier de notre nouvel environnement.
Les performances des acteurs sonnent justes et sont solides. Chacun défend bien son rôle, à l’exception du policier, dont le ton de jeu détonne un peu par moment, frôlant le cabotinage. Dakota Gorman et Todd Terry nous offrent de beaux moments de tension et d’émotions.
Brock Bodell nous offre un bon film d’horreur qui se défend bien. Même si la fin n’est peut-être pas pour tous, elle est conséquente avec l’intrigue. Un homme qui adore le genre de l’horreur et à qui nous espérons beaucoup de succès dans le domaine.
Hellcat est présenté au Festival Fantasia les 25 et 27 juillet 2025.
Bande-annonce
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