« You fuck my daughters and you won’t even kss me? »
[Tu baises mes filles et tu vas même pas m’embrasser?]
Liam, divin travailleur du sexe, parcourt Chicago à vélo pour livrer des en-cas et une satisfaction pure à ses clients en manque d’amour, tandis qu’un tueur en série laisse une traînée de sang qui mène au lit de l’amant innocent.
Sculpté avec amour sur une pellicule Super 16 mm, mêlant peur et excitation, Anything that moves, d’Alex Phillips, est un thriller érotique qui ressemble à un tableau et se déroule comme un rêve.
Par son approche, Anything that Moves s’inspire de la tendresse inhérente à la pornographie des années 1970, si bien que les scènes de sexe ont un charme intelligent qui daigne jouer avec les genres et les normes traditionnelles pour allumer le spectateur. Le choix du Super 16mm ajoute au côté rétro avec sa texture granuleuse qui sied bien au sujet charnel du film.
Mais en parallèle, il y a une célébration de l’amour très moderne. Tout d’abord, le couple formé de Liam et de sa copine offre une grande ouverture d’esprit, se permettant l’un et l’autre de coucher avec d’autres personnes, seuls ou ensemble. Il y a aussi l’utilisation de l’application au centre du récit, Snaxxx, qui est un mélange entre Uber Eats et Tinder.
Ainsi, le réalisateur crée une histoire moderne, située de nos jours, mais à l’esthétique rappelant les années 1970. Au point que tant qu’on ne voit pas un premier téléphone intelligent, on se demande à quelle époque on est. D’ailleurs, avez-vous remarqué à quel point les jeunes début vingtaine ont le même look que les jeunes avaient dans les années 1980?
Bien entendu, le gore et les substances visqueuses sont au rendez-vous dans ce thriller aux accents humoristiques. Oui, le sang est bien présent et par moment les images sont répugnantes. Mais les agissements des policiers sont tellement improbables, que les moments de dégouts et de suspenses se voient céder leur place aux situations cocasses. Est-ce voulu? Dur à dire. Mais peut-être que le film serait plus efficace sans ce côté cocasse. On a l’impression que le réalisateur n’était pas sûr du résultat qu’il voulait.
Afin de créer un côté voyeur, les plans de caméras sont souvent placés au loin, comme à l’extérieur de la scène. Ça donne l’impression de regarder ce qui se passe en étant caché pas trop loin des personnages. À un certain moment, le cadre enchanteur et ensoleillé s’assombrit et on bascule dans une réalité inquiétante, horrifique, où règnent la violence, la rage et la tromperie. Mais un univers dans lequel le policier continue de faire des pitreries.
Ce film inclassable propose de belles choses malgré ses grandes faiblesses. Ses clins d’œil au cinéma érotique des années 70-80 sont intéressants, mais on se demande un peu à quoi ça sert. Le film étant soft, le lien est ténu et on se demande pourquoi.
Cela étant dit, Anything that moves reste plaisant à regarder. Certaines scènes un peu plus choquantes feront certainement réagir la grande majorité des spectateurs.
Anything that moves est présenté au Festival Fantasia les 25 et 29 juillet 2025.
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