Fucktoys - Une

[Fantasia] Fucktoys – Quoi faire contre une malédiction?

« It means that you have a curse on you honey. »
[Ça veut dire que quelqu’un t’a lancé une malédiction chère.]

Fucktoys - Affiche

AP (Annapurna Sriram), est une jeune femme rose en quête de délivrance d’une malédiction. Non pas un, mais 3 médiums lui promettent qu’elle pourra la lui enlever pour la coquette somme de 1 000 dollars et le simple sacrifice d’un agneau. Elle gagne alors de l’argent de la seule façon qu’elle connaisse : en trottinette, elle s’enfonce dans la nuit et les bas-fonds de Trashtown. 

Dans Fucktoys, une comédie noire irrévérencieuse signée Annapurna Sriram, le spectateur est amené à suivre AP qui se heurte à une série de personnages plus grands que nature et à des situations absurdes, toutes plus déjantées les unes que les autres, alors qu’elle se dirige vers l’inévitable.

Une critique?

Fucktoys est-il une critique de la société inégalitaire dans laquelle les Américains vivent? J’aurais tendance à croire que oui. 

Fucktoys - Une critique
AP (Annapurna Sriram)

Tout d’abord, on peut y voir une prise de position où la scénariste/réalisatrice s’attaque aux fameux « deux poids, deux mesures » qui existe dans le cinéma aux États-Unis. Chez nos voisins, les hommes sont libres d’explorer des récits sexuellement explicites et fétichistes, mais pour les femmes, ces thèmes sont tacitement interdits. Si les scénaristes et réalisateurs cisgenres sont reconnus pour repousser les limites de la narration ou pour s’interroger sur leur sexualité et celle de leurs homologues, trouver le financement et le soutien nécessaires pour que les femmes puissent en faire autant est quasiment impossible. Donc en réalisant ce film de façon indépendante, Annapurna Sriram s’attaque au système afin de montrer que ces thèmes peuvent et doivent être aussi traités par des femmes. 

Le long métrage dénonce aussi les attentes et inégalités entre les sexes. Pour réussir dans les multiples facettes de la vie, une femme doit devenir changeante, performative, fétichisée et infiniment résiliente. Avec ses deux personnages principaux, elle montre ce que ces expériences peuvent représenter, ainsi que les divers jeux de rôle imaginatifs nécessaires pour perdurer dans de tels environnements. Cette histoire met en scène une jeune femme « maudite » dans sa vie et assaillie de toutes parts par les périls d’un monde absurdement transactionnel. Elle est forcée de chercher un sens à sa vie et le bonheur au milieu d’une exploitation et d’un travail acharné, une quête apparemment inéluctable. En d’autres termes, son affliction est tout simplement le combat de toute femme ou personne s’identifiant comme telle qui tente de survivre dans notre époque dystopique moderne.

Du trash sobre?

Le film et les choix esthétiques sont intéressants. Mais lorsqu’on décide de faire un film trash, il faut repousser les limites et ce n’est pas suffisamment le cas ici. Il y a trop de retenue pour que le film sorte du lot. Par exemple, la ville se nomme Trashtown, une ville ensoleillée et romantique, aux États-Unis, bien crade avec des hommes étranges qui semblent passer leur temps à ramasser des déchets. Est-ce vraiment le cas? On ne sait pas trop, car jamais la réalisatrice ne prend le temps de nous faire comprendre qui sont ces gens.

Fucktoys - Du trash sobre

Le sexe est aussi très présent dans le film, alors qu’on nous offre un personnage à l’archétype de l’idiote tragique : naïve, crédule, désespérée d’amour, mais néanmoins pleine d’espoir. Mais tout est aseptisé comme si on voulait garder le film accessible aux enfants… On a presque l’impression que de devoir sucer un camionneur pour avoir un lift est une chose belle. 

Comme on nous présente une odyssée tapageuse à travers un paysage de rêve, peuplé de saletés, de médiums et de libertins, dans laquelle une coquine dévergondée s’efforce de gagner 1 000$ en baisant, de trouver l’amour par le sexe et de lever une malédiction, on aurait voulu un peut plus de vulgarité et de sexe crade à l’écran afin de bien montrer le ridicule et l’injustice de la situation. Je peux comprendre le désir de ne pas vouloir succomber à la tentation de montrer des corps nus pour vendre, mais dans ce genre d’histoire, ça ajoute une certaine crédibilité à l’histoire. 

Un peu plus…

Le film se veut être un rêve fiévreux luxuriant en 16 mm qui réinvente Le Voyage du Fou des Arcanes Majeurs du Tarot à travers l’histoire d’AP. La réalisatrice s’est d’ailleurs inspirée de ses propres expériences avec des hommes, des clients et des médiums.

Fucktoys - Un peu plus

Pour éviter la banalité de notre réalité, elle a imaginé un univers exalté, théâtral et imaginatif, espérant créer un espace de jeu pour elle et ses collaborateurs. L’univers dans lequel se déroule Fucktoys est d’ailleurs très réussi. En utilisant le 16 mm, la production va chercher une texture riche et pulpeuse, tout en offrant des visuels somptueux et immersifs.

L’utilisation d’un format d’image plus large, 2:40:1 permet de montrer l’étendue des paysages dévastés et crades de l’univers de Trashtown.

Le résultat est un film intéressant, mais qui aurait pu aller plus loin afin d’être plus puissant et grinçant. 

Fucktoys est présenté au Festival Fantasia le 22 juillet 2025. 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Fucktoys
Durée
108 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Annapurna Sriram
Scénario
Annapurna Sriram
Note
6.5 /10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
Fucktoys
Durée
108 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Annapurna Sriram
Scénario
Annapurna Sriram
Note
6.5 /10

© 2023 Le petit septième