« When it comes to art, be ugly, be honest. »
[Lorsqu’il est question d’art, sois laide, soit honnête.]

Nous sommes en 1994, et Mia Sunshine Jones (Caitlin Acken Taylor), étudiante en art, doit réussir son projet d’autoportrait sous peine d’être renvoyée de l’école. Le problème, c’est qu’elle n’arrive pas à comprendre qui elle est vraiment. Désespérée de se libérer de son terrible blocage créatif, elle trouve son dernier espoir dans un Élixir de Rêve : Lucid. Cette potion stimule sa créativité, mais libère aussi des monstres maléfiques issus de son subconscient.

Avec Lucid, Ramsey Fendall et Deanna Milligan offrent un film trash, intense et drôlement effrayant. Bienvenue dans les catacombes de l’âme créatrice.

Ce qu’on ferait pour éviter le syndrome de la page blanche

Il n’y a pas grand-chose de pire pour un créateur que de se retrouver incapable de créer. Ou d’être incapable de s’exprimer comme on le voudrait à travers notre art. C’est le problème avec lequel Mia doit vivre. 

Non seulement la jeune femme n’arriver pas à s’exprimer artistiquement, mais elle se voit menacé par son professeur de se faire renvoyer du programme d’art dans lequel elle est inscrite. Il manque dans l’histoire quelques informations pour crédibiliser un peu la situation, mais on peut probablement supposer que Mia a un certain talent, sinon elle n’aurait pas été acceptée dans ce programme qui semble être très contingenté. 

Ainsi, la jeune femme se retrouve dans une impasse et doit trouver une solution. Elle se tournera vers une pilule miracle pour retrouver sa créativité. Il s’agit évidemment d’une critique de l’utilisation des drogues pour créer. Ce n’est pas un secret que plusieurs artistes finissent par tomber aux mains des substances illicites pour rester « connectés » à eux-mêmes et créer. Mais plutôt que de le montrer banalement, avec un bon artiste qui tombe victime des méchantes drogues, Ramsey Fendall et Deanna Milligan utilisent l’approche opposée. En fait, on n’émet aucun jugement. On montre simplement le chemin que parcourt Mia pour retrouver sa créativité. Mais est-ce que la Lucid est un bon moyen d’y parvenir?

Un film trash léger

Plutôt que d’offrir l’éternel drame de l’artiste torturé, le duo a choisi d’amener le spectateur dans un univers trash et parfois cocasse. C’est toujours agréable de voir un film de genre qui sort du genre classique. Lucid n’est pas un film d’horreur, bien qu’il flirte avec le genre. Il n’est pas non plus une comédie, ni un drame, même s’il en possède certains éléments. 

L’univers dans lequel les réalisateurs plongent les spectateurs est trash. On a l’impression que tout est sale, que tout est en décrépitudes ou que tout est sur le point de se briser. Exactement comme le personnage de Mia qui est au bord de l’effondrement. 

D’un point de vue visuel, Lucid est efficace. Le côté sale et délabré permet rapidement de montrer l’état d’esprit du personnage principal qui, d’ailleurs, dès le premier plan, a le visage sale et les vêtements dans un état qui ne laisse aucun doute sur le fait qu’elle n’est pas à son mieux. C’est encore plus évident lorsqu’elle est en présence de ses camarades de classe et de son professeur, qui sont bien habillés, presque chic, même. 

Mais les autres personnages qui sont plus proches d’elle sont aussi dans un état un peu plus… trash.

Un peu plus…

Bien qu’il ne soit pas parfait, Lucid offre quelque chose qu’on ne voit que rarement au Canada. Il propose un film à l’esthétique trash, aux personnages étranges, mais attachants, et une conclusion qui sont de la norme. 

Ce long métrage donne une vision de ce que peut être la dure réalité d’un jeune créateur, même s’il pousse la note hors du réalisme. Les réalisateurs réussissent à toucher une note réelle malgré cet univers glauque. 

Il s’agit certainement du film canadien le plus trash que j’ai vu cette année. Bravo aux artistes qui y ont contribué. C’est rafraîchissant!

Lucid est présenté au Festival Fantasia le 21 juillet 2025. 

Bande-annonce