Dark nuns - Une

Dark Nuns — Dieu est partout?

« Le Père Paolo a toujours dit que la possession n’existait pas. »

Dark Nuns - Affiche

Un jeune garçon, Hee-Joon (Moon Woo-jin), est possédé par un esprit maléfique. Soeur Yunia (Song Hye-kyo) tente de le sauver, aidée par Soeur Mikaela (Jeon Yeo-been). Le prêtre Paul (Lee Jin-wook) tente de le soigner par des méthodes conventionnelles apparemment inefficaces.

Routine et rituels

Depuis déjà quelques années, je m’affaire à livrer mon opinion que je veux bon et objectif (même si parfois ce n’est qu’une question de point de vue) sur le cinéma d’ici et d’ailleurs. J’ai conscience que les notes que j’attribue aux différents courts, longs et moyens métrages ne font peut-être pas l’unanimité chez mon lectorat. Pourtant, j’aimerais prendre le temps de souligner que la position de critique ne cherche pas à plaire ni à déplaire. En fait, j’imagine que tous cinéphiles, cinéastes ou cinématographes aspirent à capturer l’essence des choses au-delà de leurs apparences.

Dark nuns - Routine et rituels

Dark Nuns (ou de son petit nom Geomeun sunyeodeul) fait partie de ces œuvres qui utilisent la symbolique pour créer des dialogues profonds dans leurs non-dits. Ce que l’œil perçoit, les mots ne sauraient l’énoncer, pas immédiatement en tout cas. Je regardais ce film avec une émotion profonde de curiosité dans toute sa simplicité. Il faut dire que les critiques sur le long métrage d’horreur réalisé par Hyeok-jae Kwon ne laissa pas beaucoup d’indifférents et plus en mal qu’en bien. Mais pourquoi donc? Surtout, suis-je aussi de ceux qui passent pour d’éternels insatisfaits?

Dans le doute, je me dis que je fais de mon mieux et que j’ai confiance de livrer une vision qui en fin de compte se veut davantage unificatrice que ségrégationnelle. C’est, j’imagine aussi, la pensée qui habite celles et ceux qui pratiquent encore la religion. À notre époque, il faudrait vraiment être mal intentionné pour faire ça avec la même énergie qu’un arnaqueur. Je crois simplement que la définition du vrai est devenue plus souple depuis qu’elle incorpore le fait qu’un seul observateur, ou même une majorité, expérimentent certains phénomènes de manière différente que d’autres plus isolés ou même absouts de toute présence. C’est un vieil adage que de demander si l’arbre qui tombe seul dans la forêt fait du bruit.

Argumentum ad populum

La plupart des médias sur internet qui critiquent le cinéma vont préférer la quantité à la qualité, vous savez de quels sites je parle. Mais saviez-vous que n’importe qui peut donner son opinion? Il n’y a pas de test d’aptitude qui puisse efficacement départager les trolls et les frustrés des véritables érudits en la matière. Alors, la question persiste : comment peut-on faire confiance aux notes attribuées par une masse hétérogène? Après tout, en science on demande l’opinion de scientifique, et pas n’importe lequel, majoritairement on va chercher l’opinion d’expert dans le domaine en question.

Dark nuns - Argumentum ad populum

Bon, c’est sûr qu’il ne faut pas se mettre à pencher en faveur d’un élitisme culturel au niveau de l’application de codes et de dogmes, mais c’est ironiquement ce que la masse crée par ricochet. À vouloir contenter tout le monde, on aboutit généralement à ne satisfaire personne. De nos jours, la critique en générale est très orientée par le taux de popularité des interprètes, la qualité du son et de l’image, ainsi que l’habileté de la production à aborder des thématiques dites plus conscientisées. Cependant, c’est aussi là que réside le noyau de la problématique. Un film – comme toute œuvre artistique – ne s’évalue pas en fonction de facteurs académiques, mais plutôt dans sa relation intime et trinitaire entre l’artiste, l’œuvre et son spectatorat.

Je sais que je défends souvent l’idée que le sens d’une œuvre est de prime abord attribuable à l’artiste et à sa volonté à transmettre une idée, un message ou une émotion par des voies qui transcendent le sens commun que nous avons du langage. Néanmoins, je le fais avec le désir d’élargir le champ de vision de mon lectorat. Crois-je toujours avoir raison? Bien sûr que non! N’empêche que comme écrivain, je questionne sans questionner afin de créer un débat pour favoriser l’atteinte d’un consensus, si cela est possible. C’est aussi le propre de Dark Nuns qui ne remet pas en question le Sinisme coréen (croyance païenne à l’origine de leur culture) ou le Christianisme, mais y voit plutôt la chance d’unir la spiritualité en un concept plus universel.

Avec les moyens de la dîme

L’une des choses qui m’a le plus frappé durant mon visionnement était de constater que Père Paul, interprété par Lee Jin-Wook, est une figure d’autorité spirituelle qui croit davantage aux vertus de la médecine moderne qu’à la nécessité, ou même la plausibilité, d’un exorcisme comme remède. Ce genre de détail démontre une césure profonde avec le rôle archétypal de la figure divine dans une histoire d’horreur religieuse qui a l’habitude de promouvoir la rectitude et l’aveuglement dogmatique. Ici ce sont les sœurs Yunia et Mikaela, interprétées par Song Hye-kyo et Jeon Yeo-been, qui demeurent les porteuses des voies spirituelles comme on les connaît.

Dark nuns - Avec les moyens de la dîme - Père Paul - Lee Jin-Wook
Père Paul (Lee Jin-Wook)

Il faut aussi souligner que le budget n’était pas le facteur le plus déterminant derrière cette production cinématographique. Pour notre cinéma canadien qui martèle sans cesse du poing qu’on n’a pas le budget des Américains pour faire de grosses productions, il faudrait se demander comment on peut, au moins, amasser 5 millions de dollars parce que c’est tout ce que demandait Dark Nuns pour pouvoir être produit et livré sur nos écrans. Le film en est un bon, le genre qui demande à ce qu’on s’y attarde bien plus que n’importe quelle production de Rob Zombie ou d’autres comme Terrifier. Est-ce que les effets sanglants sont les plus révolutionnaires? Non. Mais je repars avec l’impression d’avoir vu autre chose que du divertissement pour les simples d’esprit. 

Peut-être que 8/10 peut sembler légèrement trop élevée, mais alors pourquoi ne pas donner 7.5/10? Bien, tout simplement parce que le film ose aller dans un cheminement artistique que je qualifierais de sain (sans faire de jeu de mots) pour le cinéma. Dark Nuns ne cherche pas non plus à plaire à une démographique ou à choquer. L’histoire est, à mon avis (et contrairement à celui plus populaire), très humble dans sa manière d’approcher le tout. Le souci du détail est là et c’est ce qui importe.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
검은 수녀들
Durée
114 minutes
Année
2025
Pays
Corée du Sud
Réalisateur
Hyeok-jae Kwon
Scénario
Hyo-jin Oh et Kim Woo-Jin
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
검은 수녀들
Durée
114 minutes
Année
2025
Pays
Corée du Sud
Réalisateur
Hyeok-jae Kwon
Scénario
Hyo-jin Oh et Kim Woo-Jin
Note
8 /10

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