« — Tu me dis ça parce que tu m’aimes.
— Je le pense. »
La vie de la pharmacienne Raphaëlle Bayard (Marilyn Castonguay bascule lorsque son conjoint et son fils disparaissent sans raisons apparentes.
La mini-série est réalisée par Yannick Savard et produite par Anne Boyer, Hugo d’Astous et Marie-Ève Bergeron pour Duo Productions. Marilyn Castonguay partage l’écran avec une distribution plus qu’intéressante. Retrouver l’actrice aux côtés de Vincent Graton, Éric Bruneau, Madeleine Péloquin, Dominick Rustam Chartrand, Florence Deschênes, Sam-Éloi Girard, Jean-Moïse Martin, Alice Pascual, Parfaite Ségolène Moussouanga, Victor Andres Trelles Turgeon, Alice Moreault, Mikhail Ahooja, Patrick Goyette et Martin Tremblay (pour ne nommer que ceux-là).
Pour celles et ceux qui me suivent depuis quelques années déjà, vous devez commencer à comprendre que les drames familiaux qui glorifient les extras de l’ordinaire ne sont peut-être pas mes œuvres préférées, ni celles pour lesquelles je me porterais premier volontaire pour endosser le projet. N’empêche que, je peux aussi être fermé d’esprit quelquefois. Ce n’est pas comme si je n’avais pas pleuré à chaudes larmes lors du visionnement de À cœur battant. Je serais hypocrite d’être catégorique dans chacun de mes propos parce qu’au final ce n’est pas de ne pas changer d’avis par rapport à une chose ou une autre, mais de REFUSER de changer d’avis qui est un problème.
Bon, je ne dis pas que j’ai pleuré durant ce visionnement-ci, mais j’ai vraiment senti que la série semblait travaillée avec plus de… de soins. Ce que j’entends par là; la beauté de l’Art c’est d’avoir la capacité d’aborder plusieurs sujets non pas pour moraliser, mais pour offrir une perspective différente sur ces aspects de la vie étudiés plus… hermétiquement en les mettant en relation (on appelle ça un scénario). Emprises n’amène pas une révolution au niveau de la structure narrative, néanmoins on est sur la bonne voie. Si cette série devient le nouveau standard, on va finir par plaire à tous les publics, y compris moi 😂 !
J’ai l’air de plaisanter, mais je vous assure que la réalisation se différencie par une conscience du temps et du sous texte. Dans les 10 à 15 premières minutes la majorité de l’intrigue se dévoile sous nos yeux sans que ça n’y paraisse. On ne dit rien de trop, on laisse assez de non-dits pour que même la vigilance du plus aguerri des cinéphiles puisse être trompée au premier visionnement. ET SURTOUT, on prend le temps, des silences, des demi-mots, Jean-Moïse Martin — ou plutôt un plan de sa main qui débarre et ouvre une porte — pendant un beau 3 secondes. Mis à part les échanges dialogués en champ contre-champ nécessitant parfois une tirade plus dynamique au niveau de l’image, le minimum semblait être 3 secondes.
Je ne dis pas qu’à certains moments je n’ai pas eu l’impression de regarder une scène de Law and Order, mais c’était une bonne scène (comme dans les débuts avec les excellents Michael Moriarty et Richard Brooks). D’autant plus que même si le rôle du chef-enquêteur dans Emprises est attribué à notre icône nationale montante Éric Bruneau, la série n’est pas un drame policier et l’acteur exploite un côté plus rude qu’à son habitude. C’est ce genre de détails qui m’ont charmé, car il démontre un souci évident à bien faire les choses et pas seulement faire du laid du beau, mais de montrer que laid et beau coexistent.
Si Indétectable focalisait son attention sur la perception de notre image publique, Emprises aborde davantage la question de la confiance – souvent aveugle – que nous avons envers celles et ceux qui font partie de notre cercle proche. C’est donc une série qui joue beaucoup sur la dualité de l’individu, car il arrive que certaines personnes cachent des facettes d’elles-mêmes qui nous apparaissent étrangères même si nous les connaissons bien. Parlant de méconnaissable, j’ouvre une parenthèse sur Florence Deschênes qui est à des années lumières de ce que dégage son personnage de Yelena. Une entrée en matière assez percutante pour un premier rôle à l’écran, mais idéale pour réaffirmer que les apparences sont souvent trompeuses.
Les études en relations interpersonnelles se font sur une base de sociologie en y incorporant des notions de psychologie. Là, je vais vous donner gratis des infos que j’ai dû payer (et que je n’ai pas encore fini de payer). Il arrive que certaines personnes – même si elles sont très brillantes – aient de petites faiblesses en ce qui à trait à l’introspection et les réflexions profondes. Lorsque c’est le cas, survient alors l’impression de tout comprendre et spécialement les autres. On dit « voir » dans son jeu, ou au contraire on nie toute possibilité qu’un individu proche de nous puisse nous éluder.
On en vient finalement à confondre la méfiance pour ce qu’on croit être de l’intuition. La différence? Et bien, une intuition, c’est une connexion instantanée à une vérité sans deviner immédiatement le processus logique à l’origine de la réponse. Quant à elle, la méfiance est la peur d’une chose associée à des expériences similaires ou évocatrices antérieures. Le problème c’est que la méfiance n’est pas souhaitable en société puisqu’elle remet en question un principe simple au Canada; la présomption d’innocence. Une société fonctionne par le fait même que ces individus puissent jouir d’une certaine forme de confiance les uns envers les autres.
Difficile de vous convaincre maintenant que c’est une série à voir, mais ça sera plus simple de vous dire d’aller voir par vous-même! On pourra même en discuter ensuite, pourquoi pas. C’est bien de la part de Radio-Canada d’alterner entre de longues séries comme Unité 9 et District 31 (bizarres comme prequels de District 9), avec des plus courtes. Iels ont été assez catégoriques lors de la table ronde qu’il n’y aura pas de suite et que c’est bon comme ça. Profitez bien du temps chaud, cher lectorat, et n’oubliez pas d’essayer d’être meilleur chaque jour.
Bande-annonce
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