River Returns - Une

[TJFF] River returns – Entre nature, mythe et réalité

「お前の魂はあっちにとらわれて 二度とこっちに帰ってこれね。」
[Ton âme est prise au piège là-bas et ne reviendra plus jamais ici.]

River returns - affiche

En 1958, alors qu’un typhon meurtrier approche, un jeune garçon se lance dans un voyage périlleux vers une piscine de montagne hantée, déterminé à calmer un esprit triste dont le chagrin a maudit le village avec des inondations dévastatrices.

Avec River returns (光る川), Masakazu Kaneko offre un conte empreint de réalisme magique mettant en scène la relation entre la nature et les êtres humains, transmis de génération en génération pendant des siècles et des milliers d’années. Une relation qui a peut-être été caractérisée par un profond respect et une profonde révérence pour « l’autre », cherchant à valoriser l’existence de tous les autres êtres, même les êtres invisibles.

Entre deux époques

C’est la fin de l’été 1958. Un garçon nommé Yucha (Sanetoshi Ariyama) vit dans un village riverain constamment menacé par les typhons.

Il apprend la légende locale des inondations, transmise de génération en génération, grâce à un conteur de Kami-Shibai (théâtre de papier). Montrant une carte illustrée pour chaque scène, le conteur raconte l’histoire d’une jeune fille au cœur brisé qui s’est noyée dans une mare au cœur des montagnes. On raconte que son chagrin provoque depuis lors de grandes inondations toutes les quelques décennies. 

River Returns - Entre deux époques
Oyo (Asuka Hanamura)

Pour faire la transition entre les deux histoires, la caméra avance et passe à travers le cadre du petit théâtre. Ainsi, on bascule de l’histoire du garçon, à celle de la légende. Lorsqu’il est temps de revenir à Yucha, c’est par le glissement du dernier dessin qu’on revient.

L’histoire d’Oyo n’est pas située à un moment précis, puisqu’il s’agit d’une légende, un mythe qu’on raconte depuis toujours. Une histoire d’amour à la Roméo et Juliette, où deux amants ne peuvent être ensemble, séparés par leurs origines. 

Contrairement à ce qu’on voit souvent dans ce genre de récits, le réalisateur ne se promène pas d’une époque à l’autre. Le film est bien séparé en 3 séquences précises. La première raconte la vie de Yucha, la deuxième nous amène dans un « il y a très très longtemps », et la dernière revient au présent et intègre le réalisme magique qu’on peut voir dans le cinéma japonais. 

Notre relation à la nature

Un typhon majeur approche. Avec une curiosité enfantine, Yucha se rend à la mare au cœur des montagnes, que même les adultes redoutent, dans l’espoir d’arrêter l’inondation et d’apaiser le chagrin de la jeune Oyo.

River Returns - Notre relation avec la nature
Oyo et son petit frère (Sanetoshi Ariyama)

Derrière le concept, il y a l’idée que l’humain devrait cohabiter avec la nature. Autrefois, les montagnes japonaises abritaient divers écosystèmes forestiers. En les protégeant et en coexistant avec eux, les populations ont pu minimiser les crues et profiter des richesses de la nature. Cependant, après les guerres du XIXe et du début du XXe siècle, et la reconstruction rapide qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, a mené à un grand besoin en bois. En conséquence, des arbres jugés moins utiles à cette époque ont été abattus, et la diversité des montagnes et le mystère qu’elles recelaient ont disparu.

Avec River returns (光る川), le réalisateur réussit donc à traiter d’écologie et d’enjeux environnementaux sans tomber dans la leçon ou dans la peur. Par le mythe de la jeune femme triste, il amène l’idée que les enjeux en lien avec les actes météorologiques destructeurs peuvent être amoindris si on prend la peine de faire des efforts. Ce sera difficile, mais ça peut se faire. C’est dans la troisième partie du film qu’on passe le message, alors que Yucha se lance dans une aventure où il doit traverser la forêt et réussir certaines épreuves afin de calmer la nature qui se déchainera. 

Un peu plus…

Dans ce film, le jeune garçon suit une tradition montagnarde en voie de disparition pendant la période de reconstruction d’après-guerre pour sauver sa famille. Il remonte le fleuve et finit par tenter de sauver quelqu’un qu’il n’a jamais rencontré. Sa franchise, telle une rivière qui coule, purifiera sans aucun doute nos cœurs et restaurera notre « considération pour autrui ». En tout cas, on le souhaite. 

River Returns - Un peu plus
Yucha (Sanetoshi Ariyama)

Nous n’avons malheureusement pas affaire à un grand film, puisqu’il repose principalement sur une histoire d’amour racontée encore et encore. Mais en la faisant passer à travers les époques et en la mettant en parallèle avec la relation humains/nature, il l’amène d’une manière intéressante. 

Et comme les acteurs s’en sortent plutôt bien et que le duo d’amants est touchant, le film se regarde bien et donnera envie de se coller sur l’être aimé. 

River returns (光る川) est présenté au Toronto Japanese Film Festival, le 21 juin 2025.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
光る川
Durée
108 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Masakazu Kaneko
Scénario
Masakazu Kaneko et Genki Yoshimura
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
光る川
Durée
108 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Masakazu Kaneko
Scénario
Masakazu Kaneko et Genki Yoshimura
Note
7 /10

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