She taught me serendipity - Une

[TJFF] She taught me serendipity – Parfois le hasard fait drôlement les choses

「私がいないところで、私のことを思い出してほしかっただけ」
[Je voulais juste que tu penses à moi lorsque je n’étais pas là.]

She taught me serendipity - Affiche

Les journées de Konishi (Riku Hagiwara) sont mornes et loin de la vie universitaire qu’il avait imaginée. Il passe ses journées à plaisanter avec Yamane (Kodai Kurosaki), son seul ami sur le campus, et Sacchan (Aoi Itô), une camarade étudiante qui travaille à temps partiel dans des bains publics, sur des sujets futiles.

Un jour, après les cours, son regard est attiré par l’allure digne de Sakurada (Yumi Kawai), les cheveux en chignon. Il décide de lui parler et, grâce à une série de coïncidences surprenantes, ils sympathisent rapidement. Alors qu’il commence enfin à aimer un peu le monde qui l’entoure, un événement bouleversant qui change son destin les frappe tous les deux.

Avec She taught me serendipity (今日の空が一番好き、とまだ言えない僕は), Akiko Ohku propose un film qui mélange comédie romantique et drame tragique en utilisant la futilité de la vie et les hasards qui la compose comme ligne narrative. 

Cœurs esseulés et corps errants

Bien que plusieurs des thèmes qui peuplent She taught me serendipity se retrouvent dans le cinéma hollywoodien, le traitement qu’en fait la réalisatrice en fait un film ancré dans la culture japonaise. Au centre du récit, on y retrouve la solitude. Une solitude causée par des difficultés à vivre en société, à se fondre dans la culture et à une certaine timidité. 

She taught me serendipity - Coeurs esseulés
Sakurada (Yumi Kawai)

Ce n’est pas un secret, et c’est pourquoi ça revient souvent dans le cinéma nippon, les Japonais se sentent seuls. Les codes de la société n’aident pas et la réalisatrice l’illustre bien dans son premier film. Dans une scène d’une grande beauté et d’une profonde tristesse, elle s’attaque à l’idée qu’il faut lire entre les lignes. En s’excusant à plusieurs reprises d’être aussi directe, le personnage explique pourquoi il est important de dire les choses plutôt que d’attendre que l’autre comprenne. La manière dont la scène est filmée est particulièrement intéressante. Alors qu’on a l’habitude des gros plans pour mettre l’emphase sur l’émotion, la réalisatrice décide plutôt de garder un plan large presque d’un bout à l’autre, créant ainsi une forte impression de distance, sans pour autant enlever complètement l’émotion.

Fondamentalement, il y a une sorte de trio amoureux qui se développe dans ce film. Mais jamais on ne s’attend à arriver là où le film nous mène. Car ces trois âmes esseulées errent chacune à leur manière, dans un monde qui ne les comprend pas. En tant que spectateur, on en fini par ne pas trop savoir où on veut que tout ça s’en aille. Car il n’y a pas de gentil et de méchant ici. Juste des humains vrais. 

Un beau mélange

She taught me serendipity est un mélange de genre. Alors que le tout commence comme une simple comédie romantique, on bascule tranquillement et sans s’en apercevoir dans le drame. 

She taught me serendipity - Un beau mélange
Sacchan (Aoi Itô)

Après les rencontres et le romantisme, l’histoire se brise complètement, laissant le spectateur incertain pendant de longues minutes. On se demande si on a manqué un truc. Si on a mal compris quelque chose. Pourquoi ça ne marche plus? Pourquoi dit-il ça? Et elle, pourquoi fait-elle ça? Mais que fait l’autre fille? 

Alors que ce changement de cap brutal m’a dérangé pendant le visionnement, je réalise qu’il représente à merveille le sentiment qui grandit chez une personne qui se fait abandonner par l’amour d’un coup sec, sans explications. La mise en scène est épatante et les acteurs sont solides.

Le spectateur se retrouve ainsi à verser quelques larmes et à être déstabilisé par le manque d’informations nécessaire pour rendre compte du sentiment réel qu’on vit lorsqu’on voit la personne qu’on aime cesser soudainement toute communication. 

Un peu plus…

Ce long métrage n’est pas parfait. Mais il répond parfaitement à la réalité en y plantant un miroir qui nous la reflète. Petite note pour les occidentaux : bien que la façon de traiter le développement de l’amour au Japon ne soit pas le même qu’ici, on peut facilement s’identifier aux personnages et à la situation. 

She taught me serendipity - Un peu plus
Konishi (Riku Hagiwara) et Sakurada

Qui ne s’est jamais senti seul? Qui n’a jamais eu l’impression de se faire abandonner? 

En plus des trois personnages principaux, on retrouve plusieurs petits rôles importants et bien choisis. Le patron qui voit Sacchan comme la fille qu’il n’a jamais eu, l’ami un peu con qui s’avère être plus complet qu’il en a l’air, et le grand nombre de gens qui circulent ici et là sans considérer les personnages principaux rendant l’impression d’isolement encore plus fort remplissent tous leur rôle à merveille. 

Le résultat est un bon film qui saura réveiller la mélancolie en vous.

She taught me serendipity est présenté au Toronto Japanese Film Festival, le 14 juin 2025.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
今日の空が一番好き、とまだ言えない僕は
Durée
127 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Akiko Ohku
Scénario
Shusuke Fukutoku
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
今日の空が一番好き、とまだ言えない僕は
Durée
127 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Akiko Ohku
Scénario
Shusuke Fukutoku
Note
8 /10

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