Laundry of Legends II est une performance de danse inspirée de L’Apocalypse arabe de la défunte poétesse libanaise Etel Adnan. Il s’agit d’un poème d’adieu. Ce texte particulier est un oracle temporel alimenté par la mort, transformé par des corps dansants. Les poèmes d’adieu émergent lorsqu’il y a un rassemblement. Ils commencent dans le corps, et se joignent en fragments en nous.
La poésie d’adieu est un type spécial de guérison politique; baroque, cruelle et cosmologique. Elle offre hospitalité, compagnie, en donnant des indications concrètes sur la façon de se rendre, de trahir la mort, de jouer avec l’absence. Mais ça, c’est en poésie. C’est écrit et ça donne le temps au lecteur de processer l’information.
Pour cette œuvre, Etel Adnan et son poème L’Apocalypse arabe nous indiquent où regarder – à la façon dont dansent les enfants, ou comment les cadavres conservent encore des mouvements invisibles, ou lorsque les corps sont accroupis, tremblants, repliés dans des postures menaçantes. Encore là, on parle d’une œuvre écrite.
Voici où je veux en venir. Cette œuvre chorégraphique de Jassem Hindi interprétée par Justin de Luna, Clara Furey et Simon Portigal, avec des poèmes d’Etel Adnan, CA Conrad et Aase Berg, n’offre pas cette chance au spectateur. On se retrouve donc assis dans une salle où 3 artistes bougent, très peu, sur scène avec ce qui ressemble souvent plus à du bruit qu’à des pièces musicales. Est-ce automatiquement une mauvaise chose? Non. Mais dans les cas de Laundry of Legends II, le résultat est inégal.
Alors que la première partie de la performance amène le spectateur dans un esprit presque comateux tellement il ne se passe rien en termes des mouvements, soutenu par des bruits sourds et graves créant une atmosphère lourde, la suite amène un rythme différent au niveau des mouvements, et crée une rupture dans laquelle les mouvements et l’ambiance sonore ne marchent plus vraiment ensemble.
On a ainsi l’impression que la cohésion n’y est pas et qu’il y a un problème dans l’ensemble.
Si on ajoute à cela la difficulté à comprendre le message derrière la performance, on se retrouve avec une œuvre dure à suivre et qui finit par lasser le spectateur. Et honnêtement, 75 minutes de presque-pas-de-mouvements, c’est long lorsqu’en plus la cohésion semble manquer.
L’idée d’avoir une voix qui, par moment, met en mots les poèmes qui inspirent la performance est bonne. Mais comme on n’entend pas très bien ce qui est dit, on doit y mettre un certain effort, ce qui nuit à l’attention que l’on peut porter à ce qui se passe devant nos yeux.
Une aide visuelle aurait peut-être été pertinente afin de permettre au spectateur de mieux comprendre et ainsi d’embarquer dans cette performance très statique.
Laundry of Legends II est présenté au Festival Accès Asie, les 23 et 24 mai 2025.
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