« Peut-être que nous sommes au mauvais endroit, au mauvais moment. »
Le réalisateur et scénariste Jason Buxton nous offre une introspection viscérale d’un homme qui devient obsédé par des accidents de voiture qui se produisent devant sa maison. Adapté de la nouvelle de Russell Wangersky, le récit s’ouvre sur un couple de citadins, Josh (Ben Foster) et Rachel (Cobie Smulders), qui emménage avec leur fils Max dans ce qu’ils croient être la maison de leur rêve, sur une route de campagne en bordure d’une large forêt. L’euphorie sera de courte durée, car lors de leur première soirée dans la nouvelle maison, une voiture dérape et s’écrase sur leur terrain, tuant le jeune conducteur.
Même si le film ne nous donnait pas d’indications sur la vie de Josh avant l’accident, on comprend rapidement qu’il est blessé intérieurement et que cette blessure date d’avant l’accident de voiture. Il a raté une promotion à son travail pour un employé plus jeune qu’il a lui-même formé, on sent que le déménagement semble avoir un certain effet sur lui, comme lorsqu’il mentionne trouver l’endroit trop calme, et il semble se sentir inadéquat face à sa femme Rachel d’un point de vue professionnel.
Sa vie était loin d’être parfaite, mais l’accident semble éveiller en lui le désir d’être un héros, d’être en contrôle, de pouvoir maîtriser la situation, lui qui ne semble pouvoir rien contrôler dans sa vie.
Le réalisateur utilise plusieurs procédés pour montrer l’émasculation du personnage de Josh. Il utilise la narration, que ce soit lors du premier accident où le personnage vit littéralement un coït interrompu, car la collision se produit au moment où il est en train d’avoir une relation sexuelle avec sa femme. Et plus tard dans le récit, il sera incapable de gagner une peluche pour son fils à une attraction de fête foraine, où il doit utiliser la force pour gagner le prix.
Les décors sont aussi utilisés pour rendre le personnage plus petit qu’il n’y paraît. Les hauts plafonds de la maison donnent l’illusion que l’acteur est plus petit qu’il ne l’est et semble écrasé dans le décor. Si l’impression de petitesse ne se ressent pas avec les autres personnages, comme Rachel, c’est que le réalisateur prend soin de cadrer Josh dans le tiers inférieur de l’image, ce qui laisse beaucoup d’espace au-dessus de sa tête, comme s’il n’était pas assez grand pour remplir le cadre. Même le mobilier semble trop grand pour lui. C’est probablement un jeu de perspective ou un décor spécifique pour les besoins de la scène, mais lorsque Josh est assis sur une chaise ou dans un fauteuil (comme lors de son rendez-vous chez un psy), on dirait qu’il est plus petit que les autres adultes dans la scène.
Le troisième acte est un tour de force en termes de suspense. Buxton prend son temps pour faire monter la tension et nous montrer le côté désespéré de Josh dans son envie d’être le héros. À chaque voiture qui passe, on retient notre souffle pour savoir ce qui va se produire.
Malheureusement, les dernières minutes me laissent perplexe. Je ne sais pas si le choix du réalisateur envers l’arc de son personnage principal est vraiment satisfaisant. Même si je comprends l’intention et que la fin abrupte ne nous donne pas toutes les réponses, j’aurais préféré que le personnage de Josh subisse les conséquences de ses actes jusqu’au bout.
Toujours est-il que Jason Buxton nous offre un film solide et bien rodé, qui maîtrise parfaitement son récit et ses acteurs, dont ces derniers livrent des performances à la hauteur de nos attentes.
Bande-annonce
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