Clown in a Cornfield

Clown in a Cornfield — Le sirop d’érable, c’est bien meilleur!

« I’m not crawling into a shit pipe! »
Je ne vais pas ramper dans un tuyau à merde!

Clown in a cornfield - Affiche

Une ville du Midwest en déclin dans laquelle Frendo le clown, symbole du succès passé, ressurgit comme un fléau terrifiant.

Drôle de goût

Une autre nouveauté signée Shudder paraîtra en salle ce 9 mai. Alors que le printemps débute et qu’on commence à peine à ensemencer les champs, Eli Craig prend de l’avance et nous amène Clown in a Cornfield où l’antagoniste Frendo le Clown est déjà en pleine moisson. Une histoire avec une thématique rafraîchissante en ce qui a trait à la symbolique rattachée autour du personnage du (attention divulgâchage) très caricatural clown meurtrier. N’ayons pas peur de le dire tout haut, cet élément comique du cinéma d’horreur semble tellement commun qu’on en vient à se demander qui est venu en premier; le clown ou le monstre. C’est presqu’autant commun de voir un film avec un tueur vêtu d’accoutrements clownesques qu’un acteur incarner un rôle d’adolescent alors qu’il est dans la mi-vingtaine.

Clown in a cornfield - Drôle de goût

Une tendance qui — pour faire un jeu de mots agricole — « is growing old » [growing qui veut dire pousser, mais aussi grandir et l’expression signifie que ça devient usé] comme disent les Anglais. Avec les nouvelles vagues d’artistes déferlant sur la scène publique tout âge confondu, on se demande encore pourquoi on prend des adultes pour jouer des enfants. Loin de moi l’idée ou même l’envie d’abolir la diversification d’un comédien et des rôles qu’iel peut incarner, mais tout de même, ça ne serait pas piquer des vers pour le cinéma d’horreur d’oser des choses nouvelles. Un long métrage avec des adolescents ou des enfants qui se font tuer, même si c’est pour entrer dans les schèmes du genre cinématographique, ça peut être plus choquant, j’en conviens. Toutefois, avec ce qu’on laisse faire à nos enfants de nos jours et avec leurs envies démesurées d’être entendu aussi fort sinon plus que les adultes, il serait normal, voire adéquat, de leur faire passer un mauvais quart d’heure à parts égales, vous ne croyez pas?

L’incapacité à s’identifier à l’autre; c’est un peu le genre de dissociation qu’on ressent tout le long du film. On comprend vite que l’adulation de l’unicité est toxique à la communauté, mais aussi que celle-ci peut devenir tout autant contraignante pour l’individu. De toute façon, tant qu’on ne passe pas un golden retriever dans un mélangeur ou qu’on ne voit pas un raton-laveur en décomposition dans une cheminée, ça l’air que ça ne dérange plus personne ce qui arrive à ses homologues humains. À force de ne plus rien prendre au sérieux et de vouloir faire le clown sur les réseaux sociaux, on finit par passer à côté de ce qui vaut vraiment la peine; la vie.

Bananachronisme

Le film débute en 1991 dans une grange du Missouri aux États-Unis. À travers une fête non supervisée les jeunes s’adonnent à tous les clichés de ces années-là dont deux adolescentes s’embrassant comme si rien n’était, autour d’un feu avec du heavy metal. Ouais, c’est ça, rêve toujours America ou dois-je te rappeler que tu n’es pas le pionnier en la matière; tient donc, une autre bonne raison pour devenir le 4e territoire de la fédération canadienne (11e province, ça serait un peu rapide pour leur refaire confiance immédiatement) et on pourrait étendre la superficie des Territoires-du-Nord-Ouest en y jumelant l’Alaska; mais me voilà qui m’égare encore. Je trouve ça juste un peu étrange la façon dont l’histoire semble quelquefois se réécrire en omettant la parole de celles et ceux qui l’ont vécus, pas vous? Hier, réécrit par ceux d’aujourd’hui, fascinant de pouvoir observer ce phénomène en direct. 

Clown in a cornfield - Bananachronisme

Bref, comme à l’habitude des films d’horreur « slasher » typiques, après l’apparition d’un symbole lugubre – dans ce cas-ci, une petite boîte à musique – une adolescente blonde nommée Jessica attire un garçon dans le champ de blé d’inde (désigne du maïs au Québec) avec des promesses de drogues, d’alcool et d’enlevage de chandail, mais elle garde sa brassière (désigne un soutien-gorge au Québec, en passant, soyons logique, ça soutient pas du tout la gorge). Sérieusement, je me demande où est le côté déjanté et l’amusement à faire une production d’horreur avec des gens majeurs si tu n’oses pas montrer le corps nu au moment où… ben, on aurait dû être choqué, je veux dire c’est un film classé « R » après tout. Je ne suis pas du genre à rechercher de la nudité au cinéma, vous me connaissez. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de penser à la terreur que j’éprouverais si je me retournais face une clown démoniaque avec des seins pointés de manière assassine dans ma direction. Pour moi, y’a pas de quoi rire.

En tout cas, le gars qui a peut-être un nom, je ne me souviens plus, la suit dans les champs — sûrement paré à répandre sa semence — alors que les traces de pas de Jessica semblent très larges pour une fille de son gabarit. Mais comme tu as de grands pieds, lui dit le jeune homme, alors qu’il la cherchait du regard dans le noir de la nuit. Jessica lui tomba dessus, ensanglantée, puis lui gargouilla, agonisante, de se sauver. L’anonyme court et sursaute en tombant nez à nez avec… un épouvantail? Coudonc, je me suis peut-être trompé de salle? Eh bien non. Deux souliers massifs se posent sur le sol en couinant, puis, dans un mouvement incompréhensible, donne un coup d’une seule main — avec ce qui semble être une machette — pour le lever à deux mains avec une sorte de lance qui l’empale comme un épouvantail… Okay, je suis peut-être dans la mauvaise salle finalement. 

Nouvelle recette, même goût original

Depuis l’avènement de la photographie, il faut dire que l’image elle-même est devenue un peu comme le deus ex machina de l’horreur et du suspense. Quoi de plus facile qu’une vieille photo sépia toute froissée ou une vidéo récente tournée avec son iPhone pour installer le mystère avec une figure étrangère que l’on voit à la loupe ou en élargissant avec son écran tactile? Ce que je viens de faire, ça s’appelle une question rhétorique; un atout important dans l’art d’utiliser le sarcasme et l’ironie. Un film d’horreur avec un clown qui ne fait pas de clowneries ni de blagues; même pas avec du sirop de maïs ou peu importe? Maudit que c’est décevant ce syndrome de Ledger.

Clown in a Cornfield

Clown in a Cornfield, joue principalement sur cette dichotomie, vieux contre nouveau, en utilisant une tonne de clichés de l’époque pour en refaire une version plus moderne. Sauf que voilà, l’exécution est divertissante, mais il ne faut pas réfléchir sinon on commence à repérer des fautes logiques ou de continuité. Cependant, il ne faut pas confondre une fiction avec de l’imaginaire ou de l’irréel. Une grange abandonnée que les ados utilisent pour faire la fête et même les rejets y sont? Ouais, c’est ça, rêve toujours! J’ai quand même bien aimé l’intrigue romantique qui contribue vraiment à donner une touche nouvelle à un vieux classique. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas en ayant un clown qui court dans un champ de maïs avec une scie à chaîne, pour faire référence à 15 films d’un coup, que c’est 15 fois plus divertissant.

En fait, il est là le problème, le dernier acte est assez ordinaire pour une montée dramatique lente dans les deux premiers. La farce dans tout ça (sans compter celle avec le téléphone à roulette pour composer le 9-1-1), c’est le père, interprété par Aaron Abrams, qui finit par être le personnage le plus intéressant. L’histoire allait quelque part, puis on change de cap comme si on s’était rendu compte que le film allait être trop court si on s’arrêtait là. Pour ma part, je préfère m’arrêter ici. Si vous voulez mettre un film comme toile de fond pendant que vous faites autre chose, celui-là peut faire l’affaire. Pour le reste, disons que Shudder tarde à donner du contenu vraiment époustouflant.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Clown in a Cornfield
Durée
96 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Eli Craig
Scénario
Carter Blanchard, Eli Craig et Adam Cesare
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Clown in a Cornfield
Durée
96 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Eli Craig
Scénario
Carter Blanchard, Eli Craig et Adam Cesare
Note
6.5 /10

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