« Il y a une maison sous la maison. »
L’étudiante en soins infirmiers Shoo (Clare Monnelly) effectue un stage dans un village irlandais isolé pour prendre soin de Peig (Bríd Ní Neachtain), une femme âgée et recluse qui vit dans la peur, hantée par ses expériences dans un asile catholique… pour finalement découvrir que son propre passé troublé la rattrape.
Avec Fréwaka, Aislinn Clarke propose un film d’horreur psychologique, qui amène le spectateur aux confins de l’âme et des croyances ancrées dans les racines familiales.
Le folklore irlandais est particulièrement riche. C’est pourquoi on l’utilise souvent lorsqu’on veut créer un bon film d’horreur. Ici, on retrouve une réalisatrice irlandaise qui utilise bien ce folklore pour nous amener dans un univers sombre et inquiétant.
Dans Fréwaka, on utilise les croyances issues du christianisme et la notion de honte pour créer une intrigue familiale forte. Pour le spectateur qui n’a aucune notion des croyances et des valeurs catholiques, la lecture peut être complexe par moment, mais il devrait s’en sortir assez facilement.
La honte, qui est au cœur du film, est un trait fort dans le catholicisme. Il crée une sorte d’obligation de silence permettant aux abuseurs de prendre un certain pouvoir sur leur victime. On l’a bien vu avec les multiples agressions sexuelles des curées sur des enfants. Mais ici, ça permet surtout aux « gens d’en bas » d’exercer leur pouvoir sur les personnages.
Coincées dans leurs secrets de famille, Shoo et Peig n’osent parler de ce qui les trouble de façon claire. Du coup, les deux femmes se retrouvent prises au piège chacune de leur côté alors que la solution réside dans la communication.
La réalisatrice insère plusieurs images rappelant l’influence de la religion sur ses personnages, dont la récurrence de la croix rouge. Sans oublier l’importance de la famille, qui reste bien présente tout au long de l’intrigue…
Cela étant dit, même lorsqu’on connaît bien les rites chrétiens, on se perd un peu dans les insertions que propose Clarke. À quelques reprises, des images ou de courtes séquences apparaissent sans qu’on ne comprenne vraiment ce que cela signifie.
Ces images finissent par créer de la confusion chez le spectateur. Et on ne parle pas d’une confusion qui amène tranquillement le spectateur sur une mauvaise piste.
Il y a aussi un manque d’indices permettant de possiblement trouver la solution. On aime, lorsqu’on découvre le punch, pouvoir se dire : « ah, mais oui, j’aurais dû y penser! » Mais lorsqu’on n’a aucun indice, cette exclamation n’a pas lieu et ça gâche un peu le plaisir.
L’ajout d’indices aurait été un petit plus. À moins que les insertions servent de signes et que ce ne soit pas assez évident pour que le spectateur le comprenne? Peut-être…
Malgré ses faiblesses, Fréwaka reste un film réussi. La tension psychologique touche au cerveau et on se retrouve embarqué dans l’histoire, même si certains éléments accrochent.
La finale est bien réalisée et malgré le manque d’indices, le spectateur reste satisfait de la tournure des événements. Sans vraiment faire peur, le film nous garde en état de tension constante.
Après le visionnement, on a envie d’en parler, et c’est souvent ça qui fait la différence entre un film qui restera dans notre mémoire et un qui sera rapidement oublié.
Bande-annonce
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