Les courageux - Une

Les courageux – Quand tu fais tout pour ne pas t’en sortir

« Elle vous abandonne souvent votre maman? »

Les courageux - Affiche

Dans une petite ville au bord du sauvage, Jule (Ophelia Kolb), une mère excentrique et délinquante se brûle à ignorer les règles. Écrasée par ses erreurs et par la société qui ne fait pas de cadeau — ni de crédit — aux gens comme elle, elle va tout faire pour prouver à ses enfants, et à elle-même, qu’elle est quelqu’un de bien.

Avec Les courageux, Jasmin Gordon propose un film avec un personnage féminin atypique et un sujet sensible. 

C’est quoi être une bonne mère?

Au centre de Les courageux se pose la question : c’est quoi être une bonne mère? Jule, notre protagoniste, vit dans un tissu de mensonges afin de se montrer digne. Elle se donne beaucoup de mal pour cacher son passé de délinquante à ses enfants en essayant d’être plus grande que nature, une sorte de super-héroïne qui a tout sous contrôle.

Les Courageux - Être une bonne mère
Jule (Ophelia Kolb)

Mais pour cacher son passé (et aussi son présent), elle ment constamment (pour ne pas dire toujours) à ses enfants et fondamentalement à tous ceux qui l’entourent. Lorsqu’elle doit se rapporter à son agent de probation, elle abandonne ses enfants dans un café toute la journée, sans même leur dire. Elle leur dit qu’elle revient dans 5 minutes, et ne réapparaît qu’une fois la nuit tombée. Laissant ainsi ses enfants marcher plusieurs kilomètres pour retourner à la maison. 

Elle tente de se procurer une maison alors qu’elle ne travaille probablement pas. Elle dit travailler à temps partiel, mais étant donné qu’elle ment toujours, on suppose qu’elle ne travaille pas réellement. 

Bien que la réalisatrice dise le contraire, on ne peut pas la considérer comme une bonne mère. Soyons honnêtes. Un bon parent, peu importe ses difficultés, n’abandonne pas ses jeunes enfants comme ça au milieu de nulle part…

Lorsque le point de vue change tout

Je trouvais le film intéressant, mais après avoir lu ce que la réalisatrice disait vouloir montrer avec ce long métrage, je ne sais plus trop. Je vais donc faire quelque chose que je ne fais pas normalement, mettre des citations de la réalisatrice et les commenter. 

Les Courageux - Lorsque le point de vue change tout

« Les Courageux raconte l’histoire d’une de ces femmes véritablement complexes : elle est à la fois bien intentionnée et indéniablement imparfaite, c’est une rebelle, mais aussi une mère constante et aimante. C’est un être humain, incertain, imparfait, tendre et fascinant. Malgré ses nombreuses erreurs, elle fait de son mieux pour résister aux énormes pressions financières et morales qui l’entourent pour offrir une vie meilleure à sa famille. Et c’est cela que je trouve courageux. »

Oui, le film montre effectivement qu’elle est imparfaite et constante. Aimante? Je me permets d’en douter, mais je veux bien laisser le bénéfice du doute à la réalisatrice. Mais comme le dit un des personnages, elle pense surtout à elle. Quant à dire qu’elle fait de son mieux pour résister aux énormes pressions financières… Aller dans un organisme d’aide afin de demander de l’argent pour acheter une maison et se fâcher après le pauvre agent qui lui explique qu’ils ne sont pas là pour que les gens achètent une maison, mais bien pour les aider à se loger, ce n’est pas ce que j’appellerais de résister aux pressions financières. Résister aux pressions financières c’est plutôt de galérer au travail afin de réussir à se payer le minimum. Du coup, pour moi, les « courageux » se sont les enfants, pas la mère. 

« Je voulais porter le regard sur cette lutte acharnée que mènent de très nombreuses personnes pour joindre les deux bouts, malgré leur travail quotidien, et malgré tous leurs bagages. Jule est l’une de ces personnes. »

À un moment donné, il faut savoir assumer ses actes. Tu fais des conneries, tu paies pour. Ce n’est peut-être pas amusant, mais c’est la vie. D’ailleurs, quand on regarde ce film, nous n’avons aucune pitié ou empathie pour Jule. Mais on en a beaucoup pour ses enfants. 

« Défendre la neurodiversité et son impact positif sur un monde globalement neurotypique est très important pour moi. J’ai plusieurs personnes extraordinaires dans ma vie qui sont “sur le spectre”. »

Dans une des scènes, elle explique que son garçon souffre du syndrome d’Asperger. La réalisatrice dit avoir inclus ce caractère à son personnage parce que c’est important pour elle. Mais compte tenu du caractère menteur de Jule, on ne croit pas que le garçon soit réellement autiste. Donc elle rate complètement son point. 

Même sa jeune actrice déclare que le personnage de la mère se fiche du bien-être de ses enfants. 

Un peu plus…

Au final, Les courageux est un bon film. Mais lorsqu’on tient compte du point de vue de la réalisatrice, on doute beaucoup plus de la valeur réelle de cette œuvre. 

Les Courageux - Un peu plus
Jule et sa fille (Jasmine Kalisz Saurer)

Pour moi, il s’agit d’un film qui montre bien le côté destructeur du mensonge et du manque de respect des lois. On peut critiquer les normes. Mais lorsqu’on a des personnes qui dépendent de nous, on se doit d’agir de façon un peu responsable. 

Un film à voir pour ses personnages atypiques, sa façon de montrer comment on peut s’empêtrer soi-même dans ses mensonges et ce que c’est que d’être un parent irresponsable. 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Les courageux
Durée
80 minutes
Année
2024
Pays
Suisse
Réalisateur
Jasmin Gordon
Scénario
Julien Bouissoux
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Les courageux
Durée
80 minutes
Année
2024
Pays
Suisse
Réalisateur
Jasmin Gordon
Scénario
Julien Bouissoux
Note
7 /10

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