« Y vient d’une autre époque. Il parle de même, ce monde-là. »
Cinq colocataires dans la vingtaine font le pari de l’amitié comme bouée face au monde et aux défis qui les submergent.
Mettant en vedette Marguerite Bouchard, Madi Chirara, Maude Cyr-Deschênes, Arielle Mailloux et Henri Picard, Libre dès maintenant, c’est le récit initiatique de leurs aspirations à travers lesquelles on verra leur amitié être testée, grandir.
Ce 2 avril, je me retrouvai encore une fois à l’intérieur de cette enceinte, véritable carrefour radiophonique et télévisuel, qu’est Radio-Canada. J’ai appris quelque chose de nouveau, Radio-Canada offre des visites scolaires les lundis, mardis et mercredis et se déplace dans les écoles les jeudis et vendredis. C’est, je trouve, une très belle initiative de la part de notre société d’état qui effectue bien son rôle culturel et cela donne aussi beaucoup de vie à leur hall principal. Spacieux, à la mode et fonctionnel; c’est un endroit idéal pour faire des visionnements de presse et avoir la chance de présenter des nouveautés intéressantes qui paraîtront prochainement sur les ondes.
On nous a présenté Libre dès maintenant, une série écrite ainsi qu’imaginée par l’humoriste Guillaume Wagner et réalisée par Patrice Laliberté, dont on peut se souvenir pour Très belle journée. On a l’habitude de visionner deux épisodes, mais pas cette journée-là; c’était quatre (bon d’accord, ils sont 22 minutes à la place de 60, je suis content quand même). Faut dire aussi que l’époque des séries à thématiques épisodiques de Seinfeld et Two and a Half Men semble bel et bien derrière nous, donc, qu’il devient de plus en plus difficiles de se donner un bon avant-goût de la série avant d’en être presque rendu à la fin; un peu plus comme un film pourrait-on dire.
Toutefois, l’équipe prétend que la série va nous surprendre sur la direction qu’elle emprunte avec ses personnages, après tout, qui dit récits initiatiques (ou coming of age en anglais), dit progression. Si les personnages ne semblent pas parfaits, l’évidence s’impose qu’iels doivent d’abord avoir des épreuves à surmonter pour qu’on puisse les voir s’améliorer. C’était avec un petit sourire en coin que j’écoutais la réalisation parler ainsi de leurs personnages frôlant la mi-vingtaine (sûrement vingt-quatre ans et demi) et je trouvais ça très agréable à entendre. En fait, s’il y a bien une chose qui soit essentielle, selon moi, dans une série, c’est de laisser de la place aux personnages pour évoluer. Pour le moment, je ne peux que leur faire confiance qu’ils sauront tenir parole (je vous promets que c’est mon seul calembour LOTR).
Si jeunesse savait ce que vieillesse pouvait leur faire savoir, je ne suis pas sûr de comprendre ce que ça veut dire maintenant, pas comme avant en tout cas. Probablement parce que je suis entre les deux. À trente-quatre ans et demi, je me demande si je suis mieux d’appliquer pour le programme d’assurance dentaire gouvernemental le 15 ou le 29 mai prochain? Quoi qu’à compter la moitié dans mon âge,il devrait encore m’être possible de passer sur la carte de mes parents. Si seulement… il en faut de l’acharnement à notre ère pour trouver sa place et qui on est dans ce monde. Pour les personnages principaux, même s’il est encore à refaire, iels se doutent qu’il faille d’abord rebalancer le leur.
Qu’est-ce que ça veut dire être jeune? Être moins proche de la mort? Pourtant, ça n’a pas empêché le personnage de Samuel (sans trémas pour lui), interprété par Étienne Galloy que j’ai adoré dans Sapin$, à nous en passer un lui-même en jouant le rôle de l’ami tragiquement décédé dans la fleur de l’âge, comme on dit. Guillaume Wagner mentionne lui-même s’être inspiré de réalités proches de la sienne pour en faire un taboulé avec une saveur très moderne par sa compréhension des plus jeunes générations (sans le vieillir non plus, cela va de soi). De la même manière que l’émission F.R.I.E.N.D.S s’inspirait d’une vérité plus contemporaine, c’est au tour de Libre dès maintenant de tenter le coup, puisqu’on nous dit déjà qu’une deuxième saison serait plus qu’envisageable.
Est-ce que c’est une histoire nouvelle si j’ai l’impression d’avoir déjà passé par là? Et, si j’ai déjà l’impression d’avoir expérimenté ça, est-ce que ça signifie nécessairement que tout le monde l’a vécu? Je ne crois pas. Je n’ai pas perdu de coloc à proprement parler, mais je mentionnais, étrangement, dans mon dernier article, comment la mort tombe sur la vie comme la neige sur l’herbe d’avril; on s’y attend, mais ça surprend toujours par le « où » et le « quand ». On repense à ce qu’on a et pas fait, les funérailles ratées, mais, surtout, le temps. Pas seulement le nôtre, mais aussi celui de l’autre qui une fois disparu semble funestement vain. Nous, on ne peut que se souvenir d’un spectre, un fantôme, sur lequel on projette cette image de perfection que l’on sent ne pas pouvoir apaiser. J’ai souvent entendu (ou c’est moi et je me l’imagine) que personne n’est parfait, sauf les morts. Ce n’est que vivant que l’on peut faire des bourdes. Néanmoins, il reste qu’on ne peut les réparer dans l’au-delà. Alors, comment apprend-on à faire la paix avec tout ça?
Il va sans dire qu’un homme célèbre a, à peu près mon âge, dit cette phrase célèbre « Que celui qui n’a jamais péché me lance la première pierre ». Il y a un moment dans la vie d’un humain où dans son impétuosité, tout de même bien intentionné, il lui aurait jeté bien plus qu’une pierre au type sur la place; il lui balancerait son apôtre avec (et mon grand-père aussi). Néanmoins, cela fait aussi partie de la beauté de notre espèce; apprendre, devenir meilleur et ne pas refaire les mêmes erreurs. Sur ce point, la série semble très bien partie et j’ai bien hâte de voir ce qu’elle nous réserve.
Libre dès maintenant est produite par Véronic Charron et Jean-Philippe Massicotte pour Groupe Fair-Play. La série de 12 épisodes de 22 minutes est en ligne depuis le jeudi 3 avril sur ICI TOU.TV EXTRA. La distribution comprend aussi Clara Bernardo, Étienne Galloy, Marie-Ève Beauregard, Robin L’Houmeau, Karl Farah, Isabelle Brouillette, Natalie Tannous, François Ruel-Côté, Anas Hassouna, Sébastien Tessier, Maxime Genois, Mathieu Dufresne, Caroline Bouchard, Kevin Tremblay, France Parent, Hugo Dubé, Luc Boucher, Stéphane Breton, Silvio Orvieto, Coco Belliveau, Oussama Fares et Gabriel-Antoine Roy. Il n’y a pas à dire, cela fait du bien de voir de nouveaux visages, loin d’être ‘’tanné’’ de nos classiques qu’on aime bien, j’apprécie constater que l’art ici continue d’offrir une multiplicité de point de vue autant derrière que devant la caméra.
Ce que j’en retiens? Je pense que c’est la dernière fois que je me mets au bout de la table pendant la table ronde (c’est beaucoup plus un long rectangle qu’un cercle en fait). Quand on n’est pas prêt à une vingtaine de regards qui se rivent sur soi au début de sa question et à expérimenter le couloir d’yeux menant à ceux de l’interpellé, ça saisit. Pendant un instant, j’eus l’impression que je voyais les lentes vibrations de ma voix se réverbérer dans l’air sans qu’elles ne semblent jamais pouvoir atteindre les oreilles de qui que ce soit (vous inquiétez pas, je suis pas mort et tout à bien été). Incroyable comme la vie réserve toujours de nouvelles expériences, et c’est presque toujours au moment où on s’y attend le moins! Alors, ne me prenez pas aux mots, allez regarder par vous-mêmes et bon visionnement!
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième