Sur Adamant - Une

[Cinemania] Sur l’Adamant – Cet inconscient qui travaille 

 « Un mal-être au niveau du cœur .»

Sur adamant - Affiche

L’Adamant est un Centre de jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. 

Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.

Nicolas Philibert, grand documentariste français à l’origine de longs-métrages tels que La Ville Louvre (1990), Être et avoir (2002) ou encore De Chaque Instant (2018) vient de réaliser trois films ayant pour fil conducteur « la psychiatrie autrement », autrement dit la relation entre patients et soignants au sein de modalités qui varient d’un film à l’autre : d’abord sur l’Adamant, centre de jour et bâtiment flottant situé dans le douzième arrondissement de Paris, ensuite à l’hôpital Esquirol avec les unités de soins Averroès et Rosa Parks, et enfin au domicile de quelques patients pour La Machine à écrire et autres sources de tracas. Nous allons nous intéresser ici au premier volet du triptyque au départ non voulu comme tel, Sur l’Adamant.

L’Adamant, bâtiment insolite

Cette péniche constitue un centre psychiatrique de jour, qui accueille chaque  jour plusieurs dizaines d’adultes des quatre premiers arrondissements de Paris. Inauguré en juillet 2010, il a été conçu par des architectes, mais également par des personnalités directement concernées par les soins et leur structure : des professionnels de la santé mentale ainsi que des patients. Ce qui frappe en premier lieu est non seulement la singularité de sa construction, mais également la sérénité qui semble s’emparer de ce lieu. À l’intérieur ou sur le ponton, lors des rencontres, les langues se délient et chacune des personnes raconte des bribes de son histoire, ses angoisses ou encore ses pensées, souvent avec une grande lucidité. 

Sur ADAMANT - Bâtiment insolite

Le réalisateur filme des moments du quotidien sur la péniche : des ateliers de peinture, de cuisine, de danse, des moments musicaux, ou encore les réunions entre patients et soignants. De nouveaux mondes se révèlent ainsi, grâce à une stimulante créativité et un goût pour la poésie qui nimbe les moments de partages. Une micro-société semble enfin parvenir à s’équilibrer.

Un ensemble d’identités 

Nicolas Philibert a par ailleurs mis en œuvre un geste de réalisation particulièrement pertinent : l’identité de chaque personne est floue, jusqu’à confondre celle des soignants avec celle des patients. Quel est le rôle de chacun sur cette péniche? De même, excepté la nouvelle psychiatre qui se présente au cours d’une réunion à la fin du film, les professions ne sont pas clairement énumérées. 

Sur Adamant - Ensemble identités

Une impression de continuité s’ajoute alors à l’ambiance poétique qui survole le film : la question de la normalité n’a ici aucun intérêt, il s’agit avant tout de chercher à comprendre son propre fonctionnement, et à en cerner les limites. Ce qu’arrivent à faire beaucoup de ses personnes atteintes de troubles psychiques. Nous écoutons Muriel, Frédéric ou François s’exprimer, et c’est alors une réflexion sur le réel qui s’instaure : « J’étais triste à l’époque », « Les humains ont de vieilles haines », « Mon traitement est indispensable ». Chacun est impliqué au sein de cette péniche, qui regorge de trouvailles créatives. Les patients peuvent être amenés à animer des réunions, participer à la tenue du café, aider à tenir les comptes… Cette structure semble s’opposer à certaines méthodes déshumanisantes et infantilisantes d’une partie du système psychiatrique, qui ne fait que creuser l’écart entre les normes sociales et les troubles psychiques.

Sur L’Adamant est un film éclairant, intelligent et audacieux. Il met en avant la possibilité de développer de nouveaux liens entre soignants et soignés, qui s’ajouterait à un traitement médicamenteux parfois nécessaire ainsi qu’à des échanges en face à face avec un médecin. Cette structure permettrait l’approfondissement de ses besoins, de ses limites et de ses atouts, ceci grâce à une implication au sein d’un groupe bienveillant afin d’aller vers une meilleure acceptation de soi.

Sur l’Adamant est présenté au Festival Cinemania le 9 novembre 2024.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Sur l'Adamant
Durée
109 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Nicolas Philibert
Scénario
Nicolas Philibert
Note
8.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Sur l'Adamant
Durée
109 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Nicolas Philibert
Scénario
Nicolas Philibert
Note
8.5 /10

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