« I would have really love to see The Lady of Liberty… »
[J’aurais vraiment aimé voir La Dame de la Liberté…]
Eddie (Tom Hardy) et Venom (Tom Hardy) sont en fuite. Traqués par leurs deux mondes respectifs. Alors que l’étau se referme sur eux, le duo est contraint de prendre une décision dévastatrice qui sera la dernière danse de Venom et Eddie.
Le 23 octobre dernier, j’interrompis une partie de Baldur’s Gate 3 (A.K.A. un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps) afin de me rendre au cinéma pour l’avant-première de Venom 3 : The Last Dance avec Kelly Marcel à la réalisation et Tom Hardy à l’écriture (oui, oui c’est lui qui écrit le scénario). Constatation étonnante; la salle était bondée et cela faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé depuis les dernières années. La sensation fut loin de me déplaire, car l’ambiance d’avant spectacle me permit de tendre une oreille épieuse aux conversations de ce bassin hétéroclite. Le commentaire que j’ai le plus entendu tournait autour de la 3D IMAX où tout un chacun se réjouissait de ne pas avoir à porter les damnées lunettes qui donnent mal à la tête. J’ai même perçu plus d’une fois — à travers les bruissements des sacs de bonbons qui s’ouvrent — que l’on préférait la 3D rouge et bleue, car elle amenait moins de désagrément à long terme.
Le film débuta et, au même moment, mon angoisse pour l’avenir du cinéma; par où devrais-je commencer? Laissons la narrative de côté pour l’instant voulez-vous et concentrons-nous sur les effets spéciaux. La première scène… Okay, voilà ce que je veux dire. À l’époque où j’ai commencé à regarder des films, le CGI n’était pas vraiment plus loin que de la superposition d’images et du changement de luminosité (et encore là); ça n’était qu’un outil parmi tant d’autres. La majorité du CGI comme on le connaît aujourd’hui était alors réservé pour l’univers du jeu vidéo; cela coulait de source. Comme certains d’entre vous le savent, je suis en plein marathon de Godzilla et cela m’aide beaucoup à ouvrir ma vision du cinéma. Dans ces films-là, je dois me rappeler par moment que je ne regarde pas un monstre géant détruire une ville, mais bien une maquette qu’un homme costumé démoli à coups de pied et de pyrotechnie.
Le lien avec Venom 3? Le film divertissait la foule ainsi que moi-même dans quelques moments d’humour tantôt réussis tantôt échappés, mais contrairement à la majorité du public présent, l’action ne me plut guère. Disons que j’avais une certaine difficulté à être absorbé dans l’univers « incroyablement imaginatif » des films de Marvel quand j’avais l’impression de regarder la cinématique de Warcraft 3 : The Frozen Throne, mais exécutée à la manière gâteau-renversé. Vous pensez que je blague? Jeter un œil par vous-même alors. C’était un peu comme ça du début à la fin. Je devais me rappeler que c’était un film et pas un jeu, même si la constante impression qu’on allait me demander d’appuyer sur A pour continuer me rattrapait sans cesse.
Tant qu’à regarder un film avec des effets qui me font penser à un jeu vidéo, je préfère aller gamer un peu.
Le cinéma n’est pas en danger quand vient le temps de parler de sa productivité. Bien sûr, la pandémie engendra son lot de problèmes, mais rien que le monde de Hollywood ne pouvait pas facilement encaisser sans broncher; l’endémie culturelle perdure malgré tout. Tout vient à point à qui sait attendre et dans ce genre de milieu ça ne peut pas être plus vrai. La passation du flambeau est malheureusement très lente et cela engendre une dégradation constante des qualités avant-gardistes de l’art qu’il soit cinématographique ou autre. Les nouveaux réalisateurs émergents commencent à 40 ans passés (prenons comme seul exemple ici, Denis Villeneuve) alors que les Cameron, Lucas et Scorsese de ce monde avaient déjà le feu vert à la fin vingtaine début trentaine avec des films comme Terminator en 1984, Star Wars en 1977 ainsi que Taxi Driver en 1976.
Je ne dis pas que l’âge à un rôle à jouer spécifiquement, cela n’empêche pas que le discours le plus récurrent chez les cinéastes de la seconde vague comme Tom Hardy avec les films de Venom ou Damien Leone avec Terrifier tourne autour de leur amour pour le cinéma des années 70 et 80. Encore une fois, il n’y a pas de mal à ça… sauf qu’ici les deux ne doivent pas être gérés de la même manière; une centaine de millions de dollars US contre une centaine de milliers. D’un côté comme de l’autre, j’ai l’impression que la prochaine plaie du milieu sera l’époque du « cheap ». Fini le beau, bon, pas cher – ou même le beau, bon, cher tandis qu’on y est – au profit du laid et du mauvais. Vous savez, comme le kitch ou le fait à la va-vite. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans ces vaccins-là, mais j’ai rarement assisté à une époque aussi endormie pour une qui se veut éveillée. Je m’excuse pour mon commentaire peut-être blessant, je ne sais juste plus comment l’expliquer si ce n’est que j’ai peur du jour où il; sera plus simple de convaincre la population que l’on parle aux plantes et qu’elles demandent de l’eau plutôt que de faire comprendre que les électrolytes des boissons de sport sont des sels qui détruisent les sols. Vous savez, moi aussi je connais ça Diablo et Starcraft et ainsi de suite, pas juste monsieur Leone ou Madame Marcel.
C’est dommage parce que tout au long du film, j’avais la nette impression qu’on avait à coeur de faire attention à la cinématographie; ou du moins que quelqu’un voulait faire attention. Je veux dire que dans sa continuité l’œuvre est consciente de ce qu’elle est et du message qu’elle veut véhiculer. L’idée de la fusion et de la séparation sont explorées à différents niveaux et de plusieurs manières, ainsi que les thèmes de la dichotomie de l’existence et ultimement de sa fin inévitable. Quelques fois le concept est ridiculement flagrant comme un sapin de Noël en juillet, mais on y va aussi avec des couleurs contrastantes, des opinions divergentes, un conflit continuel d’opposés qui se mêlent et se divisent. Malheureusement, un peu comme monsieur Hardy lui-même, cette profondeur reste silencieuse vis-à-vis la tonitruance de toutes les autres visions qui se prêtent au film et des dialogues affreusement vides qui me donnaient parfois envie de me fracasser le crâne sur le siège devant moi.
Peut-on encore faire un film avec une vision et pas juste un pot-pourri? J’ai l’impression que de nos jours être réalisateur, c’est comme être chef cuisinier, mais personne à envie de faire ce qu’il y a sur ton menu. Même si tu as appelé ça Taco’s & Co, ton plongeur fait une crise pour que tu fasses du pâté chinois et ton sous-chef demande si on peut pas faire des sushis fusion. Dans un restaurant, tu me sacres ça dehors et tu prends quelqu’un qui a une vision similaire de l’endroit; toutefois, dans le monde du cinéma… c’est un peu plus sensible à ce niveau. Il faut savoir être dans l’acceptation de nouvelles idées, oui, mais il ne faut pas compromettre l’entièreté de l’entreprise simplement parce qu’on ne veut blesser personne.
C’est l’un des problèmes qui m’apparut possible lorsque se termina la projection. La soupe s’épaissit en mijotant, c’était le titre de mon premier article avec LPS et je le crois toujours plus que jamais. Je rajouterais aussi que la soupe, on met pas tout dedans en espérant que ça goûte bon; faites-moi confiance, avant d’être un cuistot acceptable, j’ai brûlé des soupes et renversé des œufs (et je n’ai même pas obtenu mon badge de mérite pour faire des nœuds). Heureusement, cela ne dure pas pour toujours, quand le talent et l’acharnement y sont, on finit par se dépasser et s’améliorer et se défaire de nos anciennes attaches ou façons de faire (sauf les nœuds… ça c’est trop difficile). Il faut vivre dans l’espoir d’être heureux pour toujours même si l’évidence est davantage maussade et triste, car sait-on jamais, on pourrait se tromper.
En 1956, Isaac Asimov s’interrogeait sur la durée représentative de l’expression « pour toujours ». En fait, dans ses écrits, il nous apprend — entre autres choses — ce que c’est que l’entropie et la dégradation inévitable de l’univers dans lequel nous vivons; une manière assez pragmatique pour mettre en lumière que tout sombrera un jour dans l’ombre. C’est cette profondeur sous-jacente que j’aurais aimée qui paraisse, plutôt que de se perdre on ne sait trop où pour finalement aboutir à un climax anti-climactic au milieu de nulle part. Toute bonne chose a une fin, en ça je suis d’accord avec Tom Hardy; cet homme de peu de mots et de beaucoup d’onomatopées. J’espère qu’il saura s’imposer à l’avenir avec plus d’insistance sans pour autant avoir besoin d’utiliser sa bête intérieure. C’est Halloween, alors pour le moment, profitons-en pour sortir nos démons dans la joie et l’allégresse; peut-être est-ce là un message que l’on peut retenir de Venom 3 : The Last Dance; profiter des bons moments même quand le reste n’est pas joli-joli. Je vous souhaite l’amour à tous et cela même au-delà de la mort (Boooo! Les fantômes).
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième
T’es bon ti Sam.