(L to R) Brían F. O'Byrne as Cardinal O'Malley and Ralph Fiennes as Cardinal Lawrence in director Edward Berger's CONCLAVE, a Focus Features release. Credit: Courtesy of Focus Features. © 2024 All Rights Reserved.

Conclave – Le diable se cache dans les détails 

« We are mortal men; we cannot be ideal. »
[Nous sommes des mortels, nous ne pouvons pas être idéals.]

CONCLAVE - Affiche

Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve responsable d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s’intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu’il doit découvrir avant qu’un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.

Le rythme est impeccable. La musique transforme le tout en une symphonie où chaque plan, chaque scène peuvent potentiellement réserver une surprise. Voilà ce qui vous attend en regardant Conclave, la dernière œuvre de Edward Berger. 

Le réalisateur du plébiscité À l’ouest rien de nouveau, se penche cette fois sur les arcanes de l’Église catholique prise dans les tourmentes de l’élection d’un nouveau Pape. Les péchés d’orgueil, de vanité, et d’envie ne représentent qu’une infime partie de ce que cache ce film qui frôle dangereusement l’excommunication. 

Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit? 

C’est en plaçant une atmosphère malaisante qu’Edward Berger ouvre son film. Cette élection transforme le film en un thriller politique au goût de malédiction plus qu’une grâce de Dieu pour le Cardinal Lawrence (Ralph Fiennes). Cette élection au goût de soufre où 3 plans et 3 inserts judicieusement trouvés par l’œil de la caméra suffisent à faire suffoquer le spectateur. On assiste non pas à un conclave mais bien à un amphithéâtre grec. 

Cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) | Crédit : Courtoisie de Focus Features. © 2024 All Rights Reserved
Cardinal Lawrence (Ralph Fiennes) | Crédit : Courtoisie de Focus Features. © 2024 All Rights Reserved

Le réalisateur dépeint un monde en totale autarcie. Imperméable aux mortels lambdas, mais qui se révèle souffrir des mêmes maux que la société qui l’entoure. Le Cardinal Lawrence, lassé et pris entre deux feux, est à s’y méprendre un emblème symptomatique de ce qu’est l’être humain dans le contexte contemporain. Quasi tout le temps filmé en plongée suivant différentes grandeurs de plan, comme si le regard de Dieu ne le lâche jamais.

Confronté à ses propres paradoxes, à son mal-être, Edward Berger esquisse l’homme de foi tel un ange aux ailes brûlées par les secrets et les problématiques qui s’abattent sur lui. En effet, c’est en mettant l’emphase sur cette théâtralité que le film dessine les courbes de chaque personnage. Un chapelet de personnages classiques pour ce type de film, mais que la mise en scène présente via une certaine élégance et sait utiliser leur particularité à bon escient avec un timing qui ne fait pas flancher le tempo. 

Dans son ensemble, cette œuvre ressemble étrangement au film Au nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud, par les thématiques qu’il soulève. Les similarités sont, certes peu nombreuses, néanmoins assez criantes pour être soulignées tant chaque film s’aligne avec les problématiques dont souffre l’église depuis longtemps. 

Le dilemme entre modernité et traditions, le concept de la foi, le pouvoir, la quête de sens. Le choix d’assujettir le conclave à une sorte de théâtre grec fait ressortir du congrès des cardinaux toute leur humanité. L’une des forces principales du film, c’est d’imbriquer judicieusement ces thématiques pour faire perdurer le dynamisme au film.

Chacun pour soi et dieu pour tous

Autant À l’ouest rien de nouveau plonge ses protagonistes dans le désarroi de la guerre, les poussant à la lisière de la folie, autant Conclave pousse le cardinal Lawrence à remettre de plus en plus en question sa foi envers dieu, ou à être révulsé par ses collègues. Leur point commun : le facteur humain. 

Cardinal Tremblay (John Lithgow) | Crédit : Philippe Antonello/Focus Features ©2024 All Rights Reserved
Cardinal Tremblay (John Lithgow) | Crédit : Philippe Antonello/Focus Features ©2024 All Rights Reserved

Ce facteur qui ne cesse de faire évoluer la trame scénaristique. Cette variable qui sert et dessert le film. Le réalisateur n’est pas un adepte du manichéisme ou encore du gigantisme, cependant il met en exergue tout le poids du monde dans les yeux de ses personnages. Comment percevez-vous votre foi? Pourquoi croyez-vous en Dieu? Et pourquoi ne pas y croire? 

Ces questions malicieuses se posent en filigrane par-dessus la trame scénaristique. En effet, le McGuffin de Conclave n’est pas forcément un événement venu de l’extérieur, mais bien l’être humain. De fait, le facteur humain. 

Edward Berger offre une œuvre qui, plus qu’une simple élection, fait écho aux défis auxquels le contexte actuel fait face. Plus qu’une guerre de foi, c’est une guerre d’homme et d’idées qui se dresse devant nous. Comment bien choisir son représentant? À qui doit-on offrir notre confiance? Doit-on abandonner tout espoir? Doit-on craindre une évolution maléfique des évènements? Seul Dieu peut le savoir… 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Conclave
Durée
120 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Edward Berger
Scénario
Peter Straughan et Robert Harris
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
Conclave
Durée
120 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Edward Berger
Scénario
Peter Straughan et Robert Harris
Note
8 /10

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