« L’été nous a engloutis. »
C’est l’été. Une famille de trois personnes, un père célibataire, Babis (Simeon Tsakiris), et ses jumeaux sur le point de devenir adultes, Konstantinos (Konstantinos Georgopoulos) et Elsa (Elsa Lekakou), naviguent vers l’île de Poros sur le bateau familial pour leurs vacances. Au milieu des baignades, des bains de soleil et de la rencontre de nouveaux amis, Konstantinos et Elsa rencontrent à leur insu leur mère biologique, Anna (Elena Topalidou), qui les a abandonnés lorsqu’ils étaient bébés. Cette rencontre va réveiller chez Babis des sentiments de ressentiment de longue date, ce qui donnera lieu à un voyage de passage à l’âge adulte ensoleillé et doux-amer pour toutes les personnes impliquées.
Avec Kyuka: Before Summer’s End, Kostas Charamountanis propose un film sur l’amour familial, ainsi que les conflits qui s’y greffent. En situant l’action dans un espace confiné, le réalisateur peut travailler les conflits d’une manière intéressante.
Kyuka: Before Summer’s End est un film lent, comme les vacances d’été peuvent l’être. D’ailleurs, la première partie du film montre bien ce désir de lenteur. Konstantinos fonctionne clairement au ralenti, parfait exemple des vacances et précurseur de conflit. Car, comme tous ceux qui sont partis en vacances en famille le savent, rarement tout le monde est au même rythme et ça cause des désagréments.
Ainsi, on passe d’une scène à l’autre, sans actions, mais avec des événements majeurs qui font avancer le film sans que le spectateur n’ait le temps de s’ennuyer. Le duo de jumeaux se balade, se repose, discute sans désir de se forcer pour quoi que ce soit. D’ailleurs, outre lézarder sur le bateau, leurs principales formes de divertissement est d’aller se balader, lentement, et de s’arrêter pour discuter avec d’autres vacanciers.
C’est ainsi qu’ils rencontrent diverses personnes qui, à mesure que l’histoire se construit, auront une grande incidence sur la vie du trio familial. Et malgré les frictions que les vacances apportent, le rythme du film demeure aussi lent que des vacances dans le sud de la Grèce peuvent l’être.
L’espace confiné du voilier engendre des tensions. Pourtant, au milieu de cette dynamique, la présence durable de l’humour et de l’amour a laissé derrière elle une nostalgie douce-amère pour ces vacances chéries. De là, le film se penche sur les complexités des relations familiales, explorant d’abord les liens entre parents et enfants. Une relation complexe d’amour inconditionnel, mais aussi des complications qui viennent avec la responsabilité de tout devoir gérer. Ici, le père rêve de simplement revivre ces magnifiques vacances en famille qu’il avait avec ses enfants lorsqu’ils étaient petits. Mais la réalité est rarement au niveau des espoirs lorsqu’il est question de revivre un moment que l’on chérit.
Oui, Babis veut trop que tout soit parfait. Il se met une grande pression et son rêve finira par lui exploser au visage. Mais d’un autre côté, les enfants n’ont pas le même souvenir à raviver puisqu’ils étaient petits et on donc une vision plus floue de cette époque. Leur désir – principalement celui du garçon – est de se reposer, de lézarder au soleil et de ne pas trop se bouger. Évidemment, cela crée des frictions avec le père qui finira par se cloîtrer dans sa bulle.
Du côté des jumeaux par contre, ils vivent dans une symbiose que l’on pourrait qualifier de propre aux jumeaux. C’est donc une histoire de conflits qui se développent, allant jusqu’à se propager dans les autres relations qui se développent au cours du film.
En utilisant une image en format 4:3 granuleuse, le réalisateur augmente l’impression du souvenir. La technique est plutôt efficace et le spectateur se sent automatiquement plongé dans une ambiance de vacances du passé. On pourrait facilement imaginer qu’on regarde une vidéo de famille, à l’exception que les plans sont bien pensés et bien exécutés. Ce qui est rarement le cas dans une vidéo de vacances.
Il y a beaucoup d’autres thèmes qui sont centraux dans ce long métrage. Mais il est difficile d’en parler sans gâcher la surprise. Mais le réalisateur amène aussi des questionnements quant à la gestion du passé. Vous savez, ce passé que l’on aimerait bien oublier, mais qui nous revient au visage?
Voici, en tout cas, ce qui est un parfait film pour oublier la froideur qui s’installe.
Kyuka: Before Summer’s End est présenté au FNC les 13 et 20 octobre 2024.
Bande-annonce
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