「箱男を意識するものは、箱男になる。」
[Ceux qui sont obsédés par l’homme-boite, deviennent l’homme-boite.]
Admirant l’homme-boîte, qui porte une boîte en carton sur la tête et erre dans la ville, « Moi-même » (Masatoshi Nagase) décide de faire ses premiers pas en tant qu’homme-boîte. Cependant, le chemin pour devenir le vrai homme-boite n’est pas facile, avec le faux docteur (Tadanobu Asano) qui l’assaille pour prendre le contrôle de son existence.
Avec The box man (箱 男), Gakuryu Ishii adapte magistralement le livre Hako otoko de Kobo Abe, et offre un film sur ce grand questionnement : qu’arrive-t-il lorsqu’on nie la preuve de notre propre existence?
The box man est visuellement saisissant. L’image, bien qu’elle soit parfois trop sombre et qu’on perde certains détails, est sublime. Ça débute avec un noir et blanc très contrasté pendant les 10 premières minutes. Ce début a non seulement une image frappante, mais aussi une narration impeccable du personnage principal.
Cette ouverture donne le ton tant au niveau visuel et rythmique qu’au niveau de la façon dont l’histoire nous sera racontée. Moi-même » (Masatoshi Nagase), avec sa voix grave, met en place le concept de l’homme boîte et ce qu’il représente.
« L’homme-boîte » est la forme ultime à laquelle aspirent certains êtres humains, complètement libérés de tout. Coiffé d’une boîte en carton, l’homme-boîte erre dans la ville, jette un œil sur le monde à travers un trou au niveau des yeux, fantasme sans cesse et note tout dans son carnet. Cet homme qui vit dans une boîte représente celui qui a réussi à se libérer du capitalisme. Mais en étant un genre de fantasme ultime, il devient aussi une sorte d’obsession. Le faux docteur (Tadanobu Asano) qui traque « Moi-même » pour prendre le contrôle de l’homme-boîte, le général (Koichi Sato), qui contrôle tout et essaie d’utiliser l’homme-boîte pour commettre le crime parfait, et Yoko (Ayana Shiramoto), une femme mystérieuse qui essaie de séduire « Moi-même », tenteront de capturer « mois-même » pour lui voler sa boite et prendre sa place.
Mais tous ces personnages rendent l’histoire un peu dure à suivre. Encore plus si on tient compte du fait que les personnages s’échangent la possession de la boîte. Et il est parfois assez difficile de savoir qui est vraiment dans la boite puisque seuls les pieds dépassent et les yeux apparaissent dans le trou.
Il y a aussi l’image très sombre qui contribue à rendre le récit dur à suivre. On se retrouve souvent à tenter de découvrir quel personnage est à l’écran. Et il y a beaucoup de « vilains », au point qu’on finit par ne plus trop savoir qui veut quoi.
Par contre, les acteurs sont très convaincants, surtout Masatoshi Nagase et Ayana Shiramoto qui crève l’écran. Bien que Yoko soit un personnage secondaire, elle finit par devenir le personnage que l’on a envie de suivre du côté des antagonistes.
Le tournage de The box man a commencé en 1997, mais a été interrompu pour une raison inconnue. Le projet est resté lettre morte pendant 27 ans, jusqu’en 2024, date à laquelle, par coïncidence, le jour du 100e anniversaire de la naissance de Kobo Abe, le réalisateur Ishii a finalement réalisé son rêve de tourner ce film.
Il est difficile d’en dire plus sur ce film sans divulgâcher. Mais le réalisateur a fait un travail incroyable afin d’adapter une œuvre dite inadaptable.
Un film à voir tant pour les acteurs que pour son originalité ou la direction de Ishii.
The box man est présenté au FNC les 12 et 15 octobre 2024.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième