« But citizenship does not mean happily ever after… »
[Mais la citoyenneté ne signifie pas vivre heureux pour toujours…]
Désireux de répondre à des questions non résolues et de guérir des blessures persistantes, ce documentaire enquête sur les voies d’immigration défaillantes entre les Philippines et le Canada qui ont séparé tant d’enfants philippins de leurs mères.
Avec Inay, Thea Loo se penche sur l’immigration philippine au Canada et tente de comprendre pourquoi il y a tant de problèmes de santé mentale dans sa communauté.
Le Programme des aides familiaux en résidence (Live-In Caregiver Program) était un programme d’immigration canadien qui a pris fin en 2014. Ce programme offrait aux travailleurs migrants internationaux un emploi au Canada en tant qu’aides familiales, en fournissant des services de garde d’enfants, de soins aux personnes âgées et de soins aux personnes ayant des besoins spéciaux pour les familles canadiennes. Après 24 mois de travail à domicile dans un délai de 4 ans, les aides familiaux pouvaient demander la résidence permanente au Canada.
Aujourd’hui, de nombreux Philippins résidant au Canada ont utilisé le Programme des aides familiales résidant comme voie d’immigration vers la résidence permanente et la citoyenneté au Canada. Ce programme a entraîné une séparation généralisée entre les familles, principalement entre un parent travaillant au Canada et son enfant vivant aux Philippines.
D’une certaine façon, cette entente entre le Canada et les Philippines faisait des travailleuses (car il s’agissait principalement de femmes) une sorte de marchandise. D’une certaine façon, on vendait (et ça se fait encore malgré la fin du programme) des femmes au Canada afin de nourrir la population. Ceci explique pourquoi il y a tant de femmes d’origine philippine qui travaillent à titre de nounous, ou d’aide familiale.
Voici donc le point d’ancrage de Inay (qui signifie « maman » en tagalog). Thea Loo et Jeremiah Reyes explorent les intersections entre la santé mentale et le travail des migrants et les effets qui continuent à se faire sentir des années plus tard.
C’est donc avec un regard à la fois tendre et dur que la réalisatrice rencontre des membres de la communauté philippine en Colombie-Britannique et en Ontario. Les deux principaux interviewés sont Jeremiah Reyes, qui a grandi aux Philippines et a émigré au Canada à l’âge de 7 ans avec son frère aîné après avoir vécu sans leur mère pendant 3 ans; et Shirley Lagman qui a émigré des Philippines au Canada alors qu’elle avait 11 ans. Sa mère a pu émigrer au Canada grâce au Programme des aides familial résidant, ce qui a séparé la famille pendant 8 ans jusqu’à ce que Shirley et sa sœur puissent rejoindre leur mère en Ontario.
Ainsi, à travers des conversations intimes, Inay vise à combler les silences et la déconnexion entre la première et la deuxième génération de la communauté philippine et à répondre à la question suivante : comment l’immigration au Canada affecte-t-elle la santé mentale des Philippins?
Ce film est une de mes belles découvertes de l’année.
Inay est présenté au VIFF les 2 et 4 octobre 2024.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième