« C’était un monstre, et il était vivant. »

Anx (Matthieu Sampeur) vient de rencontrer Cass (Édith Proust) lorsqu’un mystérieux virus se déclare : partout, les corps des gens fusionnent avec les objets. Coincés dans leur appartement, le couple doit faire face à cette terrible menace.

Avec Else, Thibault Emin offre une œuvre qui questionne notre rapport à la matière et au visible, semant la confusion entre le vivant et l’inanimé, entre le désirable et le répulsif. Un film à l’esthétique qui marque un renouveau dans le genre.

Une fusion entre l’horrible et le magnifique

J’ai souvent vu des films d’horreur purs, des comédies d’horreur ou encore des films d’horreur et d’action. Mais des drames mélangeant horreur, science-fiction et drame, ça, c’est beaucoup plus rare. C’est ce que propose Thibault Emin avec Else, une œuvre qui imagine la fin pure et simple de l’identité. La fin des frontières entre soi et l’Autre, entre le vivant et l’inerte.

Une idée effrayante, certes, mais qui doit être racontée, selon le réalisateur, car après tout, le devoir du cinéma est de toucher aux limites et de bousculer nos certitudes. Le choix de miser sur l’idée d’une pandémie mondiale n’a rien d’inconnu à cette idée de trouver les peurs ancrées en nous. 

Plutôt que de miser sur les habituels virus ou zombies de ce monde, il s’est plutôt dirigé vers l’idée d’une épidémie de fusion. Les gens fusionnent avec les choses, avec les gens, avec tout.

Esthétique

Mais au-delà de l’horreur de cette nouvelle menace, c’est la notion d’intimité du couple qui est au centre de l’œuvre. On se retrouve donc dans un huis clos avec une esthétique qui rappelle l’univers de la chanteuse Björk. Une esthétique que l’on peut qualifier de « body fantasy ». Ce choix amène le spectateur dans un monde où la frontière entre le naturel et l’artificiel disparaît, et où l’émotion prend le pas sur la violence. Les fusions d’Else ne s’intéressent pas à l’imagerie technologique ou militaire, mais aux objets du quotidien (murs, meubles, bois, rideaux, tapis, gravats…). ​​Le résultat est une esthétique fondamentalement différente, minimaliste, poétique, donnant lieu à des formes plus simples.

Voici LE film à ne pas manque au VIFF.

Else est présenté au VIFF les 28 septembre et 1^er octobre 2024.

Bande-annonce