Godzilla : Spécial 70e anniversaire — Un petit pas pour l’Homme, mais un pas de géant pour Godzilla

「もすら や もすら
どんがん かさくやん いんど むう
るすと ういらあんどあ、 はんば はんばむやん、 らんだ ばぬんらだん
とうんじゅかんらあ
かさく やあんむ」
« Mosura ya Mosura
Dongan kasakuyan indo muu
Rusuto uiraandoa, hanba hanbamuyan, randa banunradan
Tounjukanraa
Kasaku yaanmu »

-Hymne à Mothra-

Préface

Lorsqu’en 2023 l’idée me vint de célébrer l’année 2024 — vue dans plusieurs parties du globe comme l’année du Dragon — afin de souligner en rétrospective le 70e anniversaire de Godzilla, j’étais loin de me douter de la tâche gigantesque qu’il me fallait entreprendre. Bien plus qu’un personnage de cinéma, Godzilla est un véritable symbole qui — pareil à sa nature dans les œuvres où il est représenté — évolue sans cesse. Encapsuler ce titan ou capturer l’entièreté de son essence fût démontré maint et mainte fois comme une tentative futile de l’Homme à vouloir comprendre l’incompréhensible et ultimement contrôler l’incontrôlable. Malgré tout, je me suis lancé tête première et plus je découvrais sur le sujet plus j’avais envie de m’y enfoncer. Godzilla prit ironiquement toute la place; les livres de recherches ouverts couvraient les surfaces de travail alors que les onglets sur mon navigateur internet étaient devenus si petits qu’ils me faisaient penser aux humains fuyant cette montagne mobile que je devais gravir. 

L’introduire est toujours une tâche fastidieuse. Après tout, comment pouvons-nous parler de sa création sans faire allusion au 6 et au 9 août 1945? Ces jours-là, les États-Unis allaient marquer l’Histoire pour toujours et changer la face de la guerre à jamais, mais surtout celle d’Hiroshima et de Nagasaki. L’horreur aurait un visage bien plus terrible et redoutable que l’humanité ne l’avait expérimenté jusque-là; et puis plus jamais ensuite. Le Japon aura été victime d’une attaque monstrueuse, un sort injuste que même l’Allemagne aura évité. Deux villes seront réduites à néant sans autre forme de procès ne faisant aucune distinction — ni entre les soldats et les civiles ni les femmes et les enfants — avec l’utilisation de fours crématoires instantanés de haute pointe que l’on appellera bombe atomique, alors que les perpétrateurs de ces actes allaient être vus comme les sauveurs du monde moderne. 

1945 and Now Hiroshima
Hiroshima en 1945 et maintenant

Chaque civilisation a dédié une partie de ses ressources à créer et inventer des contes mettant en scène des créatures monstrueuses ou gigantesques. En Grèce, ce sont les mythes des Titans, du Kraken, de Charybde et de Scylla; dans les légendes Nordiques, Jotunheim et ses terribles géants menacent sans cesse de pénétrer les portes du Valhalla; les Nephelims — enfants des femmes et des anges — dans le livre d’Hénoch; et j’en passe. Cette fascination envers l’immense et le démesuré n’est donc pas un phénomène nouveau. Les gens ont tendance à être fascinés par la disproportion; qu’elle soit dans l’infiniment grand où l’infiniment petit (ça dépend où et quand j’imagine). Ces mythes furent interprétés des milliers — si ce n’est des millions de fois — dans des endroits où l’on matérialise ces êtres grâce au plus vieil effet spécial; le déguisement.

Que ce soit ici où ailleurs, c’est contes et légendes témoignent du passage de cet animal en constante évolution que l’on nomme Homo sapiens; de ces prédécesseurs et ces successeurs (pourvu qu’on en aille la chance). Ces histoires s’influencent, se corroborent et se disputent, mais — plus souvent qu’autrement — elles supportent les idées que nous partageons, peu importe notre provenance. La preuve de tout ça se trouverait peut-être au sein de notre histoire collective — celle de l’humanité –  qui nous en fait une démonstration à chaque siècle qui passe et qui s’écrit. 

Les guerres, les industries, les marchés, les modes de vie; tout prend de l’expansion à un point maintenant qui ne fut jamais expérimenté par l’espèce humaine. De ça naît une anxiété constante chez l’individu d’être dévoré vivant par un système qui — la plupart du temps — le dépasse. Pareil au grand Cthulhu et son Necronomicon tel qu’illustré par H.P.Lovecraft dans ses nouvelles; une entité immense qui risque de nous engloutir ou de nous détruire sans que l’on puisse en saisir le sens. Cette accélération et ce rythme effréné créant une angoisse de vivre sans pareil au quotidien prennent aussi forme au cinéma par le biais des films d’horreur et de monstres mettant en scène des créatures plus souvent qu’autrement inarrêtables, sans pitié et dénuées de la faculté à communiquer. 

Tout au long du mois d’octobre, je publierai une série d’articles où je tenterai d’englober le plus fidèlement possible ce qu’est la franchise Godzilla. 70 ans me semble adéquat pour commémorer ce nouveau venu au palmarès des monstres mythiques (L’Odyssée c’est quand même en — 2000 B.C.), mais aussi une occasion en or pour vous faire découvrir — ou redécouvrir si vous étiez déjà des connaisseurs — ce que je considère comme l’une des plus grandes oeuvres qui soit parue au cinéma et dans la culture du monde moderne. 

Beaucoup de monstres sont apparus au grand écran, mais en 1973, le Monster Times publie un article où Godzilla est voté comme ayant la silhouette la plus reconnaissable au cinéma; oscillant entre le dinosaure et le chat sur deux pattes (avec une touche de radioactivité).  Godzilla à quasiment toujours été interprété par une personne revêtue d’un costume. Haruo Nakajima figure parmi les légendes de la série pour avoir porté pas loin de 100 kilos de caoutchouc (poids initial du premier costume) de 1954 à 1972; ceci représentant 12 films consécutifs ou environ le tiers du total des longs métrages Godzilla parus sous la bannière de Toho Co. Vous m’avez bien lu, à ce jour la franchise Godzilla est constituée au niveau cinématographique de 33 long métrages différents; en ne comptant bien sûr que ceux qui sont originaires du Japon. Tout ça fait de la franchise celle avec la plus grande longévité au cinéma jusqu’à ce jour!

Saluons haut et fort le seul et unique Roi des monstres!

Approcher à grands pas

Voilà que se termine le mois de septembre (n’oubliez pas de réveiller le chanteur de Green Day) et que débute le mois préféré des amateurs d’épouvante, d’hémoglobine et de monstres en tous genres. Eh oui! Octobre et la fête d’Halloween approchent avec leur lot de rituels comme pour les décorations à Noël (j’adore rappeler à la gente amateur de frousse que Noël approche aussi), cette tâche quasi sacrée où l’on tourne et retourne les concepts dans notre tête — ou la molette de sa souris d’ordinateur — afin de trouver le costume parfait pour les festivités. Quel alter ego nous faudra-t-il incarner pour épater la galerie? Si on en croit les divers guides du parfait costume, les possibilités sont infinies; sauf pour tout ce qui est susceptible de blesser ou choquer et quelques autres clauses dans le genre dont l’appropriation culturelle; la dernière me rend toujours confus, serait-ce mal vu si je me déguisais en Godzilla? 

Au Japon, on peut dire que la « tradition » d’Halloween est assez récente. Pour être plus précis, c’est en 1997 que le Japon est introduit à cette fête — maintenant iconique du 31 octobre — par l’entremise de Disneyland. Toutefois, est-ce que cela signifie que les histoires de monstres et les bals costumés n’existaient pas avant? Bien sûr que non. Passionnés de théâtre et d’effets spéciaux pratiques, les Japonais ont longtemps dépeint l’étrange et l’imaginaire dans leurs œuvres. L’une des histoires les plus connues de notre époque s’impose en vrai roi de la montagne sur le genre des films d’horreur, car elle évoque une terreur beaucoup moins ancienne et témoigne des peurs du monde moderne qui l’a vu naître. 

C’est ainsi que le 27 octobre 1954 (à quelques pas de l’Halloween sans même qu’ils ne le sachent), les studios Toho transformèrent cette cicatrice handicapante pour tous les Japonais en une marque de force et de résilience; celle d’un peuple qui peut renaître de ses cendres. Godzilla allait incarner toute la peur rattachée à leurs oppresseurs, à l’arme qu’ils ont utilisée et à la crainte d’une récidive possible. Pour le cinéma de monstre, cette année-là marque aussi le début de l’époque Kaiju de 1954 à 1975. Fini les Dracula et Frankenstein de ce monde; symboles de l’horreur intérieure. Ces icônes cèdent leurs places à des monstres géants évoquant la menace extérieure, mais aussi la rétribution face aux actes perpétrés contre l’humain et surtout la nature. 

Godzilla ou comment j’ai appris à aimer la bombe

Alors, commençons par le commencement. Le répertoire des films de Godzilla est divisé en 4 ères distinctes; Shôwa, Heisei, Millennium et Reiwa. La première que je couvrirai dans cet article (et aussi la plus longue), Shôwa, se traduit grossièrement en « lumière de paix »; période nommée ainsi en l’honneur du règne de Michinomiya Hirohito qui régna comme empereur du Japon de 1926 à sa mort en 1989 faisant de Hirohito l‘empereur avec les plus longs sièges au trône; soit 63 ans (top 10 avant que Elizabeth II ne prenne le deuxième rang avec 70 ans comme monarque). Voyez-vous? On parle juste du nom de l’époque et déjà c’est le choc des titans! Mais qui est le numéro 1 ? (okay, je me calme avec les références non connexes).

Tokyo en 1954 en couleur
Tokyo en 1954

Le tout premier film de Godzilla commence sur des remerciements pour la participation de la garde côtière qui les ont aidés dans la réalisation de ce film. Une legacie qui s’entame — peut-être involontairement, mais tout de même — sur un clin d’œil au théâtre. Le théâtre qui est aussi d’une grande importance dans la culture et les traditions japonaises comme les kabuki par exemple. Il y a longtemps de cela, les effets spéciaux – en commençant par la montée et la chute du rideau – étaient exécutés par des matelots utilisant leur savoir-faire technique et pratique lorsque le temps n’était pas propice à la pêche et à la navigation. La garde côtière a dû être présente également lors des attaques dévastatrices sur le Japon, car Hiroshima et Nagasaki sont des villes portuaires. 

Il y a en a des choses à dire en lien avec Godzilla. La régénération par exemple. Dans les films, les villes d’Okinawa et de Tokyo se font ravager par des attaques et des combats de kaijus (les effets spéciaux, ma foi du bon Dieu, sont géniaux, j’y reviendrai plus tard) et pourtant dans le film suivant, tout est reconstruit; un peu comme les deux villes qui furent bombardées. Godzilla aussi se prend une quantité astronomique de bombes, de coups, de lasers et de missiles pour revenir chaque fois plus puissant; un peu à la manière des Saiyajins dans Dragon Ball du célèbre Akira Toriyama.

Big in Japan

Godzilla est un personnage intéressant. Aussi puissant qu’énigmatique. Ce dinosaure atomique ne cesse de surprendre alliés et opposants à tout coup, soit avec une nouvelle habileté ou la spontanéité d’une tactique encore jamais vue. Toutefois, c’est l’équipe de réalisation qui est tout simplement formidable. Un homme déguisé en Barney qui ne veut pas être votre ami déambulant dans la maquette d’une ville fabriquée par des mains expertes; des petits chars d’assaut téléguidés sur lesquels on passe la flamme d’un chalumeau; des feux d’artifice imitant des bombes et des missiles; et surtout des jeux de caméra et de la composition d’images qui pourraient en apprendre deux ou trois encore aux productions plus récentes.

Ensuite, ce fut le temps de mettre deux Kaijus à l’écran en train de se battre dans la ville alors qu’une foule chaotique tentait de fuir les lieux. À cause de cela, les premiers combats ressemblaient parfois à un enfant qui entrechoque frénétiquement deux de ses jouets sans trop de chorégraphie. Cela semble impensable, mais à l’époque il n’y avait pas de techniques établies ou prédominantes (aheum… comme l’abus de CGI… aheum… Satané rhume) qui dictaient la marche à suivre. Le temps des essais et des erreurs. On utilisait donc parfois, comme dans le cas ci-dessus, des versions miniatures filmées en gros plans ou des marionnettes pour les scènes d’action plus disons… problématiques.

Heureusement, Godzilla est en constante évolution et ne se laisse pas abattre devant ses compétiteurs qui redoublent sans cesse d’effort pour le surpasser. Plus les films paraissent et plus leur qualité augmente de façon significative. Du noir et blanc à la couleur, de l’immobilisme aux mouvements fluides; on ajoute aux films de plus en plus d’éléments fantastiques. Des fées magiques chantantes qui appellent un papillon de nuit, des races extraterrestres ou intraterrestres déterminées à détruire l’humanité, des monstres de plus en plus menaçants, ainsi que des salves d’artilleries; musique dithyrambique à la franchise Godzilla. Cher lectorat, je vous promets un spectacle pyrotechnique comme vous ne l’aurez jamais vu à en faire pâlir les plus gros concerts Rock ou Metal.

Regardez, dans l’eau! C’est un poisson? Un navire? Non, c’est Godzilla!

Il ne faudrait pas croire que Godzilla ce n’est que du divertissement et des scènes d’action. Malgré la structure similaire dans la trame narrative, chaque histoire trouve sa thématique qui vient appuyer la problématique unique abordée par chacun des films. Godzilla introduit la peur des États-Unis et de sa capacité de destruction imminente, mais l’exploration et la découverte sont alors des phénomènes encore bien ancrés dans la culture populaire de l’hémisphère Nord. Une histoire mettant en scène un ex-militaire qui veut se venger, un scientifique qui découvre une nouvelle source de destruction, des astronautes qui font une rencontre du troisième type; espionnage, contre-espionnage ou gangstérisme; toutes les idées sont bonnes pour amuser les foules qui s’entassent pour voir le prochain film de la série l’un après l’autre. 

Behind the scene VS Hedorah - Big in Japan
Plateau de Godzilla VS Hedorah

À une époque où les bandes dessinées de Superman abondaient dans les kiosques à journaux, il était normal que le Toho Co. puisse s’être inspiré à son tour du côté loufoque qu’arboraient les superhéros de l’Ouest (même si les États-Unis sont plus près du Japon si on passe par l’Est, mais bon). Après tout, un homme de fer en collants colorés avec un regard laser et un souffle qui gèle des océans n’est pas plus plausible qu’un lézard radioactif géant qui utilise son souffle comme d’un réacteur pour se propulser dans le ciel (si vous pensez que je plaisante, détrompez-vous). Ces scènes des films de Godzilla sont devenues autant iconiques dans la culture cinématographique du Japon que les moments où Superman enlève la mémoire d’un baiser ou qu’il recule le temps en tournant très très vite autour de la terre (en sens inverse bien sûr, dow!). 

Cela amène doucement la franchise à explorer des thèmes plus fantaisistes de ce néomythe comme l’existence d’autres créatures semblables à Godzilla; des cavités subocéanique où sommeille une faune et une flore inconnue; des alliances entre les Kaijus pour combattres d’autres Kaijus; une focalisation sur l’humour et la comédie. Bref, on veut être le plus attrayant possible pour le plus grand public possible, mais sans pour autant perdre trop de sa substance. Chaque volet est une chance unique pour essayer une trame dramatique différente. Les films gardent malgré tout une qualité plutôt stable après Godzilla VS King Kong. Godzilla VS Mechagodzilla puis Terror of Mechagodzilla poursuivent une trajectoire ascendante pour terminer l’ère Shôwa avec panache.

Gros petit résumé

J’aurais voulu vous faire une liste plus approfondie des exploits de Godzilla et décortiquer chaque œuvre individuellement, mais le plaisir du cinéma vient également de la découverte qui subvertit les attentes (et vous connaissez sans doute déjà ma hantise d’être un divulgâcheur). En revanche, je peux vous assurer qu’il y en a pour tous les goûts. 

Petit conseil, prenez le temps de regarder Godzilla en japonais (il y a des sous-titres si cette langue magnifique vous échappe), mais ne gâchez pas l’expérience avec le doublage plutôt ordinaire voire caricatural des voix américaines. Les versions traduites rappellent un peu trop le ridicule des vieux films d’arts martiaux. Vous risquez de manquer l’occasion d’entendre des acteurs blancs parler en japonais, mais aussi des acteurs japonais qui parlent en anglais. Il y a une certaine magie à tout ça quand on y songe, un coup d’œil unique sur la diversité; les gens se comprennent lorsqu’il le faut, peu importe leur langue maternelle.

J’ai quand même pris la peine de laisser quelques commentaires pour chaque film. Je les ai même placés en ordre de parution. Oui, oui, j’ai aussi mis des petites infos et tout pour que ça ne soit pas trop dur de les retrouver sur internet. Fin de même, moi.

Godzilla 

Les essais d’armes nucléaires des États-uniens aboutissent à la création d’une bête ressemblant à un dinosaure, apparemment inarrêtable.

Année : 1954
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

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Plateau de tournage de Godzilla

Une force qui engloutit les navires et ravage les côtes. Les typhons, tremblements de terre et raz de marée. La sensation d’un adulte ou d’un grand frère qui détruit les jouets de son cadet. Godzilla s’en retourne, mais les dommages sont irréversibles, les enfants font gricher le compteur Geiger; marqués par un mal qui accompagnera les générations futures. La menace disparaît, mais le doute persiste; pour combien de temps?

Ce premier volet est tout simplement grandiose au niveau des effets spéciaux. Le cadran de destruction n’est pas réglé sur « ULTRA », mais l’action convainc du talent qui fut déployé par les artisans du film pour en arriver là. Personne ne peut le cacher, au début, enfiler le costume était risqué pour la sécurité de son porteur et les conditions de tournage dans un bassin d’eau géant pouvaient être difficiles à supporter.

Néanmoins, ces efforts portèrent fruits, car encore à ce jour on peut entendre les échos du premier cri de la terreur nucléaire. Dans ce premier film, il n’y a pas d’autres Kaijus pour rivaliser Godzilla, et les Japonais sont incapable de repousser efficacement la menace sans eux-mêmes se résoudre à des armes de destruction massive. Comme le disait le Roi Théoden (R.I.P. Bernard Hill – 1944-2024) : «Que peuvent faire les hommes contre une haine aussi téméraire ? »; ainsi, peut-on imaginer vaincre un monstre sans risquer d’en devenir un ensuite?

Godzilla Raids Again

Les pilotes éclaireurs d’une entreprise de pêche sont surpris de découvrir un deuxième Godzilla, dont la bataille avec le monstre rival Anguirus menace de détruire Osaka.

Année : 1955
Réalisation : Motoyoshi Oda
Scénario : Takeo Murata, Shigeaki Hidaka, Shigeru Kayama
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

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Ce film est un peu plus lent que le précédent, on se concentre davantage autour des personnages humains. Le combat de Kaijus en est encore à un stade primitif et manque un peu de spectaculaire, mais c’est la première fois que Godzilla partage la scène avec un autre géant, un monstre nommé Anguirus ressemblant à un ankylosaure.

Le cri de Anguirus est… disons qu’il n’a pas la même profondeur que son adversaire. De toute évidence, on voulait garder Godzilla comme figure la plus menaçante, néanmoins Anguirus aurait tout de même pu être un peu plus féroce. À quatre pattes avec une carapace qui ne peut pas vraiment supporter le souffle de Godzilla, il n’est pas tout à fait de taille. Les humains sont certes plus présents, mais leur implication dans le conflit avec les Kaijus est quasiment nulle si ce n’est pour le presque inutile sacrifice d’un des personnages à la fin.

Les effets et le tournage semblent un tantinet précipités et le combat climatique laisse à désirer. Pas étonnant que la franchise prenne pas loin de 10 ans pour refaire surface comme s’il essuyait un cuisant échec après un film plutôt moyen — et non médiocre — qui fut pâle en comparaison au premier opus qu’était Godzilla. Le deuxième parut en salles l’année suivante; ce qui ne laisse pas beaucoup de doute à l’expéditivité de la production de Godzilla Raids Again

Godzilla VS King Kong

Le directeur d’une société pharmaceutique cherche à faire une campagne publicitaire monstre en capturant King Kong. Godzilla surgit de son hibernation pour confronter King Kong et garder sa place comme apex.

Année : 1962
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

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Ce volet est plus léger et humoristique, et est basé autour d’une agence de publicité qui veut accrocher son auditoire. Godzilla et King Kong brisent tout, même le quatrième mur. Godzilla fonctionne au nucléaire et King Kong… à l’électricité. Qui l’eut cru? Le bon côté, c’est la première fois en couleur pour les deux. On commence à populariser le tennis de Kaijus en s’envoyant quelques rochers; l’affaire est rudimentaire et s’apparente plutôt à du ballon-chasseur, toutefois à chaque volet subséquent de la franchise s’ajoute un acte à la routine de cette bouffonnerie m’enchantant davantage avec chaque itération.

Le scénario est loufoque et la mise en situation est au laisser-aller. Comme ils disent, il fallait bien commencer quelque part; ou plutôt recommencer dans ce cas. Le troisième film de Godzilla met en scène une autre icône du genre cinématographique dans un combat que l’on promet d’être inoubliable. Je dois avouer franchement que je ne me souviens pas de grand-chose des combats. Je pense que Godzilla gagne, puis King Kong gagne et puis… King Kong ou Godzilla… Ah oui! Ils tombent dans l’eau après avoir démoli une pagode; où, ça, je ne sais plus trop.

Bon, d’accord. Le combat final est tout de même vraiment divertissant. Peut-être suis-je simplement choqué que l’on ait dû se résoudre à donner des pouvoirs de Frankenstein à King Kong pour qu’il puisse venir à bout de Godzilla? Je veux dire entre le gros singe (je sais que c’est un gorille, okay!) qui tombe amoureux d’une dame pour mourir en tombant en bas d’un immeuble à cause d’une mitraillette d’avion, c’est pas mal moins impressionnant que le monstre né d’une bombe nucléaire qui résiste à 105,000 kilotonnes d’explosif. Au moins, ça aura permis au monstre américain de survivre au « power creep » des Kaijus.

Mothra VS Godzilla

Lorsque des magnats opportunistes refusent de restituer l’œuf de Mothra à Infant Island, ses habitants doivent décider s’ils sont prêts à répondre aux appels à l’aide du Japon lorsque Godzilla surgit près de Nagoya.

Année : 1964
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

04_Mothra VS Godzilla

Mothra est sans aucun doute le Kaiju le plus aimé de ceux créés par Toho Co. Le papillon de nuit géant incarne toujours une figure héroïque venant en aide à l’humanité. Accompagnée de ses deux fées jumelles miniatures ainsi qu’une chanson pour invoquer sa puissance. Rien n’évoque autant la douceur que ce monstre qui n’en est pas un. Mothra est énormément populaire chez les femmes au Japon et en 1961 elles composaient la majorité de la population au pays. Pour ma part, il n’y a pas de doute que Mothra est pour moi la seule réelle Reine des Monstres.

Oui, vous m’avez bien entendu, pour moi c’est Mothra la numéro un. Je ne saurais dire pourquoi, mais je sais où cela a commencé. Vous voyez, j’ai été enfant dans les années 90, et je n’ai pas eu accès à un ordinateur pour jouer avant l’âge de 18 ans. Mon expérience avec les jeux vidéo a commencé avec la NES ou Nintendo Entertainment System à l’âge de 5 ou 6 ans.. Je n’avais même pas de console chez moi. En fait, c’était ma grand-mère ukrainienne qui avait dans son sous-sol une console – ayant appartenu à mon oncle quelques années auparavant – à laquelle je m’exerçais à développer ma coordination (avec ma console pas ma grand-mère) tout en m’émerveillant de l’originalité des histoires (rudimentaires à l’époque, je vous l’accorde) et des personnages colorés. L’un de ces jeux vidéo s’intitulait Godzilla

Tout petit garçon qui se respectait à l’époque aurait choisi d’incarner Godzilla, et pourtant, moi c’était Mothra. Je savais pertinemment qui était le lézard géant, mais c’était avec le papillon de nuit géant et pas du tout radioactif que je voulais jouer. Mothra symbolise la naïveté de la nature dont nous abusons trop souvent autant avec les plantes que les animaux. Dépourvue de malice à la base, la vie sur terre prospère principalement grâce à une harmonie où il ne meurt que ce qui doit mourir pour que vive ce qui peut continuer; ainsi va le cercle de la vie. Incroyable d’imaginer comment elle revient toujours pour nous sauver lorsque les humains l’implorent en pitié qu’iels vont changer.

Ghidorah the Three-Headed Monster

Un détective protège une princesse qui prophétise la destruction de la Terre par un puissant dragon extraterrestre. Mothra et ses fées — aidés par Godzilla et Rodan — doivent lutter pour sauver la planète toute entière.

Année : 1964
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

05_Ghidorah three-headed monster

Première fois avec plus de deux Kaijus à l’écran : Godzilla, Mothra, Rodan et King Ghidorah. Les combats deviennent de plus en plus explosifs et spécialement avec le dragon à trois têtes qui a de quoi rivaliser avec Godzilla au niveau de la destruction. En revanche, aucune créature n’a un cri qui arrive à la cheville de l’amalgame de contrebasse et de barrissement d’éléphant que projette Godzilla; en fait, aucun n’y est, à mon avis, encore arrivé à ce jour.

On augmente le niveau de destruction pour le régler sur « SUPER », alors que Rodan, le légendaire oiseau préhistorique, détruit un pâté de maisons en un seul passage. Pourtant, la palme d’or du carnage revient à King Ghidorah qui de ses trois têtes articulées qui vont dans tous les sens laissent s’échapper de leurs bouches des éclairs destructeurs. Cet effet reste le même pour toute la durée de la franchise Godzilla — je parle de ceux de King Ghidorah — et j’ai encore du mal à croire comment ils ont pu mettre ça en place. 

Bon, j’avoue que les films de Godzilla sont parfaits pour moi, parce qu’ils me permettent de renouer avec mes connaissances acquises lorsque j’étais jeune avec les émissions Movie Magic qui passaient sur Discovery Channel de 1994 à 1997. Alors, oui je sais comment ils arrivent à faire ces effets. Cependant, en bon magicien, je préfère laisser le soin au public de le découvrir par lui-même, plutôt que de lui vendre la mèche. Un jeu fort agréable à jouer entre amis (pas de Google ou de cellulaire, là; soyons bons joueurs) lors d’un revisionnement de groupe. La première fois, c’est quand même mieux d’écouter sans trop parler (petit clin d’œil aux gens qui ont une grande !@#$% comme moi).

Invasion of Astro-Monster

Un groupe d’astronautes enquête sur la planète X et rencontre les Xiliens, qui leur demandent d’aider à sauver leur monde d’une menace. Cependant, un des astronautes découvre les véritables intentions des Xiliens; celui de détruire Godzilla et l’espèce humaine.

Année : 1965
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Eiji Tsuburaya

06_godizlla monsterzero

King Ghidorah revêtit à nouveau le costume d’antagoniste devenant l’ennemi numéro un de l’humanité et laissant tranquillement la place à Godzilla en tant que héros de la série. Astronaute Glenn, interprété par Nick Adams, devient une icône de la série même si c’est son seul rôle. Il débute comme un personnage secondaire pour pratiquement finir par voler la vedette aux acteurs principaux en contrant quasiment à lui seul l’invasion extraterrestre. Personne ne peut résister aux charmes de Glenn, surtout pas les Xiliennes.

Oui, je sais. Il peut vous sembler étrange de louanger l’acteur caucasien dans le film japonais, mais Glenn fait partie de ces quelques personnages humains mémorables dont le scientifique à la patch du premier film ou le rôle interprété par Tomoko Tomoe dans Godzilla VS Gigan (j’y reviendrai tout à l’heure). Simplement, lorsque j’ai vu le film pour la première fois, je ne me serais jamais douté que le personnage que j’appelais alors « le deuxième astronaute » aurait autant d’importance dans le film.

J’aime croire que les films de Godzilla sont bien plus que de simples pièces mettant en scène d’énormes et grotesques créatures, mais qu’ils sont aussi des phénomènes impliquant l’humain autant sur le plan social que scientifique. Invasion of Astro-Monster dépeint une vision utopique d’un Japon unifié au reste du monde. Glenn ainsi que K. Fuji, interprété par Akira Takarada, représente ce moment dans le monde où tout un chacun parle un peu des autres langues histoire de mieux se comprendre (avec du doublage souvent, je dois l’admettre). Un film mémorable, sans l’ombre d’un doute.

Ebirah, Horror of the Deep

Quatre hommes à la recherche de leur frère font naufrage sur l’île de Letchi, où ils rencontrent Godzilla, un homard monstrueux, et des terroristes qui ont réduit en esclavage les indigènes d’Infant Island.

Année : 1966
Réalisation : Jun Fukuda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Sadamasa Arikawa

07_Ebirah

Le homard n’est pas de taille face au légendaire Godzilla, mais personne ne peut s’opposer à Mothra. Godzilla devient plus amical après s’être fait coucher d’un seul coup avec un revers de l’aile de Mothra. Iels vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Oh non… pas l’enfant de Godzilla! Le costume de Ebirah est tout de même inoubliable malgré sa toute impuissance face à son opposant.Ça pince géante reste une démonstration que plus gros ne veut pas toujours dire meilleur.

Dans ce volet, Mothra revient plus que jamais comme une force protectrice de la nature, mais aussi de l’humanité et même de tout ce qui vit. Elle tente de sauver tous celles et ceux qui se retrouvent sur l’île malgré leurs différends. Bon, c’est sûr que comme je l’ai mentionné antérieurement, Mothra ne peut pas se vanter d’utiliser la non-violence pour en arriver à ses fins. C’est sûr que ses attaques semblent beaucoup moins violentes que celles des autres Kaijus — toiles de soie géantes, faire du vent avec ses ailes et poudre de papillon magique — n’empêche qu’à ce stade-ci, c’est elle la plus puissante.

Oui, si King Kong gagne contre Godzilla, ça me fait un pincement au cœur; si Mothra gagne, je suis content (on a tous un parti pris parfois). La destruction de l’île semble être le fil conducteur de l’histoire et le homard à la marmite juste un prétexte pour un combat de Kaijus, puisqu’on focalise davantage sur une critique de la destruction des Îles Bikini et les répercussions de ces tests nucléaires sur l’environnement et la vie qui l’habitait.

Son of Godzilla

Un journaliste tombe par hasard sur des expériences météorologiques sur une île tropicale, découvrant des mantes géantes, une femme naufragée et un bébé monstre que Godzilla doit apprendre à élever comme un fils.

Année : 1967
Réalisation : Jun Fukuda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa, Kazue Shiba
Effets spéciaux : Sadamasa Arikawa

08_Son of godzilla

C’est ainsi que commence la partie horreur des films de Godzilla. Des mantes et une araignée géante sans oublier la plus horrible des créatures que la Terre ait portées, Minilla. Toho Co. a cru bon de changer le design de Godzilla avec son fils en lui donnant un visage ressemblant à un personnage de bande dessinée. L’objectif était de rendre plus attrayant le rejeton de Godzilla aux yeux des enfants que son paternel; le résultat fut probablement le contraire alors que la chose hante encore mes rêves les plus sombres aux côtés de It et d’une infinité d’agents Smith me pourchassant jusque dans les plus hauts gratte-ciels. 

Je ne veux pas m’éterniser sur l’épouvantable Minilla, mais il reste que ce personnage témoigne, selon moi, du sous-thème de ce film qui serait celui des peurs refoulées. Kumonga est une araignée géante endormie dans les profondeurs de la terre; les mantes religieuses, les jumeaux Kamakura, représentent probablement l’insecte ailé le plus effrayant du royaume animalier; et un météore venu des confins de l’espace s’écrase sur Terre. En plus de Godzilla lui-même qui menace de détruire tout sur son passage, ne sont-ce pas là assez d’éléments pour appuyer mon hypothèse en dehors de Minilla?

Son of Godzilla m’a laissé perplexe et sans attache particulière. J’ai retiré bien plus de divertissement à analyser le maquillage apparent des pseudo-Indonésiens, probablement tous des acteurs japonais, donnant un style « black-face ». Sacrilège me direz-vous? Si c’est ce maquillage-là qui vous perturbe plus que le costume de Minilla, nous ne sommes peut-être pas nés du même moule. Pour moi, comme avec Jason dans Friday the 13th, l’évocation seule qu’il puisse réapparaître dans la suite me donne froid dans le dos. 

Destroy All Monsters

Des extraterrestres femelles prennent le contrôle des monstres de la Terre et commencent à les utiliser pour détruire la race humaine.

Année : 1968
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Takeshi Kimura
Effets spéciaux : Sadamasa Arikawa

09_Destroy all monster

Si Jurassic Park devait s’être inspiré d’un film en particulier, Destroy All Monsters serait probablement le plus évident. Bien sûr, monsieur Spielberg maintenant en fin de carrière n’a pas de difficulté à souligner son inspiration tirée de Godzilla, mais je crois qu’il s’est inspiré de plus d’un. J’y sens l’idée précurseur derrière Godzilla : Final Wars en 2004. L’action est de plus en plus divertissante et réussit à me faire oublier la plus grande horreur de la franchise Godzilla; Minilla (toujours présent, mais beaucoup moins).

L’histoire tournant autour d’une race de femmes aliens qui réunissent tous les monstres pour détruire l’humanité; c’est tout de même intense. Connaissez-vous l’expression, « trop c’est comme pas assez »? Sachez que ce n’est jamais vrai quand il s’agit de faire un film de Godzilla. « Oh non! Pas encore d’autres monstres géants qui vont se battre contre Godzilla » est une phrase que personne n’a jamais prononcée. Il paraît même qu’on utilise cet énoncé lors d’évaluations psychologiques afin de déceler la moindre trace d’un trouble profond. Je blague, bien entendu (c’est plate pareil de devoir le dire à chaque fois asteurs), mais pas au sujet de Jurassic Park

Je trouve ça sain de se laisser le droit de changer d’opinion. Je veux dire, avant je ne faisais que parler de l’originalité de l’imaginaire de Spielberg (que je ne lui enlève pas d’ailleurs). Cependant, il nous arrive d’acquérir de nouvelles informations sur certains sujets; ce faisant, nous reconsidérons aussi nos préférences et nos valeurs. Comme pour les saucisses à hot-dog, la conception fait frémir plus qu’elle ne ragoûte. Ce que j’essaie d’exprimer est : ce n’est pas parce que j’ai découvert que le cubisme de Picasso était en grande partie inspiré par l’art africain, mais plutôt qu’il s’en soit caché pour s’attribuer une gloire plus grande que nature. Toho Co., quant à eux, n’ont pas tendances à vouloir cacher leurs évidentes inspirations, même les plus profondes.

All Monsters Attack

Un enfant qui vit dans la ville industrielle de Kawasaki affronte sa solitude à travers ses rêves d’évasion sur l’île des monstres et son amitié avec Minilla.

Année : 1969
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Ishirô Hondo, Teruyoshi Nakano

10_All_Monsters_Attack

Désolé pour celles et ceux qui pourraient être des fans invétérés de Minilla, je ne partage pas du tout ce penchant pour cette chose ignoble. Je conviens qu’il faille amuser les enfants, mais pas à n’importe quel prix. Godzilla s’adresse à tous les publics, mais celui-ci tombe dans la catégorie des films pour enfants. Godzilla lui-même est réduit à n’être que le fruit de l’imaginaire d’un jeune enfant ce qui a pour effet de désinvestir son spectorat puisque l’histoire n’a aucune incidence sur le monde dans lequel les personnages évoluent, et ce, depuis le début des films de la franchise.

Vous aimeriez que j’en dise quoi? Bravo, en plus de mettre Minilla en vedette, l’action est principalement composée d’extraits des films précédents. Avouez que quand vous pensez « Godzilla », vous voyez Home Alone sans Noël, sans Macaulay Culkin et avec le cousin débile de la famille Dinosaurs (ben oui, celui qu’on voit jamais parce qu’il est enfermé au sous-sol). Pardon?! Vous ne vous rappelez pas de cette fameuse série qui jouait sur les ondes d’ABC de 1991 à 1994? Je connais un lectorat qui accumule les surprises, moi! 

C’est peut-être un hasard, sauf que Minilla disparaît pour un bon bout après All Monsters Attack et les effets spéciaux ne sont plus de Sadamasa Arikawa. On ramène Ishirô Honda pour mentorer Teruyoshi Nakano suite à quoi les films subséquents le garderont aux effets spéciaux jusqu’à la toute fin de l’ère Shôwa. Y aurait-il donc d’autres que moi qui partage un dédain pour le fils de Godzilla? Qu’à cela ne tienne, on dirait que dans l’appréhension de son absence, j’en ressens déjà une montée dans la mon appréciation de ce qui va suivre.

Godzilla VS Hedorah

Une forme de vie extraterrestre toxique et en constante évolution arrive pour consommer la pollution abondante sur Terre, menaçant de détruire toute vie sur son sillage à moins que Godzilla ne soit capable de l’arrêter.

Année : 1971
Réalisation : Yoshimitsu Banno
Scénario : Yoshimitsu Banno, Takeshi Kimura (as Kaoru Mabuchi)
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano

11_hedorah

Si vous aviez besoin qu’on vous rappelle que Godzilla est une métaphore pour la nature et les conséquences de sa destruction, Godzilla VS Hedorah saura vous le remémorer sans trop de subtilité. La créature qui s’oppose à Godzilla se nourrit de pollution et évolue sans cesse afin de dominer toute vie, mais notre lézard géant a plus d’un tour dans son sac. Si vous ne le saviez pas déjà, Godzilla est tout de même reconnu pour… En anglais, on dit : « jump the shark ». En gros, cette expression définit un moment dans une œuvre, où il se passe quelque chose tellement hors normes au niveau de la diégèse que ça en devient ridicule et que les lois mêmes qui régissent l’univers fictif sont rompues.

Pour celles et ceux que ça pourrait intéresser, tout ça est né suite à une critique d’un épisode de la série américaine Happy Days dans lequel, Fonzie, interprété par Henry Winkler, saute en ski nautique par-dessus un requin pour l’éviter. Quel est le lien avec Godzilla? Disons que pour un lézard d’un poids moyen de 40,000 tonnes, il fait parfois preuve d’une agilité remarquable et… Ah, et puis, vous verrez.

C’est probablement le film que les hippys préféreront. Les messages contre la surproduction et l’abus de la nature sont flagrants et ce ne sont pas des blagues. S’entrecoupent de longs moments contemplatifs où l’on voit des océans et une nature polluée par l’humain avec des monologues dénonçant la guerre et les armes de destruction massive, et cetera, et cetera. Très juste tout ça, mais… en fin de compte, je ne sais plus pour qui je dois prendre dans ce conflit. Godzilla sauve les humains, mais pas toujours; Hedorah incarne une force venue du ciel qui en quelque sorte vient punir les humains; et les humains continuent de détruire et espérer dans leur impuissance que les Kaijus s’entretuent pour en être débarrassés.

Godzilla VS Gigan

Après qu’un mangaka et ses amis découvrent un complot de leurs employeurs pour attirer Ghidorah et Gigan sur Terre, Godzilla et Anguirus entreprennent de vaincre les méchants extraterrestres.

Année : 1972
Réalisation : Jun Fukuda
Scénario : Shin’ichi Sekizawa,Takeshi Kimura
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano

12_Gigan

Le potentiel était là pour faire de ce volet de la franchise un qui soit époustouflant. Le seul hic serait sans équivoque l’utilisation abusive de vidéos d’archives des anciens films de Godzilla. L’effet de vouloir rajouter de l’action n’a pour conclusion que de le diluer. À moins de n’avoir vu aucun autre film de Godzilla, celui-là risque de vous laisser à plat. On explore un concept particulier où les Kaijus se parlent en bulles de manga, décidément on essayait des choses chez Toho Co.

Gigan fait son apparition pour s’opposer à Godzilla, mais qui va finalement se battre contre Anguirus parce Godzilla retrouve son némésis (pas le truc de Resident Evil, là) King Ghidorah et ses redoutables éclairs! Du sang?! Il faut dire que ce n’est pas un effet que l’on a souvent vu auparavant, mais ce film-ci nous donne au moins un bon jet de sang dans l’affrontement final et ça peut prendre par surprise le spectateur inattentif.  

Jun Fukuda à la réalisation, nous ramène les aliens, mais pas n’importe quels. Je vous laisse deviner quels bonshommes verts (jamais vert, en fait) reviendront pour ce douzième volet de la série (ouf, ça commence à faire beaucoup. Je suis épuisé). Quoi qu’au final, même si on aime revoir de vieux visages au cinéma (je veux dire des visages de gens que l’on reconnaît) ça commence à faire beaucoup de réchauffé, ne trouvez-vous pas? 

Ah oui, le personnage joué par la ceinture noire de karaté, Tomoko Tomoe, sauve quelque peu la mise avec des scènes mémorables de coups de pied aux fesses. Si seulement le film était aussi bon que celui avec Glenn… Tomoko aurait pu briller davantage.

Godzilla VS Megalon

Megalon, le dieu monstre du royaume souterrain vengeur de Seatopia, est aidé par Gigan pour attaquer le monde de la surface, jusqu’à ce que l’androïde Jet Jaguar fasse équipe avec Godzilla pour les combattre.

Année : 1973
Réalisation :Jun Fukuda
Scénario : Jun Fukuda, Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano

13_Megalon

Jet Jaguar, Jet Jaguar

S’il y a un concept de Kaiju qui m’a échappé, c’est bel et bien celui de Jet Jaguar, le robot humanoïde allié de Godzilla avec sa propre chanson thème (on dirait Anti-Ultraman). Le design laisse parier que sous son masque se cache Willem Dafoe. Une histoire aussi rocambolesque que la distribution des monstres est variée; sans oublier les antagonistes intraterrestres vivant dans des cavernes sous l’eau dans la cité de Seatopia (essayez dire ça sans rire)! 

Pour le reste, l’histoire est assez enfantine spécifiquement les moments avec l’enfant qui est en admiration devant Jet Jaguar. Je ne sais pas comment le dire autrement, mais les enfants dans les films de Godzilla c’est vraiment fatigant. Je sais, ça peut paraître un peu sec dit comme ça, mais j’aurais envie d’insérer un sacre (tabarnac!) un enfant dans un film d’action, ça n’a pas d’affaire là à moins d’être un otage. Ah, les James Cameron de ce monde n’apprendront-ils jamais? Au moins, le combat final va sans contredit vous défaire la mâchoire.

Le concept des vilains manque un peu de jus, si je peux le dire comme ça. Les costumes des Seatopiens aux goûts de la Grèce d’il y a 3000 ans, me rappellent des films comme The Ten Commandments ou Helen of Troy. Le moment idéal pour vous expliquer une technique de Research and Development (recherche et développement), mieux connue sous le nom de R&D. Soyons honnêtes, être créatif dans le domaine des Arts — comme dans tout domaine — demande certaines aptitudes qui échappent à la majorité des travailleurs; notre métier est souvent plus un gagne-pain qu’une histoire de vocation. La technique dont je parle s’applique aux deux partis concernés; moyennant une paresse du second. Je ne sais pas si elle a un nom dans le jargon, mais moi je la nomme « le gâteau renversé ». C’est comme un gâteau normal, mais les ingrédients sont au fond; sauf si tu le tournes de bord, alors là la garniture sera au-dessus!

Le but consiste à prendre une histoire qui a bien fonctionné, supposons que l’histoire d’une sirène échouée en l’an 1780 qui rencontre un pêcheur qui se repose de sa journée de labeur sur la plage après la tempête qui a cartonné au box-office, comme le disent si bien les cousins Français. Sans l’ombre d’un doute, la compagnie voudra recréer le même engouement avec son prochain concept. Un qui soit audacieux! Mais pas trop… On pourrait risquer de perdre la formule gagnante; surtout si on a plus de budget que la fois d’avant; le risque d’un flop ne peut pas être toléré. Que faire? Facile! On applique la technique du gâteau renversé; on a ensuite un scénario qui se lit comme suit : l’histoire d’un homme sur un bateau qui suite à un naufrage est repêché par des sirènes (il peut même apprendre qu’il est Roi d’Atlantide en passant, s’il veut). Bref, Godzilla n’a pas l’habitude d’utiliser cette méthode, mais ce volet se ressent comme le reflet grotesque de Destroy All Monsters.

Godzilla VS Mechagodzilla

Une prophétie d’Okinawa semble prédire la destruction de la Terre par Godzilla, seulement pour que le vrai Godzilla révèle son sosie comme une arme mécanique extraterrestre.

Année : 1974
Réalisation :Jun Fukuda
Scénario : Jun Fukuda, Masami Fukushima, Shin’ichi Sekizawa
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano

14_Mechagodzilla & Ceasar

Le règne de Godzilla bat son plein et tout le monde en est à bout. Les humains, les extraterrestres et les autres monstres en ont plus qu’assez de voir un reptile radioactif ne laisser que de la destruction dans son sillon. Godzilla ne semble pas vouloir partager son territoire ni le céder à qui que ce soit. La nature est ainsi faite; dangereuse, imprévisible et toute puissante. Est-ce que les humains sont à ce point avides de progrès que même la nature devient une bête à dompter? 

Je sais que je ne parle pas beaucoup des acteurs, et je m’en veux. Les films de Godzilla offrent une palette d’artistes remarquables. D’autant plus que rendu à ce point dans la série, je commence à les reconnaître lorsqu’iels reprennent leurs rôles passés ou même des nouveaux de temps à autre. Il faut le faire; les acteurs doivent nous charmer en peu de temps, alors que leurs scènes sont divisées au travers des séquences d’un monstre qui démantèle la ville de Tokyo (d’autres aussi, mais souvent Tokyo) 

Terror of Mechagodzilla

Interpol mène une investigation sur un biologiste déchu et sa fille. Les enquêteurs découvrent que leurs suspects sont impliqués dans un complot extraterrestre visant à utiliser Mechagodzilla et Titanosaurus pour vaincre Godzilla et anéantir l’humanité.

Année : 1975
Réalisation : Ishiro Honda
Scénario : Yukiko Takayama
Effets spéciaux : Teruyoshi Nakano

15_Godzilla_Mechagodzilla_Titanosaurus

Un scientifique contrôle un Kaiju nommé Titanosaurus dans le but de démontrer sa supériorité. De son côté, l’armée met au point une version 2.0 de Mechagodzilla tandis qu’une femme espère partager un lien psychique avec Godzilla. 

S’il y a un film de la série qui me faisait constamment penser à Pokémon — le populaire animé avec des monstres de poches — c’est bien Terror of Mechagodzilla. Les dialogues tournent beaucoup autour des personnages qui vantent les mérites de leur Kaiju respectif. Étonnamment, Godzilla continue tout de même à être un héros pour la nation, preuve faite lorsque des civils aux prises avec Titanosaurus appellent Godzilla à l’aide et qu’il bondit sur leur agresseur. Sont-ils sauvés ou écrasés? Ça, le film ne le montre pas (pouin, pouin, pouinnnnnnn).

En quinze films, Godzilla n’est détruit qu’une seule fois; de plus, c’était dans le premier pour boucler l’histoire la rendant entière et complète. Sinon, il réussit toujours à s’en sortir de manière spectaculaire, et parfois … juste moins spectaculaire. Cette finale ne laisse pas de glace avec des attaques toujours plus intenses et destructrices. Savez-vous combien de fois j’ai vu la Tour de Tokyo se faire détruire — ou la ville toute entière tandis qu’on y est — depuis le début de la franchise? Une preuve de la résilience d’un peuple, certes, mais il y toujours bien une limite.

Tous veulent défier Godzilla pour être le plus fort et imposer son dominion, mais comment devenir le roi de la montagne quand c’est la montagne qu’il faut abattre? La conclusion du dernier film de l’ère Shôwa reste houleuse quant à la nature exacte de la relation entre Godzilla et l’humanité. Les rêves de paix, de communion et de bonne entente ne sont-ils finalement que des chimères? Ici, Godzilla atteint un rang divin si je peux le dire ainsi plus qu’un héros ou un vilain, il devient une véritable force de la nature, pareille aux typhons et aux tremblements de terre, mais aussi capable de décider de la vie ou de la mort de ce qui l’entoure. Vraiment; il met le GOD dans Godzilla.

Mon Top 7

De toutes évidences, notre géant vert (un peu moins santé que celui des cannes de pois) commence son règne avec une entrée fracassante. Autant de films, et chacun d’entre eux réussit à être unique malgré les éléments répétitifs et inévitables du genre. Oui, Minilla aussi, car même lui réussit à marquer l’esprit tellement il est laid. C’est ce qui conclut ma couverture de l’ère Shôwa des films de Godzilla. Ne soyez pas triste, il me reste encore trois ères à couvrir.

Pourquoi ne pas terminer ce premier article avec mon palmarès personnel. J’y mets le titre avec une courte phrase afin de donner mon sentiment général sans trop divulgâcher. C’est aussi un gros morceau pour une première bouchée, surtout si c’est votre introduction en la matière.

7- Ebirah, Horror of the Deep
Mothra donne une tape dont Godzilla se souviendra et moi aussi.

6- Godzilla VS Hedorah
Hedorah croit que voler lui donne un avantage contre Godzilla!

5- Godzilla Vs Megalon
Jet Jaguar Punch, Punch, PUNCH! Meilleure chanson thème. Un match de lutte colossal.

4- Terror of Mechagodzilla
Po-Ké-Mon, attrapez-les tous! En voulez-vous des explosions? En v’là!

3- Mothra VS Godzilla
Nooon! De la soie, ma seule faiblesse! Mothra, ma préférée.

2- Invasion of Astro-Monster
Glenn, dans tout l’univers, il n’y a qu’un seul qui soit comme toi.

1- Godzilla
Un classique à voir, tout simplement.

J’espère que vous aurez quelques idées de costumes d’Halloween en prime. Alors, cher lectorat, nous nous reverrons la semaine prochaine pour la suite! Le festival Godzilla ne fait que commencer! 

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