「そうそうそうそうまあでもまずはスケーティングからかな」
« Ouais, ouais, ouais, mais commençons par le patinage. »
Sur une île japonaise, la vie tourne autour du changement des saisons. L’hiver est la saison du hockey sur glace à l’école, mais Takuya (Keitatsu Koshiyama) n’est pas vraiment enthousiaste à ce sujet. Son véritable intérêt se porte sur Sakura (Kiara Nakanishi), une étoile montante du patinage artistique de Tokyo, pour laquelle il commence à développer une véritable fascination. L’entraîneur et ancien champion Arakawa (Sōsuke Ikematsu), voit le potentiel de Takuya et décide de le guider pour former un duo avec Sakura pour une prochaine compétition.
Alors que l’hiver persiste, les sentiments grandissent et les deux enfants forment un lien harmonieux. Mais même la première neige finit par fondre.
Avec My sunshine (ぼくのお日さま), Hiroshi Okuyama présente un film sur les découvertes de l’adolescence et ce qu’on en fait. Un film qui va du feel good au triste.
Le film commence en été, alors que Takuya joue au baseball, puis glisse vers l’hiver où il jouera au hockey, toujours avec les autres élèves de l’école, et avec son meilleur ami. D’ailleurs, le garçon n’est pas très bon ni dans l’un, ni dans l’autre. Mais l’hiver l’amènera à découvrir la belle Sakura et le patinage artistique.
L’arrivée de la neige est utilisée comme métaphore par le réalisateur pour montrer la naissance de la relation entre Takuya, Sakura et Arakawa. Alors que les trois se rencontrent en même temps que la neige s’installe, leur relation sera, tout au long du film, aussi solide que la neige le sera. Ainsi, le retour de la chaleur signera la fonte de leur relation.
Au départ, ces trois personnages ne se connaissent pas. Pour différentes raisons, chacun d’eux ressent un sentiment de solitude. Et je crois que l’attirance qui les réunit naît du fait qu’ils ressentent inconsciemment la solitude de l’autre. Les raisons qui les attirent l’un vers l’autre sont également différentes : les sentiments amoureux, l’admiration, l’image de l’autre que l’on superpose à la personne que l’on était autrefois.
Le tout se dessine dans un film tout en douceur.
My sunshine se divise en trois sections bien distinctes. On pourrait qualifier les deux premières parties de feel good movie. On découvre Takuya, qui a un problème de bégaiement, et son meilleur ami qui jamais n’en fait mention. D’ailleurs, ce trouble du langage n’est jamais réellement adressé par un autre personnage.
De plus, bien que l’intrigue du film tourne autour du sport, le réalisateur évite le piège des clichés classiques du « professeur spartiate et de son élève qui peine à avancer ». Puis un triangle mystérieux se forme et devient peu à peu un triangle harmonieux.
L’entraîneur est donc un homme doux et compatissant envers les enfants, qui porte aussi une forme de résignation face à la vie, doublée d’un sentiment d’être rejeté par la société. Il semble que Hiroshi Okuyama a bien compris qu’il n’y a rien de mieux pour comprendre des adolescents qu’un homme qui se sent lui-même rejeté de la société dite normale.
C’est donc une douce balade que le film propose pendant les 60 premières minutes. Mais telle la neige qui fond, la relation entre les trois personnages laissera de la saleté, et un goût amer au spectateur.
Avez-vous déjà remarqué qu’il y a peu de films de patinage artistique avec des jeunes? Il y a une raison à cela. Il s’agit d’une discipline complexe et peu de jeunes sont capables de la pratiquer. Et il y a encore moins d’ados capables d’en faire tout en étant aussi capables de jouer un personnage.
Pour les rôles de Takuya et Sakura, le réalisateur a choisi de miser sur des jeunes qui savaient patiner. Comme ils n’avaient aucune expérience en tant qu’acteurs, il ne leur a pas donné le texte. Toutes les répliques leur ont été dictées sur le plateau, sans qu’ils les mémorisent à l’avance.
« Je voulais qu’ils vivent les scènes que nous tournions comme s’il s’agissait d’événements réels, qu’ils les interprètent librement comme si ce qui se passait sur le plateau était la vraie vie. De plus, comme il leur était impossible de mémoriser toutes les répliques qui leur étaient dictées sur place, ils se les sont réappropriées et les ont dites d’une manière plus fluide et naturelle pour eux. J’ai choisi de travailler de cette manière, car j’étais convaincu que cela rendrait le jeu plus réaliste. De plus, pour les scènes où Arakawa entraîne Takuya et Sakura, je n’avais quasiment pas écrit de dialogue à l’avance. Le fait de laisser beaucoup de blancs dans le scénario a permis de laisser une place à l’improvisation sur le plateau. »
La stratégie a été efficace, car les deux jeunes acteurs ont l’air totalement naturel et la chimie entre les trois acteurs est excellente.
Au final, My sunshine est un parfait film familial qui pousse le raisonnement plus loin que ce à quoi on s’attend de ce type de film.
My sunshine est présenté au TIFF les 9, 10, 12 et 14 septembre 2024.
Bande-annonce
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