« Serre-moi fort pendant que ton cœur bat encore et se réchauffe.
Bientôt, nous serons séparés comme des baies sur une brindille.
Bientôt, nous disparaîtrons comme des bulles dans un ruisseau. »
Des pays disparaissent, mais l’amour reste. Le Danemark, dans un futur pas si lointain. La montée des eaux ne peut plus être ignorée et le pays doit être évacué. Alors que les gens se dispersent dans toutes les directions, ils doivent dire adieu à ce qu’ils aiment, à ce qu’ils connaissent et à qui ils sont. Ceux qui peuvent se le permettre partent dans des pays riches, tandis que les moins aisés dépendent des aides financières du gouvernement pour se réinstaller dans des destinations plus difficiles. Dans ce contexte, nous rencontrons Laura (Amaryllis August), une lycéenne amoureuse pour la première fois et sur le point d’obtenir son diplôme. Lorsque la nouvelle de l’évacuation éclate, le cours de la vie de Laura et de sa famille change à jamais.
Avec Families like ours (Familier som vores), Thomas Vinterberg dresse un portrait réaliste et effrayant de l’avenir proche. Pour une première fois, une série présente un futur proche réaliste de ce que les changements climatiques pourraient produire.
Au cœur de la série se trouve cette réalité qu’on tente de ne pas trop voir au nom du capitalisme et de l’enrichissement : les changements climatiques. Families like ours fait donc ce que les dirigeants du monde actuel continuent de nier ou d’éviter. Elle montre exactement ce que nous vivrons si la chute se poursuit. Vinterberg nous montre cette Europe pas si différente à première vue, mais qui a fondamentalement changée.
Est-ce dommage que la série ne parle pas des îles du Pacifique qui ont clairement déjà disparu au moment où se déroule la série? On peut certainement le pardonner, car, de toute façon, les Occidentaux n’en ont rien à foutre de ces îles et peuples qui sont déjà en train de subir la montée des eaux. Ainsi, en mettant l’accent sur l’Europe, en montrant le Danemark qui doit maintenant être vidé de sa population, il frappe beaucoup plus l’imaginaire.
Non, nous ne sommes pas dans un univers dystopique, dans un futur loin de ce que nous connaissons. Nous sommes, au contraire, dans un avenir très proche, avec des technologies et des réalités que nous connaissons tous. En quelle année? Ce n’est jamais dit. Mais nous ne sommes pas rendus en 2100. Probablement beaucoup plus proche de 2035…
Le réalisateur danois nous présente donc son portrait réaliste dans lequel les Pays-Bas ont déjà été évacués et la population répartie à travers l’Europe. On arrive à se moment où c’est au tour du Danemark de sombrer.
Le réalisateur balade ses spectateurs entre des moments lumineux et des moments sombres. De belles scènes remplies d’espoirs restent présentes dans la série, particulièrement en lien avec Laura et Elias, ces deux ados (presque adultes) qui tombent en amour. Leur belle relation se verra mise à rude par l’évacuation du pays, alors que chaque famille se bat pour atterrir dans un « bon » pays.
Vinterberg montre l’humain tel qu’il est, loin des grands héros à l’américaine, mais tout aussi loin du misérabilisme. Les personnages sont réalistes, égoïstes, même parfois envers leurs proches, au nom de la plus belle option, parfois grâce à la richesse, parfois grâce à certains contacts.
Sans inclure de grands moments larmoyants, le réalisateur crée une œuvre touchante. Mais c’est son côté réaliste qui frappe le plus l’imaginaire. Au moment où plusieurs pays d’Europe se battent pour chasser les immigrants, c’est encore plus troublant de se questionner sur cet avenir pas très lointain dans lequel des pays seront carrément rayés de la carte, et que leurs habitants devront tous trouver un nouveau « chez-eux ».
Bien que la violence ne soit pas très présente dans Families like ours, Vinterberg ne la cache pas. Certaines scènes, principalement dans les derniers épisodes, sont très dures. Mais malgré le côté très sombre et tragique de la série, le réalisateur garde un peu de lumière jusqu’à la fin. Parce qu’après tout, nous serons éventuellement rendus là.
Si cette série peut être vue par un large public, peut-être qu’elle pourra avoir un impact sur les comportements. En tout cas, son réalisme et son message sont frappants et ne peuvent pas laisser indemne.
Un jour, il faudra bien qu’on arrête de se cacher la tête dans un placard et qu’on prenne réellement les choses en mains. Sinon, Families like ours (Familier som vores) pourrait bien devenir une prémonition. Et croyez-moi, on ne veut pas en arriver là.
Dernier point sur la série… Malgré son sujet et sa prise de position, elle ne fait pas la morale. On ne sent pas de jugement, ni de pression. En tout cas, c’est de loin la meilleure série que j’ai vue cette année.
Families like ours est présenté au TIFF les 5 et 14 septembre 2024.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième