« Hey! Le grand retour. »

À peine remise de l’attaque violente de la saison précédente, Alice (Julie Perreault) déménage en catastrophe. Rémy Deblois (Pierre-Yves Cardinal), l’homme à qui elle avait enfin accepté d’ouvrir son cœur et son corps, n’est pas celui qu’elle croyait. Avec l’aide de Fred (Marc-André Grondin), qui est le seul à détenir son secret, elle coupe les ponts et préfère tout oublier. Or, Fred et son complexe du Sauveur entreprennent de protéger Alice sans son consentement. Comprendra-t-il que, malgré ses bonnes intentions, en fouillant les fantômes d’Alice, il pose le pied sur un véritable nid de guêpes? 

Présomption d’innocence

Alice, toujours interprétée par Julie Perreault, revient au travail comme si de rien n’était et ignore toutes les questions au sujet de l’absence soudaine de son amant. Si on se souvient bien, la 3^e saison nous avait laissé sur la réalisation que Rémy Deblois, interprété par Pierre-Yves Cardinal, aurait participé à un événement traumatisant de la vie de la protagoniste lorsqu’iels étaient jeunes. Les auteurs arriveront-t-ils à réconcilier toutes ces émotions contradictoires, ou sommes-nous aux limites d’un univers tordu risquant d’avaler les personnages dans une spirale infernale?

J’ai pu m’entretenir quelques minutes avec le Directeur de la production à Aetios, le seul et unique Monsieur Michel Trudeau. C’était pour moi l’occasion rêvée de l’interroger sur ce qu’il souhaite accomplir avec les productions de la compagnie Aetios qu’il a fondée avec Fabienne Larouche en 1999. Il me répondit que son désir est d’aller au-delà de l’engouement pour le populaire et proposer des œuvres qui sont aussi profondes. Le but n’est pas seulement de divertir, mais aussi de parler de choses qui poussent à la réflexion et mettent en perspective des sujets plus sensibles. Réponse que j’ai trouvé très satisfaisante et qui démontre bien qu’il a un réel intérêt pour l’art et la culture au Québec. 

Il est facile de s’en prendre aux hauts dirigeants lorsque ceux-ci sont réduits à cette image lointaine et floue d’un opportuniste assis sur un trône. On juge souvent des gens sur des préjugés ou une mauvaise expérience que l’on a eu – et majoritairement d’histoire d’amis qui disent avoir eu un désagrément — souvent avec d’autres qui ne sont finalement que des ouï-dires. Ça prend seulement une pomme pourrie pour qu’on jette le panier au complet. Selon moi, c’est en partie la thématique de la prochaine saison de Doute raisonnable sur Tou.tv. Écrite par Pierre-Marc Drouin et William S. Messier et réalisée par Danièle Méthot, la série revient en force pour une 4^e année. Un acte peut affecter le cours d’une vie, et le reste de la vie n’est quelquefois pas assez pour racheter cet acte.

Tit’interview du Petit 7^e

J’ai pu discuter avec la multidisciplinaire et talentueuse Myriam Fournier qui fait partie de la distribution pour la première intrigue de la nouvelle saison de Doute raisonnable aux côtés de Sophie Desmarais et David Savard. Pareil à ses pairs que je viens de mentionner, leurs apparitions risquent d’être brèves — deux ou trois épisodes —, mais Madame Fournier n’est que de joie d’avoir pu participer à cette série poignante. « Il n’y a pas de petits rôles, il n’y a que de petits acteurs »; une citation de Konstantin Stanislavski, un des plus grands metteurs en scène de sa génération. C’est, à mon avis, cette humilité qui fait gage d’une profondeur d’esprit indispensable à l’acteur contemporain. En plein le genre de Myriam qui est déjà impliquée dans plusieurs autres productions dont une pièce de théâtre intitulée Carton rouge qui paraîtra en novembre au Centre du Théâtre d’aujourd’hui. Comme elle dit : « On met son grain de sel et on espère que cela fasse son chemin », on le lui souhaite également.

Déjà 20 ans de carrière au cinéma pour Sophie Desmarais. Dire que ça première parution sur nos écrans fut en compagnie de Charlize Theron et Penelope Cruz. Justement, hier, je regardais le film Monster — dont madame Theron incarne le rôle principal — et j’étais estomaqué par la dissemblance qu’il y avait, non seulement avec son physique, mais aussi avec le rôle lui-même se situant à des années lumières de ce qu’elle avait pu interprétée auparavant; un rôle qui lui a valu un Oscar en 2004 comme meilleure actrice. C’est à peu près ce que je souhaite pour la carrière de madame Desmarais; une occasion en or de dévoiler son potentiel au-delà de son stigma de la fille d’à côté; si je peux paraphraser une partie de notre échange ainsi. Bien sûr, on a pu la voir récemment dans C’est comme ça que je t’aime, série écrite par François Létourneau, mais il tarde d’y avoir un rôle qui lui permettrait de crever l’écran comme on dit. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.

J’ai aussi eu un bel entretien avec l’auteur William S. Messier et la réalisatrice Danièle Méthot qui étaient tous deux présents au visionnement. Mes questions étaient similaires à celles que j’avais posées à Monsieur Trudeau antérieurement, mais j’y suis allé en prenant un angle plus aigu sur l’investissement personnel dans ce genre de projets. Pour les deux artistes, la volonté de communiquer un message est primordiale. On ne peut pas travailler efficacement les questions houleuses et les tabous entourant le féminicide et les agressions sexuelles si l’on à cœur que l’envie de faire du divertissement. Il y a un souci à ne pas érotiser la déviance sexuelle et de ça découle un respect dans la production qui nous éloigne des tangentes hollywoodiennes à vouloir tout rattacher au plaisir sexuel. Pour moi, il n’y a pas de doute quant à l’implication de celles et ceux qui participent à mettre sur pied cette série et à leur intégrité en tant qu’individus.

C’est tu vrai ou c’est pas vrai?

La nouvelle saison de la série Doute raisonnable s’annonce trépidante surtout pour Alice dont les prouesses ne cessent de surprendre. Les premiers épisodes laissent même planer une possibilité de secte ou de mouvement occulte qui s’avance pour être le cas principal à résoudre en dehors de la vie de Alice. Allons-nous enfin débloquer de notre cloisonnement mental en ne pas croire en la possibilité qu’une fiction puisse fonctionner au Québec même si elle n’est pas hyperréaliste? 

Les faits historiques sont quelquefois rocambolesques et invraisemblables, pareil à certaines œuvres de fiction qui sont si profondes que l’on peine à croire qu’elles ne se sont pas réellement passées (la Bible est encore un bon exemple de ça). C’est aussi quand la réalité dépasse la fiction qu’il est bon de pouvoir s’éloigner de cette série d’épisodes sans queue ni tête que l’on appelle le cours de la vie. On a tendance à croire que la fiction est en quelque sorte une parodie ou même une caricature de la réalité, toutefois créer des événements fictifs pour raconter une histoire évite bien des soucis et permet une meilleure mise en place d’une seconde lecture de la narrative. Une fiction, c’est juste une façon de dire que les événements dépeints ne se veulent pas une reproduction ou une reconstitution de quelque chose qui se soit réellement passé, ça n’oblige pas qu’il y aille des magiciens ou des astronautes; il ne faut pas mélanger fiction et fantaisie. 

Doute raisonnable marche sur cette ligne entre la réalité et la fiction sans trop de subtilité – un pied de chaque côté – sans que cela nuise à son efficacité à venir chercher son public et être percutant. On ne sait pas combien de temps il reste à la série, mais la saison qui s’entame semble s’approcher d’une fin, à moins, bien entendu, qu’elle casse son moule et nous amène au-delà du réel. J’aimerais vous laisser sur ceci : qu’est-ce que la réalité si ce n’est que l’accord de nos perceptions individuelles en une qui soit commune et partagée? La religion n’est pas la seule chose qui puisse transformer des croyances en faits indubitables; l’art aussi, sauf que cette dernière ne prétend pas autre chose que de permettre une remise en perspective d’une réalité souvent difficile à saisir aux premiers abords. Quels défis ces héros auront-ils à surmonter dans l’année à venir. J’espère, cher lectorat, que vous avez la force pour poursuivre vos propres aventures; ne laissez rien au doute et surtout soyez raisonnables.