« I saw something coming out of his nose. »
[J’ai vu quelque chose sortir de son nez.]
Une équipe de fracturation hydraulique dirigée par des Américains qui travaille au cœur de la nature serbe se retrouve en désaccord avec les conseillers environnementaux désignés par le gouvernement. Lorsqu’ils obtiennent l’autorisation de forer, les ouvriers découvrent l’inimaginable : un monstre parasite endormi enfoui au plus profond de la roche gelée. Maintenant réveillé, il ravage l’installation minière à la recherche de l’hôte parfait.
Avec Hell Hole, la Famille Adams propose un film de monstres alliant horreur à l’ancienne, science-fiction et considérations contemporaines. Je jette donc un regard sur cette nouvelle création de cette famille tant aimée des amateurs d’horreur.
Présenté en première mondiale lors du dernier festival Fantasia, Hell hole arrive sur Shudder, et ce sera une belle occasion pour les fans de la famille Adams de voir cette nouvelle œuvre. Il faut dire que les cinéastes sont des habitués de Fantasia y ayant présenté tous leurs films dont Where the devil roams l’année dernière.
C’est donc avec une histoire un peu absurde, résolument mutine et par moment comique et transgressive que John et Toby frappent cette fois-ci (sans Zelda d’ailleurs). À la manière typique de leurs films, le récit vise à subvertir le genre. Dans ce cas, ils le font avec des textures d’horreur biologique et environnementale en tandem avec des questions de genre et d’autonomie corporelle.
S’il y a une chose qui ressort de Hell hole, c’est à quel point il réussit à bien intégrer le vieux ou nouveau, et pas seulement dans ses thématiques. Les effets de créature ont été créés par Todd Masters, vétéran de 35 ans des effets de maquillage de monstres et de prothèses, et son studio MASTERSFX, avec Trey Lindsay de Moondog Pictures (Hellbender, Where the Devil Roams) supervisant les effets visuels et le studio serbe Cinergy FX (Hellraiser) contribuant aux effets de sang et de maquillage supplémentaires.
Ainsi, les techniques plus anciennes de maquillages et de prothèses faits à la main s’allient aux effets créés numériquement. Ce qui est encore mieux, c’est que les effets numériques ne sont pas surutilisés. Le duo ayant bien compris que ces effets étaient plus efficaces lorsqu’utilisés avec parcimonie.
Ce mélange aura aussi mené les Adams à travailler avec une grosse équipe pour la toute première fois.
« Known for our DIY ethos, we have always worked as a solitary unit, wearing every hat in the making of our feature films. […] For the very first time we got to work with a crew 10 times the size of our usual intimate family shoots. »
John Adams et Tobe Poser
[Connus pour notre philosophie du bricolage, nous avons toujours travaillé en solitaire, portant tous les chapeaux dans la réalisation de nos longs métrages. […] Pour la toute première fois, nous avons pu travailler avec une équipe dix fois plus nombreuse que lors de nos tournages familiaux habituels et intimes.]
C’est une des choses que j’ai toujours aimé des films de cette famille. Ils sont faits avec des effets pratiques plutôt qu’avec une tonne d’effets numériques. Et personnellement, je trouve que ces effets permettent beaucoup plus au spectateur de croire à ce qu’il voit. Il ne faut pas en minimiser l’importance lorsque, déjà, l’histoire n’est pas si réaliste.
Je parlais du côté moderne et actuel un peu plus haut… En situant son histoire sur un site d’exploitation pétrolière où des écologistes et des capitalistes se côtoient, le film offre une occasion de réfléchir à nos choix de société.
De plus en plus, nous sommes conscients des dangers microbiologiques qui accompagnent notre obsession de l’enrichissement à outrance, surtout lorsqu’il est question de creuser le sol et du dégel lié au réchauffement climatique. Bien que la réalité actuelle nous montre plutôt un danger provenant de virus, l’idée d’être envahi par une « bibite » inconnue reste somme toute crédible.
En ajoutant l’idée que cette créature pourrait avoir besoin d’un hôte masculin pour incuber son bébé, l’œuvre touche les enjeux de genres qui sont – peut-être trop – d’actualité. Ainsi, sans en faire une bataille idéologique, on sème une graine…
Au final, sans que l’œuvre ne révolutionne le genre, elle est à voir pour quiconque s’intéresse au cinéma d’horreur. Elle vous donnera peut-être envie de regarder les autres films de cette famille créative.
Bande-annonce
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