100 yards - Une

[Fantasia] 100 yards — Un coup qui ne passe pas

« 门前一百米有人打架闹事出门要管这就是武行的开始. »
[Si quelqu’un se bat ou sème le trouble à moins de 100 mètres de votre porte, vous pouvez intervenir. C’est le début de l’industrie des arts martiaux.]

100 yards - affiche

Les films d’arts martiaux ont longtemps fait la renommée du cinéma chinois. Avec des films comme The 36th Chamber of Shaolin ou Hero, des stars internationales et intergénérationnelles comme Bruce Lee, Jackie Chan ou Jet Li et même des studios de renom comme la Shaw Brothers ou Golden Harvest, sont nés. Le genre a une histoire riche qui perdure aujourd’hui. Néanmoins, il semble avoir perdu de son sublime dans le cinéma actuel.

Si on met de côté la saga Ip Man, Fearless ou Kung Fu Hustle, plusieurs des films de kung-fu qui sortent du territoire chinois font pâle figure face à leurs prédécesseurs. Les raisons sont multiples, par exemple des productions autres que chinoises, comme des autres pays asiatiques ou même des États-Unis ont vu le jour. Mais une autre raison est la réalisation, se fiant trop sur les effets de montage et les effets spéciaux pour les combats plutôt que sur des chorégraphies travaillées mises en valeur par le réalisateur. Cette façon de travailler est certes plus simple et rapide, mais elle rend ces films plus fades. 100 yards de Xu Haofeng et Xu Junfeng, présenté au Festival Fantasia, semble vouloir renouer avec la manière avec laquelle les films d’arts martiaux étaient réalisés.

On ne s’approche pas!

Les 100 verges du titre font en effet référence à une tradition des écoles d’arts martiaux qui dictent que les conflits au combat doivent se régler dans un périmètre dans 100 verges. Un conflit, c’est ce qui touche Shen An (Jacky Heung) et Qi Quan (Andy On). Le premier est le fils d’un célèbre maître d’arts martiaux dans les années 20, à Tianjin. Le second est son plus grand disciple. Qi Quan obtient la succession de l’école après un combat contre Shen An, dont le père souhaitait une meilleure carrière en tant que banquier. Mais la rivalité entre les deux va vite s’enflammer et bouleverser l’avenir du cercle des pratiquants d’arts martiaux.

Le film transmet tout un respect envers les arts martiaux. Ce qui n’est pas étonnant avec à la barre le coréalisateur Xu Haofeng, un grand amateur de la pratique, à qui l’on doit le scénario de The Grandmaster, le biopic de Wong Kar-wai sur le célèbre maitre Ip Man (connu des cinéphiles pour avoir été le maître de Bruce Lee et avoir été incarné dans quatre films par Donnie Yen), en plus du chorégraphe Duncan Leung, lui-même un ancien élève de Ip Man. La mise en scène met bien en valeur la précision des chorégraphies et l’histoire tourne autour de l’importance de la tradition martiale ainsi que l’apprentissage de nouvelles techniques pour pouvoir progresser. Il y a ici une volonté de retranscrire la réalité des affrontements de maître sans l’aspect spectaculaire de la plupart des films récents, ainsi que sans l’aspect proche de l’opéra chinois des films de la Shaw Brothers. Néanmoins, malgré tous les efforts mis dessus, les scènes de combat du film ne sont pas toujours bien faites. La faute à un montage qui surcoupe souvent et qui ne sublime pas toujours ces scènes. 

100 yards - Ne pas approcher

La mise en scène dynamique de Xu Haofeng et Xu Junfeng embellit quand même ces scènes avec ses mouvements de caméra fluides et ses plans larges qui montrent l’étendue de la chorégraphie. Le film brille aussi visuellement, avec une production design de qualité et une belle photographie. Mais la réalisation se montre parfois assez maladroite, surtout quand elle sort des scènes de combat. La caméra fait de longs mouvements de caméra même dans les moments calmes, ce qui est sans grand propos et peut fatiguer à les voir sans cesse.

Où est l’histoire?

Mais ces défauts pourraient être pardonnés si le scénario n’était pas aussi creux. L’histoire et les enjeux sont confus, les personnages n’ont aucune personnalité et rien pour nous attacher à eux et les dialogues ont l’air d’avoir écrit par un robot. C’est d’autant plus dommage pour les combats, car on a besoin d’enjeux et de tension pour mieux en profiter et s’y investir. Mais si on ne comprend pas les intentions des personnages au moment de se battre, on vient vite à s’ennuyer devant le film, malgré les belles chorégraphies

Le film est un peu sauvé par son climax, constitué de plusieurs combats mêlant plusieurs techniques, la mise en scène et le montage les mettant parfaitement en valeur, avec une tension enfin établie et qui est visuellement magnifique avec cette terre rouge sur le sol, donnant de la couleur à la scène.

Mais 100 yards reste un véritable gâchis. L’occasion de redonner une nouvelle flamme pour le cinéma d’arts martiaux, mais qui se révèle être un pétard mouillé.

100 yards est présenté au Festival Fantasia, le 4 août 2024.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
门前宝地
Durée
109 minutes
Année
2023
Pays
Chine
Réalisateur
Xu Haofeng et Xu Junfeng
Scénario
Xu Haofeng et Xu Junfeng
Note
3 /10

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Fiche technique

Titre original
门前宝地
Durée
109 minutes
Année
2023
Pays
Chine
Réalisateur
Xu Haofeng et Xu Junfeng
Scénario
Xu Haofeng et Xu Junfeng
Note
3 /10

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