« The bowed head avoids the sword. But it never sees the sun. »
[La tête baissée évite l’épée. Mais elle ne voit jamais le soleil.]
Une femme d’âge moyen décide de renverser le puissant oligarque qui contrôle son petit pays d’Europe de l’Est, la Moldavie. Armée seulement de son esprit et de quelques étampes gouvernementales volées, elle doit déjouer les plans des hommes de main de l’oligarque, échapper à la police secrète et tromper ses compatriotes pour déclencher une révolution. Face à la police anti-émeute armée, aux canons à eau et aux deep fake, elle risque tout pour empêcher l’oligarque d’opprimer son peuple. En chemin, elle devra affronter son passé et découvrir la faiblesse secrète qui peut arrêter un oligarque.
Avec Ştampila, David Arnaud Larson offre un film politique, mais divertissant, qui montre que lorsque le peuple se lève, de vrais changements peuvent se produire dans la société.
La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe. Elle a été contrôlée pendant des années par un puissant oligarque connu sous le nom de « Marionnettiste ». En 2014, le Marionnettiste et ses associés ont pillé plus d’un milliard de dollars du trésor moldave. Il s’agit du plus grand vol public de l’histoire européenne moderne.
En 2018, le Marionnettiste était au sommet de son pouvoir. Il contrôlait le pouvoir exécutif de la Moldavie, la majorité parlementaire et la plupart des médias du pays. Il a même engagé des conseillers politiques américains pour l’aider à conserver le pouvoir.
C’est à ce moment que David Arnaud Larson décide de faire ce film, avec l’espoir que son film pourrait contribuer au réveil des gens. On réalise difficilement à quel point faire du cinéma peut s’avérer dangereux. Pour tourner son film, le réalisateur a dû fournir le scénario au gouvernement afin de le faire approuver. Il a ainsi fourni un faux texte en prenant le risque de se faire arrêter si on découvrait la vérité.
Mais ce qui est extraordinaire ici, c’est que David Arnaud Larson a non seulement réussi à réaliser son excellent film, mais que le sujet fictif du film est finalement devenu réalité lorsqu’un mouvement contre la corruption a commencé en Moldavie.
Ce qui fait de Stampila une œuvre à part, c’est la façon qu’elle a de mélanger l’historique au divertissant, le lourd au léger. Peu de réalisateurs parviennent à mettre en images des histoires politiques se déroulant dans les pays de l’Est sans tomber rapidement dans la guerre entre Russes et Américains. Bien que ce volet soit présent dans le film, il reste en second plan. Ce qui importe, c’est de dénoncer la corruption et de hurler haut et fort l’amour – pour le réalisateur –qu’il a pour la Moldavie. Comme ils disent dans le film : « la Moldavie est un petit pays, pas un pays stupide. »
Mais au-delà de l’histoire de ce petit pays, il y a une prise de position contre les pouvoirs oligarchiques.
« My film is a warning about oligarchy, but it also has a hopeful message in that it shows the weakness of oligarchs. If public opinion turns against them, they’re finished (that’s why they try to control the media – i.e. Bezos with the Washington Post and Musk with Twitter). »
David Arnaud Larson
[Mon film est un avertissement contre l’oligarchie, mais il contient aussi un message d’espoir dans la mesure où il montre la faiblesse des oligarques. Si l’opinion publique se retourne contre eux, ils sont finis (c’est pourquoi ils essaient de contrôler les médias – c’est le cas de Bezos avec le Washington Post et d’Elon Musk avec Twitter).]
Il serait facile pour les gens de l’Ouest de se dire que ce genre de choses n’arrivent que dans les pays de l’Est. Mais on pourrait se rappeler que l’Italie a longtemps été dirigée par des gouvernements ultra-corrompus.
Ainsi, en misant sur une histoire bien écrire, des acteurs talentueux et une solide véracité, le réalisateur réussit à intéresser le spectateur à sa cause et à ce pays que bien des gens ne sauraient situer sur une carte.
Déjà, le film en soi mérite d’être vu. Mais lorsqu’on connaît la petite histoire derrière la production du long métrage, on réalise encore plus l’importance d’une telle œuvre.
Lorsque l’équipe a décidé de faire un film de fiction sur le renversement du véritable oligarque, les membres avaient peur d’être pris et expulsés (ou pire). Ainsi, ils avaient un faux scénario (une histoire d’amour) et un plan pour tourner un long métrage entier en 21 jours, le plus vite possible, avant que l’oligarque ne découvre de quoi parlait vraiment le film. Au cours de la dernière semaine de tournage, le Ministère de la Sécurité intérieure s’est méfié et a annulé les tournages et menacé tous les acteurs moldaves.
Quand on dit que parfois la réalité dépasse la fiction…
Un dernier point mérite particulièrement d’être mentionné. Ştampila montre aussi ce qu’est le travail de ces boîtes de gestion d’images et de communications spécialisées qui suivent les politiciens afin de les aider à passer leurs messages et, surtout, à faire disparaitre ce qui pourrait être négatif. En y ajoutant un peu d’humour, le message passé plutôt aisément et le spectateur aura du plaisir tout en repartant du visionnement avec quelques petits questionnements en tête.
Bande-annonce
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