Si l’industrie de l’animation en Asie est principalement dominée par les géants japonais, cela n’empêche pas d’autres pays du continent à se lancer dans le domaine. Cependant, si ces films ne sont pas aussi connus que leurs homologues nippons, c’est moins à cause de leur nombre que de leur présence à l’international. Autre que la Corée du Sud (Seoul Station, Nous les chiens) ou même la Thaïlande (Mantra Warrior: The Legend of the Eight Moons, présenté cette année à Fantasia), le pays qui pourrait concurrencer le Japon est la Chine.
C’est surtout parce que ces films ont eu droit à une bonne distribution à travers le monde, permettant à des cinéphiles occidentaux de découvrir ces films. Parmi les exemples connus, il y a le film Wish Dragon (qui est certes un film américain, mais avec une grande implication de la Chine dans la production), mais aussi White Snake en 2019 et le récent succès Deep Sea. Si ces films sont en 3D, il existe quand même des œuvres dessinées à la main, comme ici avec The Umbrella Fairy.
Semblable, mais différent
Dans ce monde que l’on croirait tiré de légendes chinoises, chaque objet important possède un esprit qui le représente, aussi appelé fée. C’est le cas de Qingdai et Wanggui, les fées respectivement liées à un parapluie et une épée, toutes les deux fabriquées avec un même morceau de jade. Quand ces deux objets se retrouvent laissés dans un pavillon royal, Wanggui s’enfuit. Qingdai, accompagné d’un jeune artisan capable de voir les fées, va partir à sa recherche, car telle était la volonté de son ancienne maîtresse. Une intrigue remplie d’aventures, de poésie et d’émotions qui rappelle les films du Studio Ghibli, notamment ceux d’Hayao Miyazaki, surtout quand on voit le design qui est assez ressemblant aux films du studio japonais. Mais The Umbrella Fairy prend heureusement sa propre voie.
The Umbrella Fairy est la première réalisation de Jie Shen, qui avait auparavant œuvré en tant que directeur artistique sur différents films d’animation. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il possède en effet une grande vision artistique, car The Umbrella Fairy est visuellement magnifique. Non seulement le film possède des animations fluides et plusieurs idées visuelles, il excelle aussi dans son utilisation des couleurs et des effets de lumière. On sent que les animateurs ont donné le meilleur de leur capacité pour offrir un véritable festin pour les yeux des spectateurs.
L’écriture
Le message du film est bien pensé. L’idée de donner aux objets significatifs des esprits qui les représentent est plutôt bien aboutie et réfléchie. Par exemple, que fait l’esprit d’une arme quand sa fonction est de tuer et qu’elle ne sert plus à rien, ou comment se sent une fée qui représente l’objet d’un être cher mort. Cela parle de comment certains objets, même les plus anodins, peuvent être la source de nombreux souvenirs, ainsi que comment les humains peuvent en faire un usage noble ou égoïste. Cependant, même si le concept est bon et bien utilisé, il ne l’est pas assez, le film ne saisissant pas tout le temps l’occasion.
Le scénario aurait effectivement pu être plus fourni. C’est surtout que la plupart des personnages manquent de développement, surtout un méchant qui semble arriver de nulle part. L’histoire semble aussi aller trop vite, avec certes quelque temps mort poétique, mais un manque de péripéties qui entachent l’aspect aventure du film et même un manque de scènes d’humour, ce qui rendrait le film plus intéressant pour les enfants. C’est certain que faire un film d’animation prend du temps, surtout à la main, et qu’il est préférable d’avoir un film de courte durée. Néanmoins, The Umbrella Fairy aurait bénéficié de 10 à 20 minutes supplémentaires, ou sinon de mieux gérer son intrigue. Autre petit défaut, la bande sonore est certes très bonne, avec une sublime scène de danse, mais elle est omniprésente, surtout dans des scènes dont l’impact aurait pu être plus grand sans musique.
The Umbrella Fairy possède quelques problèmes scénaristiques qui l’empêchent de se placer aux côtés des plus grands films d’animation asiatiques, mais il vaut complètement le coup pour ses magnifiques images. Avec un script plus solide, Jie Shen pourrait vite devenir un grand nom de l’industrie.
The umbrella fairy est présenté au Festival Fantasia, le 28 juillet 2024.
