« Focus on the pendulum. » [Focalisez sur le pendule.]
Certains réalisateurs hollywoodiens ont une réputation particulière. S’ils ne sont pas considérés comme des auteurs à part entière, ils sont quand même reconnus pour avoir réalisé plusieurs films cultes à succès et sont considérés comme des artisans compétents. De plus, certains ont fait leur carrière pendant les années 80 et 90, ce qui fait en sorte que la nostalgie de ces années donne une nouvelle admiration pour leurs films. De plus, ils continuent à travailler aujourd’hui, mais n’ont plus la réputation d’avant. C’est notamment le cas de John Badham (Saturday Night Fever, War Games, Short Circuit), Joe Johnston (Chérie, j’ai réduit les enfants, Rocketeer, Jumanji) et, le cas qui nous intéresse aujourd’hui, Chuck Russell.
Ce dernier a réalisé de nombreux films cultes, que ce soit le troisième volet des Griffes de la nuit (le plus apprécié des fans), le remake du Blob en 1988 ainsi que The Eraser avec Arnold Schwarzenegger en 1996. Son fait le plus connu reste cependant The Mask en 1994, sans aucun doute un des meilleurs Jim Carrey. Cependant, le réalisateur s’est montré plus discret les années suivantes. Sa dernière grosse sortie était en 2002 pour Le Roi Scorpion, le spin-off du Retour de la momie avec Dwayne Johnson. Après des films discrets avec John Travolta et même un passage dans le cinéma indien, Chuck Russell revient pour le Festival Fantasia avec Witchboard, un film qu’il a réalisé, écrit, produit et qui a été tourné à Montréal.
Retour vers les années 80
Il s’agit d’un remake du long-métrage éponyme sorti en 1986. Si l’original posait son intrigue avec une planche de ouija, le remake met l’emphase sur le terme « Witch », car il est question d’une jeune fille qui trouve « par hasard » une étrange planche à pendule qui permet de contacter les esprits. Mais lorsqu’elle l’utilisera, elle se retrouvera dans les paumes d’une ancienne sorcière.
Le film s’inspire beaucoup des films d’horreur des années 80 et 90. Pas seulement parce qu’il s’agit d’un remake d’un film de cette période, mais aussi à travers son ton. En effet, s’il reste un film d’horreur, il se permet une approche plus délirante du genre, ne se basant moins à créer un sentiment de peur chez le spectateur que de faire du grand spectacle avec des éléments horrifiques.
Un ton auquel le réalisateur Chuck Russell est habitué, car il l’avait déjà fait par le passé avec Les Griffes de la nuit 3 et The Blob. Avec Witchboard, il se fait toujours aussi plaisir derrière la caméra, faisant preuve d’une mise en scène dynamique multipliant les effets. Cela apporte l’esprit fun du long-métrage, tout comme ses nombreuses scènes gores, dont une qui nous rappelle les procédures de sécurité dans une cuisine.
Mais décevant
On peut cependant regretter des effets numériques peu aboutis, dont du sang en CGI omniprésent qui plombe l’immersion, ainsi que des acteurs aux performances très approximatives. Mais le plus gros défaut du film reste son scénario extrêmement bancal.
Très prévisible, rempli de personnages peu attachants et mal développés, dont un méchant hyper caricatural, des dialogues mal écrits souvent maladroitement drôles, le tout avec de gros clichés de films d’horreur qui viennent d’un autre temps. Ils nous ont fait le jumpscare du chat qui passe, même deux fois.
Les volontés de Chuck Russell, avec Witchboard, de renouer avec les films d’horreur qui ont fait sa renommée sont louables. Cependant, même les meilleures intentions ne peuvent pas faire un bon film.
Witchboard est présenté au Festival Fantasia, le 26 juillet 2024.
