The Beast Within - Une

[Fantasia] The Beast within – Une bête qui aboie plus qu’elle ne mord

« They are two wolves inside us, they always be… (proverb) »
[Ce sont deux loups en nous, ils le seront toujours… (proverbe)]

The Beast Within - Official Poster

Attention cette critique contient des spoilers!!!

Après une série d’événements étranges qui l’ont amenée à s’interroger sur la vie isolée de sa famille dans une enceinte fortifiée au cœur de la nature anglaise, Willow (Caoilinn Springall), 10 ans, suit ses parents lors d’une de leurs randonnées secrètes nocturnes au cœur de l’ancienne forêt. Mais en voyant son père subir une terrible transformation, elle se retrouve elle aussi prise au piège du sombre secret ancestral qu’ils ont si désespérément essayé de dissimuler.

L’éveil nocturne d’une vérité terrible

Chacun de nous possède une bête intérieure, une dimension sauvage qu’on essaye de contrôler et de canaliser. Chacun a ses moyens pour y parvenir. Encore faut-il que ce soit efficace dans tous les cas de figure. D’un point de vue philosophique, The Beast Within se transforme en une analogie assez pertinente si on la place dans notre contexte actuel pour concrétiser le fameux adage « l’homme est un loup pour l’homme ». Une sorte de métaphore qui, d’un point de vue thématique, s’engouffre dans la déconstruction de la bestialité de l’être et de son origine. Pourquoi possède-t-on ce côté? Est-ce parce qu’in fine nous ne sommes que de simples mammifères voués à réfréner nos pulsions? La question reste ouverte.

The Beast Within - Ashleigh Cummings - Éveil nocturne
La mère (Ashleigh Cummings)

À la fois cryptique et mystérieux dans sa construction scénaristique, le deuxième long métrage d’Alexander J. Farrell plonge son spectateur dans l’histoire d’une famille anglaise que les yeux de leur fille Willow, 10 ans, tentent de nous décrire d’une manière à la fois innocente et inquiétante. En effet, la trame ne se concentre pas sur les péripéties de cette petite famille, mais bien sur celles de Willow. Cette petite fille qui navigue entre les murailles de leur maison fortifiée, qui regarde en cachette ses parents partir au loin dans la verdure anglaise que les plans de drones ne cessent de mettre en valeur.

Il est commun d’utiliser le genre horrifique pour dépeindre et aborder des sujets sombres et sensibles. Il est tout aussi commun, pour ce genre cinématographique, de répondre à des codes bien précis. The Beast Within, dans son premier tiers, pose bien les bases du récit, à travers une photographie léchée et une caméra au plus près des personnages qui donne l’impression de dégager une atmosphère onirique, mais terrifiante, que la musique tente de souligner maladroitement.

Si Alexander J. Farrell s’échine à démontrer ses prouesses esthétiques, c’est avant tout pour combler un certain vide d’idées que même les apparitions de Kit Harington ne peuvent dissimuler.

Kneel before your King

Oui, les prouesses de Kit Harington sont à souligner, l’aura que dégage l’acteur redonne un peu de densité à un film qui, certes s’est engouffré dans des sujets sensibles (l’enfance, les liens familiaux, la violence, la solitude, la perte de l’innocence) mais s’est terriblement enlisé dedans jusqu’à rendre le tout confus, voire incompréhensible, par moments. L’acteur britannique arrive à donner de la consistance à des dialogues parfois vides de sens. Il parvient à donner, par son charisme, de la teneur et une dynamique intérieure via la relation avec sa bien-aimée interprétée par Ashleigh Cummings.

The Beast Within - Kneel before your king -WellGoUSA
Willow (Caoilinn Springall) et son père (Kit Harington)

Des moments de grâce que la mise en scène et les plans gâchent et dont ils inhibent le charme.

Derrière les murs, la bête sommeille

Si la bête qui est en moi prenait le relais, elle vous dirait certainement que le film est un enchaînement de faux raccords, de personnages à la lisière de la mort qui, de manière surprenante, reprennent vie. Si la bête qui est en moi prenait le relais pour continuer à écrire, elle vous dirait certainement qu’elle a décroché très (trop) vite d’une histoire qui veut forcer la peur chez le spectateur, qui veut cacher de nombreuses faiblesses de mise en scène et de réalisation par une musique qui donne mal aux tympans plus qu’elle ne les réconforte. Oui, ma bête intérieure est méchante, ma bête intérieure ne s’est pas reconnue dans le film.

The Beast Within - Derrière les murs - Caoilinn Springall

Les intentions du réalisateur sont difficilement compréhensibles, l’articulation de son propos tangue vachement au point parfois de vider certains codes connus du film d’horreur en des clichés maintes fois raillés. C’est bien cela! Des intentions nobles dans leur essence, mais mal exprimées dans cette œuvre.

Toutefois, du crédit est à concéder sur l’aspect psychologique, surtout celui dégagé par Willow qui, malgré son jeune âge, tient la corde et tente d’emmener le spectateur dans ses entrailles émotionnelles. Des entrailles que les secrets familiaux ont déformées en cauchemar. Un cauchemar que les dernières scènes du film diluent dans une suite de flashbacks sortis de nulle part, laissant le spectateur pantois et interrogateur. L’histoire tourne-t-elle réellement autour d’une bête ou du concept de la bête?

Chacun de nous possède une bête intérieure qu’on essaye d’apprivoiser. Cherchant à donner du spectacle ainsi que des sueurs froides, Alexander J. Farrell propose une bête qui manque cruellement de mordant.

The beast within est présenté au Festival Fantasia, le 22 juillet 2024.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
The beast within
Durée
96 minutes
Année
2024
Pays
Royaume-Uni
Réalisateur
Alexander J. Farrell
Scénario
Greer Ellison et Alexander J. Farrell
Note
5.5 /10

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Fiche technique

Titre original
The beast within
Durée
96 minutes
Année
2024
Pays
Royaume-Uni
Réalisateur
Alexander J. Farrell
Scénario
Greer Ellison et Alexander J. Farrell
Note
5.5 /10

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