「今度 返すからさ、許してちょんまげ。」
« Je te rembourserai la prochaine fois, alors pardonne-moi, d’accord? »
Des personnages omniprésents dans les histoires folkloriques japonaises sont les yokais. Ce sont des créatures surnaturelles souvent décrites comme des esprits malfaisants, un peu l’équivalent des poltergeists en occident. Si la plupart des histoires maintiennent leur statut de créatures maléfiques, d’autres ont la particularité de leur donner une image plus positive, voir sympathique ou mignonne.
C’est surtout le cas dans les mangas et les animes. Le précurseur du style est GeGeGe no Kitaro, un manga écrit par Shigeru Mizuki qui est très populaire au Japon et qui a popularisé les créatures dans la culture populaire du pays. On peut citer d’autres exemples comme le film Pompoko, réalisé par le Studio Ghibli et son cofondateur Isao Takahata, Nura : Le Seigneur des Yokaï, un manga d’Hiroshi Shiibashi prépublié dans le Shonen Jump, ou bien Yo-kai Watch, un jeu à la Pokémon mettant en scène des yokais. Sinon, nous avons droit, cette année à Fantasia, à Ghost Cat Anzu, une production franco-japonaise adaptant le manga éponyme de Takashi Imashiro.
L’esprit ici est Anzu, un chat fantôme au comportement humain qui est l’esprit gardien du temple d’un petit village au Japon. C’est dans cet endroit que débarque Karin, une jeune fille qui est laissée au temple familial par son père endetté. Mais ce nouveau décor la laisse de marbre et lorsqu’elle souhaite visiter la tombe de sa mère à Tokyo, elle et Anzu vont vivre de folles aventures surnaturelles.
Lors de son passage à la Quinzaine des réalisateurs et au Festival international du film d’animation d’Annecy, le film a souvent été comparé à Mon voisin Totoro. Les deux films partagent le même récit d’une jeune fille qui déménage en campagne et rencontre un esprit amical. Mais ici, remplaçons le grand ours enthousiaste et joueur qu’est Totoro par un chat qui parle et se comporte comme un homme d’âge mûr.
Anzu est la principale qualité du film. Son comportement loufoque alliant celui d’un adulte un peu blasé de la vie avec des tics de chat le rendent attachant et drôle à suivre. On a droit ici au pendant japonais de Garfield, l’addiction au pachinko en bonus.
Le film est aussi rempli de moments loufoques avec des personnages hauts en couleur. Autre Anzu, on sympathise avec Karin et ses troubles émotionnels, les autres habitants du village ainsi que des esprits des alentours. Le tout avec beaucoup d’humour.
Le scénario prend même une tournure épique dans sa dernière partie, faisant une visite dans le royaume des morts. Mais même si ce nouvel environnement est très inventif, il reste que cette fin clashe avec le reste du film et donne un développement de personnage assez maladroit. À la manière de Totoro, le film aurait dû se concentrer avec une structure axée sur les tranches de vie.
Le film brille aussi par son animation. Réalisé par une vétérane du milieu ainsi qu’un réalisateur plus habitué à la prise de vues réelles (dont les films Confession et Swimming in a Sand Pool sont aussi présentés cette année à Fantasia), le film utilise la technique de la rotoscopie, soit de dessiner sur les mouvements d’une vraie personne. L’illusion est ici parfaite, on sent que les personnages bougent de façon fluide, mais restent intégrés aux dessins. Le film regorge aussi de designs loufoques et mémorables qui font aussi en sorte de rendre les personnages du film uniques. Cependant, on sent que l’animation est à ses limites lors des scènes plus axées sur l’action.
Ghost Cat Anzu est un parfait film d’animation familial. Les enfants vont s’amuser devant le comportement félin du fantôme, alors que les adultes pourront rire de ses actions qui ressemblent plus aux leurs. Il n’arrive peut-être pas au même niveau que la mascotte des Studio Ghibli, mais Anzu va très certainement charmer de nombreux spectateurs.
Ghost Cat Anzu est présenté au Festival Fantasia, le 21 juillet 2024.
Bande-annonce
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