« Nah, I’m guilty. »
[Nah, je suis coupable.]
Deux amis traversent péniblement une forêt du Michigan avec l’intention de mettre en œuvre un pacte inquiétant. Après leur échec, l’un d’eux doit rentrer chez lui pour faire face aux répercussions juridiques et émotionnelles.
Avec Vulcanizadora, Joel Potrykus propose son œuvre la plus sincère et la plus personnelle. Un film sur les difficultés de la vie, l’introspection et les erreurs que l’on fait.
Il y a un petit quelque chose dans Vulcanizadora qui rappelle certains films de Gus Van Sant. Je pense particulièrement à Gerry, film dans lequel deux hommes marchent pendant toute la durée du film, pour finir de façon quelque peu tragique. Ici aussi, donc, on se retrouve avec un film lent, misant sur seulement deux personnages se promenant dans un endroit isolé. Là où le film de Van Sant était surtout contemplatif, celui de Potrykus se veut une réflexion sur sa propre vie.
« One of my biggest concerns about fatherhood is that I’d soften up and start telling stories of hope and inspiration. Five years after the birth of my one and only son, and I’m mostly consumed with fears of inadequacy, abandonment, and mortality; going to prison by accident, falling off a cliff by accident, jumping off a cliff by accident. Vulcanizadora is my most heartfelt and personal, but not in a good way. It’s my most sincere and emotional, but also my bleakest and most haunting. » [L’une de mes plus grandes inquiétudes concernant la paternité est que je m’adoucisse et commence à raconter des histoires d’espoir et d’inspiration. Cinq ans après la naissance de mon seul et unique fils, je suis surtout rongé par la peur de l’incapacité, de l’abandon et de la mortalité; aller en prison par accident, tomber d’une falaise par accident, sauter d’une falaise par accident. Vulcanizadora est mon film le plus sincère et le plus personnel, mais pas dans le bon sens. C’est mon plus sincère et émouvant, mais aussi le plus sombre et le plus obsédant.]
Tout au long de cette promenade dans les bois, Derek (Joel Potrykus) jacasse pratiquement seul, pendant que Martin (Joshua Burge), tout comme le spectateur, est exaspéré par la diarrhée verbale de son ami.
Pendant toute la première heure du film, Derek nous est antipathique. Je me suis même pris à espérer qu’il tombe dans un trou et meurt. Puis, les dernières minutes nous amènent à revoir notre position sur cet homme brisé, et plus pathétique que fatigant. C’est probablement ça qui est le plus intéressant dans ce long métrage. Il nous amène à reconsidérer notre opinion. Et dans un monde dans lequel les opinions sont de plus en plus cristallisées, ce n’est pas une mince affaire.
Mais au centre de ce récit, il y a les difficultés de la vie que vivent ces deux hommes. D’un côté, il y a celui qui a commis un geste répréhensible pour lequel il a fait un court temps de prison. De l’autre, il y a celui qui a vécu une vie dans laquelle il a fait bien des erreurs pour lesquelles il n’a pas encore pris responsabilité.
La longue marche montrera une évolution émotionnelle pour Derek. À mesure qu’on avance, il s’ouvrira sur ses sentiments et, tout en continuant à parler sans arrêt, commencera à parler de lui, son passé, ses erreurs et comment tout cela lui rend la vie insupportable par moments. Seulement à ce moment-là le spectateur pourra enfin commencer à s’identifier à lui.
Quand on prend le temps d’écouter ces deux hommes, on voit que malgré qu’ils soient très différents, leurs angoisses se recoupent. Le long monologue que nous offre Derek vers la fin du film viendra toucher un grand nombre de papas qui ont possiblement vécu les mêmes stress et les mêmes peurs.
Vulcanizadora est, au final, un film introspectif qui pourra en repousser certains. Nous sommes loin du film typique qu’on retrouve à Fantasia. Sauf peut-être pour une ou deux scènes plutôt explosives.
Pour plonger un peu plus à l’intérieur de cette histoire hors-norme, je vais rencontrer le réalisateur. Je vous offrirai la transcription de cette rencontre dans les prochains jours.
Vulcanizadora est présenté au Festival Fantasia, les 19 et 23 juillet 2024.
Bande-annonce
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