« Vas-tu passer en Corée du Sud? »
Après avoir accompli ses dix années de service militaire et avoir été honoré en tant que héros, un sergent nord-coréen tente soudainement de passer au Sud, au péril de sa vie, pour avoir enfin la chance de décider de son propre destin.
C’est bien connu, la péninsule coréenne est séparée en deux pays. La Corée du Sud, un État démocratique, ainsi que la Corée du Nord, un pays reconnu pour son régime communiste et totalitaire qui prône l’autosuffisance et qui nourrit sa population de propagande. Les deux pays sont dans une tension continue, séparés par une zone démilitarisée où une guerre peut se déclencher à tout moment. S’il s’agit d’un enjeu politique important pour les deux pays, c’est aussi une excellente source d’inspiration pour les cinéastes coréens.
L’exemple le plus connu est Joint Security Area, sorti en 2000 et réalisé par Park Chan-wook. Il s’agit non seulement du premier film à dessiner un portrait nuancé du conflit, mais il a aussi eu droit à un budget conséquent et à fait le tour des festivals mondiaux, ce qui en fait un précurseur du succès de Oldboy, qui sera réalisé aussi par Park Chan-wook, et du début de la renommée mondiale du cinéma sud-coréen. D’autres films ont abordé ce sujet, comme Escape from Mogadishu, Steel Rain ou encore Hunt. Cette année, nous avons droit à une autre proposition avec le film Escape.
La particularité du film de Lee Jong-pil est que l’on ne suit pas des personnages sud-coréens, mais des nord-coréens. Plus précisément le sergent Lim Gyu-nam (Lee Je-hoon), un soldat nord-coréen qui planifie de s’enfuir vers l’autre côté de la frontière pour une meilleure vie. Au moment de mettre son plan en exécution, il se retrouve dans la mire de Lee Hyeon-sang (Koo Kyo-hwan), un officier du Département de la sécurité nationale et un ami d’enfance, qui fera tout pour le rattraper.
Le pitch du film est assez simple. En même temps, le film ne brille pas par son scénario, mais par sa réalisation et son action. Là-dedans, le film se débrouille pas mal. Les séquences sont construites autour d’enjeux importants et amènent une certaine tension. Je pense notamment à la scène d’introduction, dont la construction est plutôt intelligente et nous place directement dans l’ambiance du film. La dualité entre le protagoniste et l’antagoniste est aussi intéressante et amène un aspect émotionnel au conflit du film.
Cependant, si les scènes d’action et la réalisation sont efficaces, le montage reste, quant à lui, assez brouillon. Pour revenir à la scène d’introduction, il y a certains raccords d’images qui font mouche, mais quand on montre une chute d’une fenêtre en trois plans alors que ça n’en nécessite qu’un, on y voit une certaine maladresse. Ça rappelle la séquence de Taken 3 où ça prend 10 plans pour montrer Liam Neeson grimper à une clôture. De plus, Escape regorge d’effets de montage qui ne sont pas nécessaires.
Mais le véritable problème du film, c’est qu’il fourmille d’idées, mais elles ne sont pas assez exploitées. La plus intéressante reste le fait que le personnage de Lee Hyeon-sang semble être homosexuel et est attiré par le protagoniste. Cela donne une autre dimension à son personnage, que ce soit dans son passé, dans la relation avec Gyu-nam ainsi que dans sa fidélité dans le régime nord-coréen, l’homosexualité n’étant pas reconnue en Corée du Nord. Cependant, cet aspect n’est pas plus exploré et le long-métrage n’y donne pas de réelle importance.
Escape est un film d’action correct, mais sans plus. C’est un film divertissant, avec un concept intéressant, mais le résultat est très brouillon. Que ce soit pour un simple film d’action, un film sur la relation entre la Corée du Sud et du Nord ou bien les deux à la fois, il vaut mieux écouter d’autres films coréens qui sont mieux maîtrisés, dont Joint Security Area.
Bande-annonce
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