« You’re a fucking movie star. » [Tu es une putain de star de cinéma.]
Après avoir surpris le public avec X et Pearl en 2022, Ti West revient pour conclure sa trilogie avec Maxxxine. Chaque film de cette série explore des thèmes profonds liés à l’art, à la célébrité et aux sacrifices nécessaires pour atteindre le succès, tout en adoptant un style cinématographique distinct. Si X puisait dans l’esthétique des slashers et de l’horreur folklorique et que Pearl s’inspirait des thrillers hitchcockiens et du Technicolor, Maxxxine nous plonge dans l’univers coloré et décadent des années 1980, où les rêves hollywoodiens se confrontent à une réalité souvent brutale.
L’intrigue du film se déroule en 1985, cinq ans après les événements traumatiques de X. Maxine Minx, une jeune actrice de films pornographiques à petit budget, est déterminée à se faire un nom à Hollywood. Elle décroche un rôle dans un film d’horreur sans budget, une opportunité qui, malgré ses limitations, pourrait être sa grande percée. Cependant, les rues de Los Angeles, avec leur éclat superficiel et leur noirceur sous-jacente, sont bien loin d’être sûres.
Un voyage dans les années 80
Maxxxine nous plonge dans les bas-fonds d’Hollywood, un monde peuplé de tueurs en série, de stars du soft porn, et d’acteurs déchus, tous prêts à tout pour atteindre la gloire.
Le film aborde l’envers du décor de l’industrie cinématographique, révélant les aspects sombres et souvent exploitants du show-business. À travers le parcours de l’héroïne, Ti West nous montre comment les rêves de gloire peuvent être manipulés par des agents sans scrupules, des réalisateurs impitoyables, et des producteurs avides de profits. L’industrie est dépeinte comme un terrain de jeu où les plus faibles sont souvent écrasés par des personnalités plus puissantes, et où l’innocence est rapidement corrompue.
Maxine goes to Hollywood – La brutalité de la réalité
Maxine, interprétée avec brio par Mia Goth, est dépeinte comme une jeune femme déterminée à tout sacrifier pour atteindre ses objectifs. Elle incarne l’ambition pure, l’aspiration à la grandeur et le désir de transcender ses origines modestes. Elle doit naviguer dans un environnement hostile, affronter des dilemmes moraux et confronter ses propres limites. Les relations qu’elle entretient, tant professionnelles que personnelles, sont souvent marquées par la manipulation et la trahison, révélant la nature hypocrite et intéressée du show-business. Cependant, cette ambition est aussi sa plus grande vulnérabilité. Dans sa quête de reconnaissance, elle est prête à compromettre ses valeurs, à s’engager dans des relations toxiques et à prendre des décisions qui mettent en péril sa santé mentale et physique. Ti West utilise ce personnage pour illustrer le coût personnel de la célébrité et le danger de perdre son humanité en poursuivant un rêve.
Esthétique et influences – Hommage aux maîtres du cinéma
Le réalisateur rend hommage aux maîtres du cinéma comme Brian De Palma, maître du suspense et de la manipulation psychologique, comme en témoignent Blow Out et Body Double. Les séquences de poursuite et les angles de caméra sont des hommages évidents à ce réalisateur. Les références à Alfred Hitchcock se manifestent dans la tension croissante et les retournements de situation imprévus, rappelant des œuvres telles que Psychose et Vertigo. Paul Schrader, connu pour ses explorations des thèmes de l’obsession et de la rédemption dans des films comme Taxi Driver et American Gigolo, influence également la construction des personnages. Le film évoque également le giallo, un genre italien mêlant policier, thriller et érotisme, popularisé par Dario Argento. Ces influences se manifestent dans la construction de l’intrigue, la mise en scène des scènes de tension, et l’utilisation des éléments visuels et sonores pour maintenir le spectateur en haleine.
Contrairement aux deux premiers volets qui se déroulaient dans une ferme isolée, Maxxxine se situe en plein cœur de la ville, offrant une esthétique radicalement différente. Los Angeles devient alors un personnage à part entière, un labyrinthe de dangers et de tentations. Les néons vifs de Sunset Boulevard illuminent les scènes, créant une atmosphère à la fois glamour et inquiétante. Les couleurs éclatantes contrastent avec les lieux sombres où se déroule l’histoire, rappelant les codes du film noir et du giallo. Cette différence entre l’éclat des lumières de la ville et la noirceur des événements reflète les thèmes de dualité et de déception inhérents à l’industrie du cinéma.
Les personnages secondaires sont également soigneusement élaborés pour enrichir cette exploration thématique. Chacun d’eux apporte une perspective différente sur l’industrie du cinéma, leurs propres ambitions et désirs se heurtant souvent à ceux de Maxine.
L’agent de Maxine, interprété par Giancarlo Esposito, est le mentor manipulateur, un homme qui voit en elle un moyen de réaliser ses propres ambitions. Sa relation avec elle est complexe, mêlant manipulation et mentorat, soutien et exploitation. Il incarne les figures de pouvoir dans l’industrie du cinéma qui exploitent les rêves des jeunes talents pour leur propre gain.
Le mystérieux harceleur nocturne, par exemple, représente l’obsession et la possession, un miroir sombre de l’aspiration de Maxine à être vue et reconnue.
Les flics joués par Bobby Cannavale et Michelle Monaghan ajoutent une dimension de loi et d’ordre, essayant de naviguer dans un monde où les règles sont souvent floues et la justice difficile à atteindre.
Même si l’intrigue est moins originale que les précédents volets, Maxxxine est une réussite qui s’inscrit parfaitement dans l’univers créé par Ti West. Il a réussi à mêler horreur et drame psychologique, créant un film qui non seulement divertit, mais pousse également à la réflexion sur les coûts réels de la célébrité et la nature de l’ambition humaine.
Ainsi, ce film conclut parfaitement les thèmes des trois œuvres, explorant le culte de la beauté, la violence, et l’industrie du cinéma. Les amateurs de cinéma et les fans de Mia Goth ne seront pas déçus par ce dernier chapitre, qui s’annonce à la fois fascinant et dérangeant.
Maxxxine arrive en salle le 5 juillet et promet de clôturer cette trilogie avec panache.
