« Tu sais à quel point ces gens sont effrayants. S’ils viennent pour se venger, tu crois que Yati et toi survivrez? »

Après avoir enfreint le protocole lors d’un siège surprise au palais de justice qui le laisse aveugle pour toujours, un capitaine du SWAT se retire des forces en disgrâce. Mais alors qu’il s’adapte à sa nouvelle réalité de civil, sa fille bien-aimée est kidnappée, l’obligeant à rechercher un allié improbable pour l’aider à obtenir justice dans l’ombre.

Blind War, de Suiqiang Huo part d’un postulat de base : celui d’un homme, un ancien agent de la paix surentrainé, qui part à la recherche de sa fille qui a été capturée par un gang criminel, ici une organisation qui fait de la traite humaine. C’est presque exactement la même histoire que Taken, sorti en 2008, les trafiquants d’esclaves avec. Cependant, la grosse originalité est qu’au lieu que ce soit Liam Neeson, le personnage principal est Chinois et aveugle.

Au cinéma, il y a deux façons de décrire la cécité. Il y a la manière réaliste, surtout dans des genres plus ancrés dans notre façon de vivre comme les drames ou les comédies. On retient surtout les performances d’Al Pacino et de Jamie Foxx dans Scent of a Woman et Ray, des rôles qui leur ont chacun valu un oscar. Et puis la façon « Daredevil », où comme le super-héros créé par Marvel, le handicap aux yeux de la personne ne pose pas de problèmes, arrivant même à réaliser des actions que l’on peut considérer comme surhumaines. Citons en exemple la prolifique saga japonaise Zatoichi, le film d’horreur Don’t Breathe ou bien l’acteur Donnie Yen, qui a joué à deux reprises un artiste martial aveugle pour Hollywood dans Rogue One et John Wick 4.

Paf, paf, paf…

C’est dans cette deuxième catégorie qui se retrouve Dong Gu, incarné par Andy On, un ancien agent du SWAT qui a perdu la vue suite à une opération où il fut le seul survivant, mais dont ces sens restants, plus aiguisés — en particulier l’ouïe —, lui permettent d’affronter des adversaires de plus en plus dangereux. La comparaison avec Daredevil est là vraiment assumée, avec notamment une scène où il utilise des balles pour un simili-écholocalisation. L’idée est plutôt originale, mais est exécutée de façon un peu trop tirée par les cheveux. Certes, les exemples cités plus tôt peuvent paraitre aussi exagérés, mais elles sont implantées de façon plus cohérente. Ici, on a plus l’impression que le gars est un super-héros.

Ça amène quand même des scènes d’action spectaculaires. Si elle n’est pas irréprochable, la réalisation met bien en avant l’intensité de l’action, surtout avec certaines séquences en plan-séquence qui sortent tout droit d’un film hollywoodien. De plus, le film fait preuve de créativité dans la manière d’implanter la cécité du protagoniste dans les combats, même si encore là, ça reste un peu trop extravagant. De plus, la mise en scène devient vite cheap lorsqu’elle utilise des effets de montage superflus, sans parler des images de synthèses très visibles.

Le scénario

Quant au scénario, une autre originalité dont fait preuve le film est la partenaire du héros. En effet, alors que la majorité des films choisiront de mettre avec le héros un de ses amis ou un jeune inconnu qui va finir par le suivre, ici, Dong Gu est accompagné par Xi na, une criminelle dont le fiancé a été tué lors de la fusillade qui a handicapé Dong Gu et qui a juré vengeance sur lui. Profitant de son état, elle décide de l’aider dans l’espoir de se venger dès qu’il retrouvera sa fille. Ça crée un duo inattendu, jouant avec l’ironie dramatique du spectateur.

Néanmoins, le reste du scénario reste très faible. Non seulement, il manque d’originalité et est très prévisible, mais une grande partie des personnages sont mal écrits et très caricaturaux, avec un jeu d’acteur qui ne les aide pas. Ça se voit en particulier avec les méchants, qui ont un comportement ridiculement cruel. Le plus gros gâchis étant Xi Na, qui aurait pu avoir une évolution narrative intéressante autour de la rédemption, surtout avec son tragique passé qui est raconté dans le film. Cependant, elle reste dans son rôle de psychopathe que l’actrice interprète maladroitement. 

Blind War est donc un film très inégal, mais dont les scènes d’action peuvent rendre le tout plutôt divertissant. Le genre de film que si on ne trouve rien d’autre, il peut quand même faire l’affaire, si l’on excuse la pauvreté de l’écriture.

Bande-annonce