« Elle est pas comme toi, Gaïa! »
Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s’occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L’opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques. Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l’occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.
Avec Le retour, Catherine Corsini a voulu faire un film sur elle-même, et elle a très bien réussi.
Une mère et ses deux petites filles, dont une encore bébé, apprend la mort de son mari, au tout début, au téléphone, dans les premières images. Préjugé du spectateur que je suis, le portrait me paraît assez misérable. Une maman noire qui pleure avec ses deux filles noires, c’est à la pauvreté à laquelle j’ai pensé, pas à la richesse. Je n’avais pas tort.
15 ans plus tard… les filles ont 18 et 15 ans.
Khédidja, la mère, travaille pour des gens riches. Riches, mais corrects et honnêtes. Arrivées en Corse le temps d’un été, la vie des trois se jouera suite à la curiosité de Jessica, l’aînée qui veut voir la maison de son enfance et qui y découvre sa grand-mère qu’elle croyait morte.
La mère a menti pour protéger ses filles et pour oublier sa vie d’avant.
Le film de Catherine Corsini couvre plusieurs aspects de la vie familiale. Le racisme (la petite famille est noire), l’éveil des sens à l’adolescence, le lesbianisme (la réalisatrice vit elle-même en couple avec une femme), les différences dans les classes sociales et la difficulté d’être monoparentale. Tout ça est présenté avec un bel esthétisme et une maîtrise quasi parfaite.
Elle réussit un tour de force en englobant tout ça dans un film touchant et parfois troublant. Le Retour comporte en fait plusieurs retours, d’abord géographique, puis le retour de l’aînée vers ses origines et enfin le retour du trio familial ensemble après une période plutôt difficile.
Chapeau à la directrice de la distribution, les actrices sont formidables, touchantes et très crédibles.
Il n’y a pas d’ennemis dans ce film, pas de méchants (on n’est pas dans un film américain…), que des gens attachants qui essaient de trouver des réponses à leur envie de vivre.
Un très beau film sur la vie familiale qui n’est jamais un jardin de roses. Un film sur l’éveil de l’adolescence qui pourrait rivaliser avec les meilleurs Truffaut. Un film coloré (jeu de mots) et sexy, qui a toutes les chances de réussir.
À voir pour la beauté de l’humanité.
Bande-annonce
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