ONF aux Sommets animation - Grand angle 2 - Une

[Sommets du cinéma d’animation] Grand angle 2 | Focus ONF — Samuël contre-attaque

Ainsi, je poursuis ma couverture aux Sommets du cinéma d’animation, section Grand Angle (suis-je le seul à m’imaginer en poursuite d’un édredon me fuyant avec le vent des montagnes?). La programmation semble de plus en plus prometteuse et c’est ce que nous allons découvrir ensemble.

Approchez, approchez! N’ayez craintes! Vous y verrez des choses étranges que nul n’a jamais vu. Osez continuer de vous enfoncer dans ce musée de l’inattendu!

The last tango — Voulez-vous valser grand-mère Nature?

*Ce film a été produit dans le cadre de la 14e édition de Hothouse, stage de formation offert aux cinéastes de la relève.

Chaque rite sur terre est porteur d’un sens au-delà de sa représentation dans le réel. J’y reviens souvent, mais c’est un peu comme l’œuvre de la pipe qui n’est pas une pipe; dans le sens où la pipe en elle-même évoque plus que la pipe. L’objet en question dans sa palpabilité, sa tangibilité se retrouve à faire jaillir de notre esprit d’autres images ou sensations connexes comme : le tabac, la fumée, le goût, la sensation d’apaisement, le désir de fumer ou le dégoût de l’odeur.

The last tango

Mochi Lin combine plusieurs effets visuels : l’animation image par image, la superposition, ainsi que d’autres plus modernes – pour recréer une scène mystérieuse et pourtant connue dans la nature, c’est-à-dire; la reproduction de la mante religieuse (les amateurs de mojitos devraient prendre gare à ne pas confondre la mante et la menthe. Qu’iels ne viennent pas se lamenter ensuite). Le spectacle visuel rendu est magnifique, en particulier grâce aux couleurs aqueuses et presque translucides qui intriguent l’œil. Un style qui se marie bien avec cette danse à la fois merveilleuse et macabre qu’offre la nature à chaque instant sans que l’on s’en rende compte.

Face à la simplicité de la narrative, je ne peux m’empêcher de penser à ce qui peut motiver cette idée en particulier. Comme la pipe de tout à l’heure, le rituel nuptial de cet insecte n’est pas amené à l’esprit de son spectorat sans autres significations plus profondes. L’artiste en est bien conscient; le titre en est une preuve d’ailleurs. N’est-ce pas là que l’on retourne irrévocablement? Il semble impossible parfois d’éviter de constater que l’Amour — aussi éblouissant soit-il — s’accompagne de cette peur accablante de se perdre dans ce tango pour être finalement dévoré vivant. Tiens donc, voilà une bonne idée pour une prochaine fable! Qu’en dites-vous?

The last tango est présenté aux Sommets du cinéma d’animation les 8, 9 et 10 mai 2024.

Extrait  

Fiche technique

Titre original : The Last Tango
Durée : 1 minute 42 secondes
Année : 2024
Pays : Canada
Réalisation : Mochi Lin
Scénarisation : Mochi Lin
Note : 7/10

Corpus and the wandering – Se livrer corps et âme

« – Separation is the alpha and the omega of the spectacle.
– Guy Debord, The Society of The Spectacle. »

L’animation ce n’est pas que du dessin ou de la peinture; c’est aussi l’image par image, la sculpture, l’utilisation de la photographie et de fichier graphique transférable par réseau (une traduction du terme png Portable Network Graphic. On fait ce que l’on peut pour continuer de faire progresser la langue 😅). Et si je vous disais que tout ce que vous verrez ici aurait été créé à partir du corps de l’artiste filmé avec son iPhone? C’est pourtant ce que Jo Roy a accompli en offrant un spectacle de danse nouveau genre sur la musique onirique de Zoë Keating. 

Corpus and the Wandering parvient à réimaginer le mouvement et la position des corps à travers l’espace; un espace cisaillé, fragmenté et morcelé. Le fait de compartimenter le corps de l’humain – mais plus précisément de la Femme dans ce cas-ci – installe un parallèle entre ce dernier et le regard que l’on a dessus; celui des autres, le nôtre et ainsi de suite. Toutefois, l’artiste utilise l’arme des oppresseurs corporels — leurs points de vue — en transformant le corps conquis comme une œuvre d’art libre et cloisonnable. Le film est construit comme une suite de tableaux qui se construisent et se défont; qui tout à la fois se dévoilent et fuient les œillades qui ici ne peuvent être que fortuites. 

CORPUS AND THE WANDERING

Le corps humain et la façon qu’on a de le concevoir est une question complexe. Sans mot, madame Roy démontre brillamment comment cette enveloppe charnelle incorpore autant le connu, le désir et la sécurité; au même titre que la peur, le mystère et l’étrangeté. Pourtant, une fois ces éléments dichotomiques et paradoxaux — confirmant leurs sens bien humains — rassemblés et désassemblés, on parvient à apprécier la beauté et l’élévation. 

Petit accrochage à partir de la deuxième moitié du film où — comme c’est parfois le cas pour les feux d’artifice — on s’attarde un peu trop entre les salves avant de continuer de nous éblouir. À l’avenir, il faudrait veiller à garder le flot même lorsque la lenteur est primordiale pour garder son public à flot, comme on dit.

Corpus and the Wandering est présenté aux Sommets du cinéma d’animation les 8 et 10 mai 2024.

Fiche technique

Titre original : Corpus and the Wandering
Durée : 7 minutes 13 secondes
Année : 2024
Pays : Canada
Réalisation : Jo Roy
Scénarisation : Jo Roy
Note : 8.5/10

Fin partielle

Eh, oui! Voilà que se termine déjà ce deuxième volet Sommets Grand Angle couvert par moi-même. Ne pleurez pas cher lectorat de mon cœur, pas de quoi déterrer Robert Burns, je reviendrai très bientôt pour continuer à partager cette expérience cinématographique. 

D’ici là, continuez de profiter des opportunités à vous cultiver que ce soit ici ou ailleurs. Il y a plein d’artistes qui demandent à être découverts. Qui sait, vous êtes peut-être même l’un d’entre eux? 😉

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