Au nom du Petit Septième, accrédité au Hot Docs, je me suis entretenu avec la réalisatrice libanaise Myriam El Hajj pour son film Diaries from Lebanon qui a fait sa première nord-américaine dans la section Art of resistance.
La colère amène à la rage, la rage amène à la révolution, mais la révolution amène-t-elle forcément au renouveau? À Beyrouth, la réalisatrice Myriam El Hajj filme avec inspiration un peuple et une jeunesse, vindicatifs et affamés par des années de (dés)espoir, criant, assenant ou chantant les maux comme les noms des responsables : les mêmes qui sont là depuis quarante ans au pouvoir dans un pays gouverné par une oligarchie. Élection truquée, crise économique, corruption, traumatisme de la guerre civile, ingérence dans l’explosion au port, problème d’accès à l’eau et à l’électricité, inégalité, El Hajj parvient à nous faire sentir en cinéma direct l’effervescence de la rue et les contradictions d’un pays rêvant au changement, mais incapable de réaliser ce rêve, empêtré dans une société civile et politique des plus complexes. Ordre, désordre; jeunesse, vieillesse; vigueur, fragilité; collectif, individualisme; caméra en mouvement, fixité de caméra; voix in, voix off; amour, haine, Diaries from Lebanon joue savamment sur les contrastes de ses personnages y compris de la réalisatrice, témoins actifs ou passifs des évènements bouleversant le Liban.
Beaucoup ont fui le pays créant une grande diaspora éclatée à travers le monde et, parmi le public à Hot Docs qui s’est rué pour voir le film, il y avait de nombreux membres de la diaspora libanaise torontoise, curieux ou impatient de revoir leur patrie dans une dimension non romancée et dénuée de propagande, bref pour voir les vrais visages du Liban.
Diaries from Lebanon est présenté aux Hot docs, les 29 et 30 avril 2024.
Bande-annonce
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