New Life - une

New Life — Un genre qui n’est pas mort et encore bien vivant!

« Eventually, it makes you feel like a prisoner in your own body. You will experience all the stages of grief and mourn your old life. »
[Finalement, vous vous sentez prisonnier de votre propre corps. Vous vivrez toutes les étapes du deuil et pleurerez votre ancienne vie.]

New Life - affiche

Une mystérieuse femme en fuite, et l’ingénieuse agente spéciale chargée de la rattraper coûte que coûte. Leurs deux histoires uniques sont inextricablement liées, alors que les enjeux de la poursuite atteignent des proportions apocalyptiques.

Comment bien raconter une histoire?

De nos jours, malgré les avancées technologiques et sociales, l’art du racontage (ou en anglais le « storytelling ») reste toujours aussi énigmatique à maîtriser pour la plupart d’entre nous. La raison selon moi est fondamentale à l’artiste; à l’opposé de la vraie vie où l’on se raconte des histoires sans importances au premier degré, l’Art est porteur de sens plus profond et demande une écoute attentive au-delà d’une conversation anodine. New Life a tout l’air d’être construit avec l’intention de faire comprendre à son public le lien – au second degré – qui existe entre les protagonistes au-delà de la diégèse et de la trame narrative.

New Life - Comment bien raconter une histoire - Jessica Murdock Hayley Erin
Jessica Murdock (Hayley Erin)

La thématique principale se concentre sur la prison que devient le corps à la suite d’une affliction tant sur le plan physique que psychologique. John Rosman juxtapose réalité et fiction et ainsi réitère la fonction première du cinéma — et même de l’art en général — en tentant de faire rimer maladie et malédiction à travers deux personnages inconscients de vivre une expérience similaire.

Le film entame son récit avec les halètements épuisés de Jessica Murdock, interprété par Hayley Erin, qui apparaît ensuite à l’écran le visage couvert de sang alors qu’elle fuit suite à ce qui semble être un enlèvement. Parcourant la quiétude d’une banlieue, le public découvre en quelques minutes à peine que le quartier où elle se trouve à ce moment-là est aussi celui de Jessica. L’absence de destruction omniprésente dans les rues élimine rapidement toutes possibilités d’univers post-apocalyptique d’autant plus que Jessica rencontre très vite d’autres humains vaquant à leurs occupations de tous les jours.

Vendre la mèche?

L’intrigue se corse lorsque l’on introduit l’autre protagoniste interprété par Sonya Walger. Elsa Gray est une agente spéciale qui tente de retracer l’emplacement de Jessica, tandis qu’une maladie dégénérative – appelée maladie de Charcot ou aussi connue sous le nom de SLA pour Sclérose Latérale Amyotrophique (on ne précise pas si l’origine est spinale ou bulbaire)- l’assiège et la paralyse progressivement. Les symptômes qu’elle endure commencent à menacer sa capacité à pouvoir retrouver Jessica qui en vient à un état opposé, quoique similaire.

New Life - Vendre la mèche - Elsa Gray Sonya Walger
Elsa Gray (Sonya Walger)

Le titre du film — New Life — est le mot d’ordre; compte tenu que les deux personnages principaux sont à l’orée d’un changement dans leur vie qui les empêchera de pouvoir retourner à leur ancien statu quo. On effleure aussi la question de l’aide à mourir — une chose que l’on considère de plus en plus lorsque les difficultés et la souffrance gagnent sur le reste —, mais cette fois c’est ni pour en faire l’éloge ni pour démoniser l’idée. On amène à la place un regard nouveau sur le principe de la persévérance et de l’humilité face à l’adversité; ce n’est pas parce que la vie change sans possibilité de revenir en arrière qu’elle s’arrête pour autant.

J’aimerais bien vous en dire davantage, mais voilà que le silence me retient. N’allez pas croire que les mots me manquent, mais bien que l’hésitation qui m’afflige est de cause éthique et non une lacune au niveau de l’inspiration. En effet, comment pourrais-je me pardonner de vous priver de cette expérience en vous y enlevant la surprise (qui, en tout cas, pour moi, était inattendu)? J’ai confiance qu’il vaille mieux de temps à autre expérimenter soi-même plutôt qu’à travers l’interprétation des autruis. Au final, qui sait, peut-être trouverez-vous la chute ridicule, mais j’ai l’impression que ça redonne un peu de vie à un concept récurrent bien plus qu’un sentiment d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil du genre.

Enlever les clous du cercueil

Ce peut-il qu’un genre cinématographique puisse s’épuiser? Par là, je fais référence à ces éternels prophètes de malheurs constamment en train d’annoncer la fin d’une ère au nom de tout et de rien; celles et ceux qui — après avoir accumulés le peu d’expérience nécessaire à la compréhension d’une chose X ou Y — en annoncent déjà sa fin ou sa mort (oui, même Nietzsches). Si nous en avons assez à un certain moment des films de cowboys ou de vaisseaux spatiaux ou à l’eau de rose, ce n’est pas parce qu’il n’y a plus rien à dire sur le concept (ou plutôt avec le concept). 

New life - Enlever les clous du cercueil

À mon avis, si l’ennuie nous gagne à force que les films paraissent, c’est principalement à cause de l’abondance de choix d’œuvres à visionner créées suite à l’engouement pour ledit concept. Cela me fait penser à toute cette eau qu’il y a sur Terre; que dans ses étendues les plus grandes elle est salée et imbuvable et — peu importe la quantité disponible — ne fait qu’exacerber la soif. Inversement, plus on la retrouve dans des bassins réduits — comme un lac par exemple — plus elle a de chance d’être pure. Ça me semble clair comme de l’eau de roche, quand pensez-vous?

Il ne faut pas essayer de mettre l’art dans une boîte, ce genre de façon de penser fonctionne comme marcher avec un caillou dans sa botte : on croit l’oublier avec le temps, mais plus on marche plus elle nous bousille le pied. À un moment, on finit par être incapable de faire un pas sans vouloir s’arrêter ou abandonner. Parallèlement, appréhender un nouveau film en faisant rouler ses yeux dans leurs orbites revient au même que d’y aller avec une foi inébranlable en son succès; deux extrêmes qui ont plus de chances de nous zombifier en parfaits petits consommateurs à la place de faire de nous des experts méticuleux. Prendre le temps de ne pas se perdre en chemin, j’ai le sentiment que c’est en cela que réside la clef de notre existence et de la suivante; s’il y en a une.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
New Life
Durée
85 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
John Rosman
Scénario
John Rosman
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
New Life
Durée
85 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
John Rosman
Scénario
John Rosman
Note
8 /10

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