Festin boréal - Une

Festin boréal — Le cycle de la vie

Atteint d’une flèche, un orignal échappe à ses poursuivants pour aller mourir loin en forêt et s’offrir en festin à ses congénères. Guêpes, mouches et coléoptères d’abord, puis corneilles, pygargues, vautours, et enfin tous les mammifères carnivores de la forêt boréale se font convives. Le banquet est l’occasion de jeux, de rituels et de conflits entre espèces et entre rivaux de mêmes familles. Au printemps, il ne restera plus rien du géant hormis la silhouette de son corps imprimé à même la nature.

Festin Boreal - Affiche

Robert Morin est l’un des plus grands cinéastes qui opèrent présentement dans l’industrie cinématographique québécoise. Il a non seulement réalisé de nombreux succès critiques comme, entre autres, Yes Sir! Madame, Requiem pour un beau sans-cœur, Le Nèg’ ou Le Problème d’infiltration, en plus d’être l’un des fondateurs de la Coop Vidéo de Montréal. Mais, il a aussi eu sa propre vision artistique, le poussant à créer un nouveau cinéma, proche de l’expérimentation. Que ce soit en jouant à la technique de l’auto-filmage avec Yes Sir! Madame, en déconstruisant le scénario dans Requiem pour un beau sans-cœur ou Le Nèg’, et en réalisant quatre plans-séquences dans Le Problème d’infiltration.

Mais son expérimentation la plus poussée, et celle dont les gens passent souvent à côté, c’est dans 7 Paysages. Ce documentaire est une simple contemplation de paysage naturel. C’est ce que le réalisateur considère comme un « vrai » film, qui ne se contente pas d’un scénario et qui laisse les images raconter leurs propres histoires. Son plus récent film, Festin boréal, est une continuation de ce style.

Nouvelle direction

Car après avoir filmé des paysages et des arbres, Robert Morin s’intéresse cette fois à la faune. Il impose cependant un contexte à son film, celui d’un orignal abattu d’une flèche dont le cadavre se laisse tranquillement emporter par ses alentours. Le reste de l’écosystème, que ce soit les insectes, les oiseaux ou même les autres mammifères, se met alors à vivre autour de leur compagnon décédé, que ce soit en se nourrissant, en habitant proche ou tout simplement en l’observant.

Festin boréal - Nouvelle direction

Avec ce pitch, on est plus proche d’un documentaire animalier de la BBC narré par David Attenborough. Cela se voit surtout dans la réalisation, utilisant plusieurs types de caméras, que ce soit infrarouge, go pro ou traditionnel, ou en capturant sur le vif les nombreux animaux qui peuplent la forêt. Des centaines heures de rush dans la forêt ont été prises pour faire le film, ce qui n’est pas loin des documentaires du genre.

Robert Morin ne se contente cependant pas de filmer uniquement les animaux qui passent par là. Il montre comment la faune réagit à cet élément inattendu, comme les charognards qui luttent pour avoir leur part, comment les autres carnivores réagissent pour trouver cette nourriture, comment les petites bestioles s’adaptent à ce nouvel élément de leur territoire. Une sorte de récit se crée alors autour de cette mort, ce qui éloigne le long-métrage des productions National Geographic classiques. Il se permet aussi de montrer des humains, pointant du doigt leur impact sur la nature, amenant ainsi un léger message environnemental au film.

Festin Boréal - Aussi des humains

Tout ce qui fait fonctionner le film, c’est cette histoire d’orignal qui se fait abattre par une flèche. Quand on sait que cette séquence d’introduction est entièrement fictive, on comprend que le but de Robert Morin est de s’amuser avec le genre du documentaire, créant un prétexte fictif, mais capturant comment le réel s’intègre autour. Une belle hybridation des genres digne du reste de sa filmographie.

Le film reste une expérience particulière, plus proche de la contemplation que des simples récits auquel on est habitué au cinéma. Il est donc normal que l’aspect contemplatif du film ne plaise pas à un plus large public. De plus, certaines images peuvent en rebuter certains, notamment les nécrophobes ou les entomophobes, qui ont le droit à des moments qui viennent toucher leurs peurs les plus profondes. Le film vaut cependant le coup d’œil, Robert Morin et son équipe ayant fait un gigantesque travail pour capturer les magnifiques images du film.

Une œuvre qui est d’autant plus passionnante après s’être entretenu avec son réalisateur qui a pu nous expliquer toutes les coulisses du film et ses aboutissants.

Nous vous présenterons cet entretien demain.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Festin Boréal
Durée
75 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Robert Morin
Scénario
Robert Morin
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Festin Boréal
Durée
75 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Robert Morin
Scénario
Robert Morin
Note
7 /10

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