« Tu te sers jamais de ta truffe ni de tes oreilles. »
Un chat et un chien s’échappent de leur cage à l’aéroport. Leurs propriétaires doivent travailler ensemble pour récupérer leurs précieux animaux.
La question qui me pèse depuis que le générique de fin de Chien & Chat s’est mis à défiler : Pourquoi? Un film écrit, réalisé par Reem Kherici et qui interprète également le premier rôle féminin; une femme Instagram nommée Monica dont la vedette est son chat nommé Diva, interprété par Inès Reg; et où Frank Dubosc y joue le rôle de Jack, un voleur de bijoux qui se retrouve avec un chiot abandonné, avec la voix de Artus, qui avale le plus récent joyau acquis illégalement par son bientôt nouveau propriétaire.
Un des pires film qui m’a été donné de voir depuis que je travaille chez Le Petit Septième. Le titre est bien représentatif de l’harmonie qui règne entre le film et moi, mais je mentirais si je disais que de le visionner ne m’a fait ni chaud ni froid. Il m’est triste de devoir préciser que les émotions et les sensations qui me traversèrent pendant que je regardais mon écran furent majoritairement — si ce n’est pas totalement — nauséeuses. De toute évidence, vous allez croire que je métaphorise ou que j’hyperbolise mes impressions avec sensationnalisme, mais non.
La psychosomatisation est le phénomène qui survient lorsque le corps physique se retrouve affecté négativement par de trop forts stimuli psychiques ou émotifs. Habituellement, si notre estomac ressent de la faim, le corps enclenche une réponse psychique focalisant notre esprit sur notre mal physique; ce principe est appelé somatopsychique (on n’est pas soi-même quand on a faim, prends donc une snickers). Une réaction psychosomatique c’est l’inverse, c’est quand — par exemple — on voit quelque chose de tellement laid ou écoeurant à un point que la bile nous remonte dans le gosier. À proprement parler, les réflexes de déjections que j’éprouvais à ce moment n’étaient pas réellement dus à une ingestion nocive; pourtant, j’ai réagi comme tel.
La vérité est que je n’ai rien contre Franck Dubosc ou Reem Kherici (même si j’aurais eu honte à sa place d’obtenir un revenu avec une pareille horreur). Cependant, l’œuvre elle-même ne mérite aucune sympathie de ma part; à commencer par le CGI utilisé pour faire le chat et le chien dans le film (pas de danger d’avoir de vrais animaux avec un film axé sur les animaux). Bien évidemment, l’histoire ne tourne pas exclusivement autour des deux tas de poils virtuels, mais cela n’empêche malheureusement pas qu’ils soient à l’écran en parts égales avec les deux acteurs principaux.
Pour une faute technique de ce genre — aussi grossière soit-elle —, je n’aurais pas grimpé dans les rideaux. Si seulement les blagues s’élevaient plus haut que le puéril ou le mauvais goût. Hélas, le film enchaîne les gags de pipi, de caca, d’innuendo sexuels et de reniflage de derrière ou de chatte. La première rencontre entre les deux « animaux » est tellement déplacée qu’on dirait qu’une IA l’a écrite sans aucun regard extérieur. Le genre de blague – je l’imagine bien – très drôle autour d’une table de réunion dans une séance de tempête d’idées, mais qui devrait en rester là. Une fois à l’écran, l’idée du chien qui renifle l’entrejambe de la chatte en dénotant une petite touche capricieuse et chieuse pendant qu’elle le repousse en lui disant d’arrêter perd tout son charme.
Il y a malgré tout un bel effort pour intégrer la parole de chaque nationalité présente dans le film qui parle le français. Cependant, Chien & Chat — malgré son pluriculturalisme francophone — ne peut s’empêcher d’être bêtement Français avec une scène où des gardes de sécurité et Jack ne peuvent s’empêcher de regarder Monica qui dénude sa poitrine. S’il y a bien une chose qui a fait son temps au cinéma, c’est l’usage abusif de la blague des seins à l’air libre aux yeux de tous. Je ne trouve pas ça écoeurant du tout ni même trop sexuellement explicite (même si tous ne restent pas indifférents à cette vue); je considère plutôt que montrer des seins pour un mauvais gag ou pour provoquer — dans TOUS les films produits de près ou de loin par le cinéma français — ça va faire comme on dit.
Une fois le film terminé, je ne savais plus quoi penser. Je sais parfaitement que tout projet ne peut pas être un succès phénoménal ou même un succès tout court, mais ici on ne parle pas de la même chose. À force d’analyser des œuvres, il arrive que l’on sente de temps à autre un manquement au niveau de l’effort; de l’investissement personnel d’un ou plusieurs membres de l’équipe; une réalisation aveugle et contrôlante, etc.
Chien & Chat me fait penser à la conséquence dans le jeu bien connu Vérité ou Conséquence. Je n’ai pas eu l’impression deux secondes que le film avait une raison d’être; une âme. J’ai mentionné plus haut l’impression que le scénario avait été concocté par une IA pourri; à la fin du visionnement, j’en avais la certitude. Je me suis retrouvé à deux doigts de prendre le combiné (téléphone fixe branché au mur, t’sais) et d’appeler Franck Dubosc pour savoir s’il savait avoir joué dans un long métrage avec Reem Kherici. Une métaphore, certes, mais une qui illustre très bien ma conviction d’avoir vu un « faux film ». Autrement, comment ce projet aurait-il pu être financé? J’aimerais donner ma langue au chat, mais la pensée m’effraie tout à coup.
J’ai accepté de regarder ce film croyant voir une œuvre de série B passablement rigolote au risque d’être ridicule et tout de même appréciable. À moins de vouloir corroborer par vous-mêmes mes propos ou de vous donner un haut-le-cœur, Chien & Chat n’est pas quelque chose que je recommande de visionner. Je suis sensible à la possibilité d’être trop dure et sans pitié quelquefois, mais je marche tout de même la tête haute avec les paroles de Daniel Boucher qui résonnent en moi; d’être un crotté, un infâme 😉. J’ai cru que ça serait au pire un mauvais film, mais cela se révéla être un très mauvais film, voilà.
Bande-annonce
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