Maisonneuve - Une

[RVQC] Maisonneuve – L’art de faire tomber les murs 

« Le vivre ensemble est un travail incessant. » 

Maisonneuve - Affiche

Dans un contexte social de plus en plus clivant où les polémiques se font au fil et à mesure de ce que la société nous offre comme fait divers, il est parfois nécessaire de faire un break. De regarder, dans le rétroviseur et voir la magnitude des actes et solutions proposées. Il ne suffit pas de trouver les causes, il faut trouver la bonne solution, avec surtout le meilleur moyen de l’appliquer. Il ne faut pas éliminer le problème, il faut le résoudre afin de démystifier son aura qui pourrait prendre des dimensions disproportionnées.

C’est dans ce sillage qu’opère la série de Maisonneuve. Œuvre, de 2h30 séparée en 6 épisodes, qui revient non seulement sur les dramatiques événements de 2015 durant laquelle 11 jeunes étudiants ont tenté de rallier la Syrie, mais aussi, en faisant le pont avec le documentaire du même nom qui relate, en 2020, les conséquences de ce drame sur la vie au sein de l’établissement, l’un des plus diversifié. 

Dis-moi où tu étudies, je te dirais qui tu es

On pourrait reprocher à la série de tourner en rond concernant le sujet qu’elle dépeint. On pourrait aussi lui reprocher sa longueur ou encore que son propos ne dépasse pas le simple cadre du Cégep pour voir la problématique au-delà de l’établissement, mais on ne pourra pas lui reprocher son honnêteté ou son courage pour aborder plusieurs thématiques directement ou indirectement liées à ce fait divers, qui non seulement restent d’actualité, mais tendent un miroir réflexif sur le futur de la société québécoise.

Maisonneuve - Dis-moi où tu étudie 1
Rayene Bouzitoun saluant une amie. Image tirée de la série — Avec la permission de l’Office national du film du Canada

À l’image de la société « classique », le cégep Maisonneuve peut s’apparenter à une société dans la société, à la différence près que les polémiques et défis qui l’accompagnent sont vécus plus intensément par la fougue de la jeunesse. Une approche qui ne dépeint pas seulement, mais réfléchis aussi avec ceux et celles qui ont vécu « le programme vivre ensemble ». Leurs perceptions, leurs doutes, leurs contradictions, toutes les grilles de lecture y passent, et avec elles des sortes d’études comparatives qui se mettent en place avec les mêmes personnages et profils vus dans le premier opus 5 ans plus tard. On y voit la jeune Rayene qui parle de son vécu à Maisonneuve, de ses doutes, de ses frustrations, et surtout de comment ses visions (de ce qu’elle est, de ses principes, de ses convictions, identité, etc.) se sont modelées entre son passage à Maisonneuve et la personne qu’elle est aujourd’hui, 5 ans après. On y voit Idriss et on constate l’évolution de sa maturité. Les profs et intervenants délivrent leurs sentiments d’impuissance parfois, de leurs doutes quant à la manière de faire leur job, leurs ressentis vis-à-vis de cette époque pas si lointaine.

Un chapelet de discours, de mots et de maux dont le documentaire dans leur sillage tire, par ailleurs, sa réflexion. Les 6 épisodes sont en recherche constante de neutralité basculant entre arguments et contre-arguments. Une neutralité qui se veut froide, sans concession, poussant même le spectateur à être soumis à des propos ou à des échanges malaisants. Comme l’a si bien souligné Momo (intervenant de corridor), « permettre à des jeunes de dire ce qu’ils pensent, de dire qu’ils ne sont pas d’accord, c’est une bonne chose pour une société moderne qui veut évoluer et qui se dit démocratique et ouverte ». 

Maisonneuve - Dis-moi où tu étudie 2
Mohamed Mimoun. Image tirée de la série — Avec la permission de l’Office national du film du Canada

Ce que montre la série Maisonneuve, réside dans le fait que le cégep n’est pas (plus?) un simple cadre académique, c’est l’antichambre de l’essai, de la passion, de doutes, d’erreurs, mais aussi de dialogue, et de confrontation. Ce message évident d’emblée semblait se perdre sous le poids du contexte pensant. Le cégep n’est pas un simple contexte académique, c’est une agora aux mille visages, destiné aussi, à la compréhension de l’autre, à la compréhension de soi-même, à prendre la parole, à débattre, à faire harmoniser le fond et la forme de divers discours, et d’aller vers l’autre même la peur au ventre.

Si l’essentiel des images proviennent du premier documentaire, les 6 épisodes sont plus apaisés, plus muris, plus étoffés. Il essaye d’aller au bout de sa réflexion. La caméra est un simple vecteur s’abstenant de commenter donnant libre cours aux dialogues. Dialogues, qui par leur construction, articulent plusieurs thématiques comme le racisme, l’identité, les insécurités, la connaissance de la réalité de l’autre.

En somme, la série alterne entre le passé et le présent comme pour dépeindre des bribes du futur de ce que va potentiellement être la société québécoise, car au final « Le collège est le dernier vrai lieu de rencontre et de dialogue dans notre société. Toutes les classes sociales y sont réunies. C’est le seul endroit accessible à tous et à toutes où cette confrontation est possible et encadrée. Il faut d’abord véritablement vivre ensemble pour se dire “ouvert”. »  

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Maisonneuve
Durée
150 minutes
Année
2024
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Jean-Martin Gagnon
Scénario
Nicolas Wadimoff et Emmanuelle Walter
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
Maisonneuve
Durée
150 minutes
Année
2024
Pays
Canada / Québec
Réalisateur
Jean-Martin Gagnon
Scénario
Nicolas Wadimoff et Emmanuelle Walter
Note
7 /10

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