Je poursuis ma couverture de Plein(s) Écran(s) avec le jour 7. Au programme, 4 films québécois.
On mélange fiction et documentaire pour une belle journée de cinéma très diversifiée.
Victor ne se plaît pas dans sa résidence pour adultes autistes. Pour éviter la disco du vendredi, il sort prendre une marche et rencontre un jeune prostitué.
Avec Nuit Blonde, Gabrielle Demers offre un film qui suscite un profond malaise. Il y a peu de fictions qui mettent en scène des adultes autistes. Non seulement la réalisatrice le fait ici, mais elle le présente également aux côtés d’un jeune prostitué qui n’est pas forcément honnête. On peut dire que ce mélange est judicieusement choisi pour créer une intrigue dérangeante.
Cependant, l’objectif de la réalisatrice dans le film reste quelque peu ambigu. Cherche-t-elle à dénoncer un abus ou plutôt à montrer que les personnes autistes ont des désirs comme tout le monde? Ce manque de clarté pose un léger problème. Personnellement, je suis laissé avec un arrière-goût amer, comme si on me disait que l’abus (on pourrait aussi parler d’agression sexuelle) est acceptable puisque Jessy finira tout de même par procurer du plaisir à Victor. Mais bon…
D’un point de vue technique, Nuit Blonde est excellent. Les acteurs offrent des performances remarquables et la réalisation est juste. Le travail visuel est tout simplement sublime.
Il ne me reste plus qu’à assimiler cette sensation étrange que le film m’a laissée…
Portrait de Marie-Lise Chouinard, soit le fruit de la résilience, de l’amitié et de l’espoir.
Avec Cherry, Laurence Gagné-Frégeau réalise un documentaire touchant, triste et beau à la fois. C’est un portrait qui mérite vraiment le détour.
La réalisatrice suit l’actrice/écrivaine au cours de ses derniers mois de vie. En fait, on apprend pendant le film que Chouinard n’a plus que 5 ou 6 mois à vivre. Cependant, Laurence Gagné-Frégeau évite le drame trop intense. À l’image de son sujet, elle propose un film rempli de beauté.
Il y a quelque chose de particulier à observer une personne mourir paisiblement à l’âge de 36 ans, alors qu’on en a 41. À aucun moment dans ce court documentaire, nous n’entendons la jeune femme se plaindre. Au contraire, elle reste incroyablement positive, cherchant à profiter au maximum du temps qu’il lui reste.
Si l’on doit retenir une chose de ce film, c’est que nous ne devrions pas passer notre temps à nous plaindre. Au lieu de cela, nous devrions saisir le temps qui nous est donné. La vie est courte, mais elle peut être belle, même dans les moments les plus difficiles. Prenez le temps de regarder ce film, il est source de réconfort même s’il suscite des larmes.
Capturer, documenter, enregistrer, partager, recommencer. Et si nous avions perdu quelque chose en cours de route?
Après le très réussi La vie heureuse, Amélie Hardy frappe fort avec son plus récent court métrage. Avec une narration superbe assurée par Alexa-Jeanne Dubé, Hardy propose une réflexion sur la mémoire et l’oubli.
Dans un ton oscillant entre ironie et prise de position, ce documentaire d’essai s’interroge sur notre relation avec les images et la mémoire. Mais pas l’image du corps. Plutôt les images qui peuplent nos vies, nos souvenirs. On en parle depuis quelques années dans les sphères technologiques, mais le commun des mortels commence tout juste à remettre en question ce fait indéniable : les nouvelles générations voient leur image rendue publique sans leur consentement.
Moi le premier, il m’arrive parfois de poster des photos de mes enfants sur Facebook alors qu’ils n’ont pas encore vraiment conscience de son existence. Mais je m’éloigne du sujet. Dans Notes sur la mémoire et l’oubli, Hardy pousse la réflexion sur la valeur de la mémoire contemporaine. Il fut un temps où la mémoire de l’homme (et de la femme) était ce qui permettait de survivre, de ne pas oublier les choses importantes. Mais de nos jours, il semble y avoir un renversement de situation alors que la valeur de l’oubli devient tranquillement plus importante que la valeur de la mémoire.
En utilisant à la fois des images d’archives et des images tournées spécifiquement pour le film, la réalisatrice apporte une grande prise de conscience chez le spectateur. Elle pose d’ailleurs une question fondamentale que nous devrions tous nous poser : « À y réfléchir, peut-être tentons-nous de tout mettre en place pour que nous soyons littéralement inoubliables, à défaut de l’être vraiment. »
Notes sur la mémoire et l’oubli est un film puissant qui m’a véritablement époustouflé.
Une équipe de tournage est à l’œuvre. À mesure que le tournage avance, leurs mouvements deviennent des pas de danse, révélant la beauté de la chorégraphie propre aux plateaux de cinéma.
Avec Au-delà du hors-champ, Alex Robin propose une œuvre qui mélange bien les univers du cinéma et de la danse. Le tout est fait dans des tons ultra kitch qui, dans mon cas, m’ont un peu tombé sur le système. C’est un peu trop à mon goût. Il y a un autre point qui est dérangeant dans ce film, de façon négative. Défaire les stéréotypes des genres, c’est important. Mais à vouloir trop en faire, on rate la cible. Est-ce vraiment nécessaire que tous les hommes de l’équipe soient féminisés? Et est-ce nécessaire que pratiquement toutes les filles du groupe soient masculinisées?
De côté positif, la chorégraphie est bien rythmée et les gestes du monde du cinéma sont bien utilisés pour créer un genre de danse.
Malheureusement, l’ajout de la dernière partie du film, dans laquelle on voit le résultat de ce tournage, gâche la beauté qu’on peut trouver dans la chorégraphie. Nous voici donc avec un film coincé quelque part entre de beaux moments et de belles ratées.
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