« Cela pourrait même compliquer encore davantage le débat en proposant une hypothèse tout à fait imprudente : la littérature et l’art, en général, sont intrinsèquement féminins. »
Esther (Karen Furlong), une jeune fille de 18 ans originaire du nord du Mexique, se réveille seule et dépassée à Mexico. En errant dans les rues de la ville, elle tente de se connecter avec les inconnus qu’elle rencontre. En arrivant chez une femme mystérieuse, Esther trouve une âme sœur et un compagnon pour la fin du monde.
Avec Extinction of the Species (Extinción de la especie), Matthew Porterfield et Nicolasa Ruíz offrent un film abstrait sur la vie et sur les attentes.
Extinction of the Species est avant tout un film intellectuel et abstrait. Si on le regarde au premier degré, on se retrouvera devant un film a priori ennuyant. Les deux personnages dansent, errent ou restent simplement immobiles.
Les deux moments forts tournent autour de deux dialogues entre les deux jeunes femmes. Le premier est plutôt au début du film et tourne autour de la féminité des arts. « …la littérature et l’art, en général, sont intrinsèquement féminins. Ne naissent-ils pas de l’intimité avec la nuit, le corps, la mort, le désir, le sommeil ou la folie? » Puis Esther poursuit sa lecture et son long discours sur la féminité et le féminisme.
Le deuxième moment fort arrive à la fin du film, alors que les deux femmes dénattent sur la, ou plutôt les, fin du monde. J’y reviendrai.
Restons dans la féminité. Les réalisateurs misent sur une féminité plus moderne que ce qu’on a l’habitude de voir. Les filles ne sont pas habillées de façon sexy, et ne semblent pas exister simplement par leur rapport à la séduction. De plus, Esther ne se rase pas sous les bras (sans qu’on le montre comme un enjeu). Quant à l’autre personnage, elle a un look un peu plus androgyne. Et pourtant, ces deux jeunes femmes dégagent une grande féminité. Comme quoi le monde du cinéma évolue aussi.
Je parlais d’un film abstrait et de plusieurs fins du monde. En fait, les 20 premières minutes dans lesquelles il ne se passe presque rien servent à mettre la table sur la discussion finale dans laquelle les filles discutent de ces fins du monde. Pourquoi au pluriel? Parce que selon elles, le monde meurt et renaît encore et encore. De là le concept du titre de l’extinction. Dans cette conversation, l’abstraction de notre monde est remise en doute dans une conversation surréelle.
Au final, on se retrouve avec un film qui n’est pas pour tout le monde. Mais un film qui ose pousser le questionnement en mixant le physique et le métaphysique. Si vous êtes abonnés à Mubi, je vous conseille de prendre un 25 minutes bien investi pour regarder ce film qui vous fera sortir de votre petit confort.
Bande-annonce
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