« C’est comme si je ne partais jamais d’ici. »
Sofia a été contrainte de quitter son logement et se retrouve désormais sans toit. La jeune femme passe ses journées à flâner dans les allées du campus de l’université de São Paulo, où elle offre ses services de tatoueuse. Au fil d’une nuit éthérée, son errance se mêle aux souvenirs d’un amour inachevé.
Avec Sofia Foi, Pedro Geraldo offre un film perdu entre documentaire et fiction. Un film qui manque grandement de direction et qui laisse le spectateur froid devant des enjeux importants qui auraient mérité un film mieux planifié.
Enveloppé d’une atmosphère sombre et mélancolique, Sofia Foi contemple la fragilité d’une jeunesse laissée pour compte. Dans un récit qui se veut à la frontière entre la vie d’une Sofia fictive imprégnée des expériences de la comédienne homonyme qui l’incarne, ce long métrage se perd quelque part en chemin.
Je déteste (et ce n’est pas nouveau) ces films qui se disent être un documentaire alors qu’ils sont fondamentalement des fictions inspirées d’un événement quelconque. C’est le cas ici, alors que dès la première scène, alors que le personnage va se suicider (en tout cas, c’est ce qui semble) au bord d’une rivière. Je n’ai rien contre un documentaire dans lequel on incorpore des éléments de tournage afin de clarifier ou de bonifier le volet documentaire. Mais encore faut-il qu’on puisse, en tant que spectateur, voir une nuance entre les deux réalités.
Ici, ces images tournées à la méthode cinéma directe n’ont aucune valeur lorsqu’il s’agit d’éléments de fiction. On a surtout l’impression d’un manque de talent ou d’une grande paresse de la part du réalisateur. Ça semble simplement ne pas avoir été très travaillé.
Mais ce qui est encore plus dérangeant que cette impression de paresse, c’est le grand vide tant au niveau narratif qu’au niveau de ce qu’on veut démontrer. Veut-on vraiment montrer les difficultés à se loger et à se sentir intégré de cette jeunesse brésilienne? Parce que si c’est effectivement le cas, ça ne ressort pas lorsqu’on regarde le film.
Au contraire, on a surtout l’impression de suivre une jeune femme simplement irresponsable qui fait penser à la cigale de la fable de Lafontaine. Elle sait qu’elle doit déménager, mais ne cherche pas à trouver un autre logement. Elle est supposée étudier, mais elle ne va sur le campus que pour passer le temps. Elle doit remettre un travail d’équipe, mais préfère aller à une fête sous prétexte que ce n’était pas sa décision de le retranscrire.
Tout au long du visionnement, j’avais plus envie de lui crier de faire un effort que d’avoir envie de la soutenir ou encore de ressentir de l’empathie. Voilà donc un film qui ne vaut pas vraiment le détour.
Sofia Foi est présenté aux RIDM les 18 et 22 novembre 2023.
Bande-annonce
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