« – What the hell happened to cinema? How is it that it just died from straight up COVID19 virus, and for like 2 years? And the world the world shrugged. What happened to the movies mattering?
— Whait, there’s plenty of movies streaming on TV. More than ever.
— You prove my point. Honestly, I think they made COVID in a lab. »
[— Qu’est-il arrivé au cinéma? Comment se fait-il qu’il soit mort à cause du virus COVID19, et pendant environ 2 ans? Et le monde entier haussa les épaules. Qu’est-il arrivé aux films importants?
— Attends, il y a plein de films en streaming à la télé. Plus que jamais.
— Tu prouves mon point. Honnêtement, je pense qu’ils ont fabriqué le COVID dans un laboratoire.]
Accompagnée d’un diaporama de clichés promotionnels de film des 40 dernières années, la narration effrénée de James N. Kienitz Wilkins offre un point de vue sur la cinéphilie dont la méfiance et le recul sont étrangement rafraîchissants. Ces images existent au sein d’une industrie dont les rouages ont longtemps été ancrés dans des dynamiques d’abus de formes différentes — sommes-nous donc complices par association??
Avec comme prétexte un procès non diégétique, où toutes les voix sont celles de Wilkins qui se chevauchent de manière presque schizophrénique, Still Film examine notre rapport au cinéma, mais surtout à la vérité elle-même tout en cherchant à psychanalyser ludiquement le subconscient de théories conspirationnistes hollywoodiennes populaires.
Je dois admettre que je ne sais pas trop par où me lancer dans cette critique… J’ai même beaucoup de difficulté à savoir si j’ai aimé ou non ce film. Je propos edonc une stratégie d’écriture qui ne s’apparente pas à ce qu’on fait normalement lorsqu’on rédige une critique. Je vais écrire à mesure que je réfléchis.
Dans l’introduction de ce texte, j’utilise le résumé que proposent les RIDM. Pourquoi? Parce que d’une certaine façon il explique vraiment bien ce que ce film est. Quelque part entre humour et triste constat, James N. Kienitz Wilkins cherche à comprendre la situation actuelle du cinéma. La question n’est pas totalement nouvelle, mais l’angle est franchement original.
J’ai particulièrement aimé le sarcasme qu’il utilise lorsqu’il aborde les théories du complot. J’en ai mis un extrait en exergue, mais permettez-moi de mettre une version plus longue de ce dialogue :
« — What the hell happened to cinema? How is it that it just died from straight up COVID19 virus, and for like 2 years? And the world the world shrugged. What happened to the movies mattering?
— Whait, there’s plenty of movies streaming on TV. More than ever.
— You prove my point. Honestly, I think they made COVID in a lab.
— You really believe that?
— I wouldn’t put it past’em. Netflix? Amazon Prime? Don’t get me started on Hulu, HBO Max, Disney Plus, Paramount Plus, CNN Plus, BET Plus, Crunchyroll.
— Wait… What’s Crunchyroll?
— You forgot Apple TV, sir.
— Apple TV, thanks. Peacock. They made COVID. »
[— Qu’est-il arrivé au cinéma? Comment se fait-il qu’il soit mort à cause du virus COVID19, et pendant environ 2 ans? Et le monde entier haussa les épaules. Qu’est-il arrivé aux films importants?
— Attends, il y a plein de films en streaming à la télé. Plus que jamais.
— Tu prouves mon point. Honnêtement, je pense qu’ils ont fabriqué le COVID dans un laboratoire.
— Tu crois vraiment ça?
— Je ne les laisserais pas passer. Netflix? Amazon Prime? Ne me lances pas sur Hulu, HBO Max, Disney Plus, Paramount Plus, CNN Plus, BET Plus, Crunchyroll.
— Attends… C’est quoi Crunchyroll?
— Tu as oublié Apple TV, monsieur.
— Apple TV, merci. Peacock. Ils ont créé le COVID.]
Mais au final, on passe 72 minutes à regarder des « stills » de vieux films. Fondamentalement, un gel sur image servant à la promotion des films. Le tout accompagné d’une narration à deux, mais à une seule personne, simulant le procès du cinéma.
Je suis toujours incertain à propos de l’opinion que j’ai de ce film…
Apparemment, il est possible de faire un film qui est à la fois lent, et étourdissant. La lenteur des images, qui sont fondamentalement des photos qui défilent une à une devant nos yeux, est accompagnée d’un débit vocal s’approchant d’une diarrhée verbale.
Autant je trouve le texte et la narration pertinents et superbes, autant j’ai l’impression que les images représentent une certaine paresse de la part du réalisateur. C’est à partir d’un carrousel de 140 images 35 mm collectées dans des dossiers de presse de films hollywoodiens que James N. Kienitz Wilkins revient sur quarante ans de cinéma — une période correspondant à son âge — tandis qu’une déposition légale fictive fait office de commentaire.
Mais ces images, à part le fait qu’elles proviennent de films populaires, représentent quoi? J’aurais aimé que les images parlent tout autant que les dialogues. Oui, Forest Gump a été un film important à Hollywood dans les années 90. Mais est-ce vraiment pertinent, ici, en fonction du message?
J’imagine que la question se pose non seulement pour ce titre, mais aussi pour plusieurs autres. Quoi qu’il en soit, l’essai est intéressant, même s’il n’est pas parfait.
Still Film est présenté aux RIDM les 17 et 19 novembre 2023.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième