Me voici rendu à l’avant-dernier programme de la section Les Nouveaux Alchimistes. Cette fois-ci, on regarde 5 courts métrages.
C’est parti pour une autre petite balade dans les catacombes de l’esprit créatif.
La lumière perce la mémoire comme elle fissure la glace à la surface de l’eau. À travers ces brèches coule un flot continu où les pensées intimes rencontrent le Dickinsonia, un spécimen océanique vieux de 550 millions d’années. De même que son corps mou n’a laissé que de rares fossiles, certains traumas, marqués par l’oubli et la dissociation, semblent également ne laisser que très peu de traces. Une exploration puissante, mais douce marquée d’un décor arctique imposant.
Avec Dickinsonia, Charline Dally offre un film fade provoquant bien peu de palpitations chez le spectateur. Son seul réel fait d’armes est de m’avoir fait découvrir cette créature préhistorique. Mais ma découverte s’est principalement faite après le film, lorsque j’ai fait une recherche pour savoir s’il s’agissait bien d’une vraie « bibite ». Hé bien, oui.
Sinon, l’image d’un bleu clair, presque gris, rend ce court film franchement long et ennuyant. Disons que la comparaison que la réalisatrice veut mettre en place entre la créature et des faits plus actuels ne passent pas très bien à l’écran. Il est possible que ça vienne du ton plutôt monotone de la narration, ou encore de cette image sans contraste. J’ajouterais que la piètre qualité du son n’aide vraiment pas.
San Borondón est une île mystérieuse qui, au fil de l’histoire, apparaît et disparaît. Parfois, on la retrouve sur des cartes, près des îles Canaries, puis elle s’évapore. Nombreux sont les hommes qui ont voulu la conquérir, sans jamais la trouver. À travers un regard à la fois scientifique et surréaliste, des séquences sous-marines nous transportent dans les profondeurs de l’île, de sa légende et de son mysticisme.
Il y a quelque chose d’étrange avec Bloom. C’est la première fois que je regarde un film et que les sous-titres sont plus intéressants que les images. En fait, il n’y a aucune narration ni dialogues dans ce film documentaire. Seulement des images qui ne représentent pas grand-chose. On a l’impression, par moment, de regarder un film de géologie. Par moments, et c’est cette partie qui rend le court métrage un peu intéressant, on nous présente, en sous-titres, des informations à propos de cette île un peu étrange qui disparaîtrait parfois au plus profond de l’océan.
Si les réalisateurs avaient réussi à montrer un peu de cela en image, ou de simplement mettre une narration afin de nous expliquer un peu ce qu’on voit, ce serait franchement plus intéressant.
En attendant, le film reste plutôt ennuyant.
Dans ce parcours poético-scientifique rythmé par des sculptures de verre, des chercheurs tentent d’injecter de l’ADN d’algues photosensibles pour soigner nos rétines avec des résultats surprenants! Du bleu de l’océan à l’écran bleu de l’ordinateur : la vision devient hybride, évoquant les relations ancestrales entre les algues et les cellules rétiniennes humaines.
Jusqu’à maintenant, il s’agit, et de loin, du film le plus intéressant de cette sélection de documentaires qu’est le programme 4 des Nouveaux Alchimistes. Non seulement le film est visuellement beau, mais il est vraiment informatif.
Bleu silico s’avère être une sorte de récit documentaire scientifique. Rien de moins. De par ce qui pourrait — ou non — être l’histoire de la narratrice, les réalisatrices font découvrir au cinéphile les possibilités de plus en plus réelles de redonner la vue à certains types d’aveugles. Et on ne parle pas d’implanter une puce dans le cerveau, mais plutôt de transplanter du silicate dans l’oeil.
Voici vraiment un film à voir. Je vous assure que vous aurez ensuite envie de faire des recherches sur internet.
Trois jeunes sœurs sont séparées par l’éruption de Fogo, mais elles chantent : un jour on saura pourquoi on vit et pourquoi on souffre.
Aussi beau tant au niveau sonore que visuel, Les Filles du feu est de loin le court métrage le plus fort de ce programme 4. La pièce musicale est interprétée en canon, de façon quasi cacophonique. Mais il ne faut pas croire que cela n’est pas arrangé avec le gars des vues.
Les 3 femmes chantent leur partie de l’œuvre, se répondant donnant place à une histoire beaucoup plus importante qu’il n’y paraît. À la fin, le réalisateur brise brutalement toute la beauté qu’il a passé 8 minutes à construire. Cette cassure prend toute son importance alors qu’elle amènera une autre vision de ce qu’on a vu jusque-là.
Ce film est composé comme un genre de triptyque. Chaque femme est dans son carré, dans un lieu différent, peut-être à un moment différent, qui sait. Mais leur plainte s’additionne. À voir et à entendre avec toute l’attention que votre corps peut donner.
La formation du lac Baïkal, le lac le plus ancien et le plus profond de la planète, est réimaginée au son de la langue autochtone buryat. En utilisant des matériaux mixtes trouvés en Allemagne, le lien important entre l’histoire, la langue et la terre prend vie dans cette animation visuellement époustouflante.
Dans Baigal Nuur, Alisi Telengut n’hésite pas à raconter la Terre mère et ce qu’il l’entoure d’un point de vue autochtone, en utilisant le stop motion pour créer une œuvre étonnante. En misant principalement sur le bleu, elle offre une représentation de notre planète comme on ne l’a jamais vu avant.
Ce court métrage montre bien que le cinéma peut être expérimental sans pour autant être impossible à suivre pour le commun des mortels. Du coup, il s’agit d’un bon point de départ pour quelqu’un qui veut se lancer dans le cinéma expérimental en douceur.
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