FNC 2023 - Nouveaux Alchimiste programme 2 - Une

[FNC] Les Nouveaux Alchimistes | Programme 2

Je poursuis ma couverture de la programmation des Nouveaux Alchimistes avec le programme 2. Cette fois-ci, 8 titres. 

Vous êtes prêts? Je me lance!

The veiled city (Natalie Cubides-Brady) – Royaume-Uni – 13 minutes

Inspirée du grand smog de Londres en 1952, cette symphonie urbaine de science-fiction glane des images d’archives afin de nous transporter dans un futur post-apocalyptique défini par l’irréalité des catastrophes environnementales. À travers une série de lettres adressées à une sœur mourante, le film nous invite à concevoir le « smog » dans le contexte de l’urgence climatique actuelle.

The veiled City

Ouf… The Veiled city est une claque en pleine face afin de faire réaliser que l’humain sait qu’il court à sa propre perte, mais ne veut pas faire l’effort pour rectifier la situation. Bien que ce film dise ce qu’on sait déjà; que l’on dit encore et encore ce que l’on sait déjà sans ne rien faire, on ne peut faire autrement que d’avoir un long frisson le long de la colonne en écoutant la narration remarquable de Aerynne Eastwood. Les images sombres de fumée, de boucanes, de mort, sont ainsi amplifiées par le texte de Natalie Cubides-Brady et la façon de narrer de Eastwood. 

Probablement que ce film ne changera rien. Après tout, qui le verra? Et de toute façon, qui écoutera? Ce n’est pas le premier cri d’alarme que l’on pousse. Mais il pourra s’ajouter à une longue liste d’avertissement que les humains n’auront pas écoutée lorsque notre race s’éteindra. Ajoutons à cela qu’il s’agit d’une œuvre magnifique, forte et poétique. 

Je suis prêt à me risquer en disant que vous pourrez le retrouver dans mon top 5 de fin d’année. 

LDN 51.5072N 0.1276W (Wen Pey Lim) – Royaume-Uni – 3 minutes

Londres comme vous ne l’avez jamais vue! Mêlant musique et animation, cette symphonie urbaine revisitée propose une réflexion ludique sur la médiation technologique du paysage londonien, de la révolution industrielle à aujourd’hui.

LDN 51.5072N 0

Je mentirais si je disais que j’ai effectivement vu le lien entre Londres et l’animation du film. Par contre, le lien avec le piano est clair et quelque peu intrigant. L’animation est faite un peu comme s’il y avait un bogue avec l’image. Des lignes horizontales et verticales, des genres de gros pixels rectangulaires, tout est là pour qu’on s’y trompe. Tellement que j’ai même revérifié le film après avoir terminé de le regarder. 

Ainsi, je ne dirais pas que le film de Wen Pey Lim est bon. Mais, il apporte effectivement quelque chose d’intéressant en tant que film expérimental. 

NYC RGB (Viktoria Schmid) – États-Unis / Autriche – 7 minutes

La ville de New York et son quotidien sont ré-imaginés dans ce portrait intime et coloré mêlant vues pittoresques et travail de caméra innovant. Observez les détails de la vie urbaine à travers une lentille prismatique qui transforme chaque instant en une poésie sensible.

NYC RGB

Je ne sais pas si je suis prêt à dire que ce film est réellement pertinent. Par contre, le photographe numérique et photoshopiste en moi ont adoré l’idée. Chaque nuage, chaque ombre prennent une teinte tricolore de rouge, vert et bleu dans cette vision moderne de ce que serait la pellicule. Alors que l’argent a été remplacé par du numérique, ces trois couleurs affectueusement appelées RGB en numérique prennent tout leur sens. 

Je suppose que le commun des mortels ne verra pas beaucoup d’intérêt dans ce film. Mais quiconque travaille avec des images numériques y trouvera un peu de lui-même. 

Delight at Robert St. (Milja Viita) – Finlande / Canada – 12 minutes

Buddy, un vieux chat errant de Toronto, a réussi à conquérir un petit territoire dans le centre de la ville lorsque Milja a croisé son regard. Peu à peu, elle s’est liée d’amitié avec son voisin et a immortalisé son dernier automne avec sa vieille caméra 35 mm à manivelle.

Delight at Robert St

Certaines personnes semblent oublier que « expérimental » ne veut pas dire « faire n’importe quoi ». Ok, tourner avec une vieille caméra à manivelle ce doit être vraiment cool. Mais faire un film de 12 minutes sur un chat, sans narration, sans couleur, sans paroles, sans… sans intérêt finalement. 

Il y a un autre concept que la réalisatrice semble avoir oublié en faisant son film. Il y a une raison pour laquelle on apprend à ne pas faire de grands  « zoom » lorsqu’on tourne « caméra à la main ». Le résultat est horrible. Voici donc un film à éviter. 

Let’s talk (Simon Liu) – États-Unis – 11 minutes

Un regard vertigineux et claustrophobe sur le 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong, ancienne colonie britannique, à la Chine continentale. Avec des paysages sonores immersifs et un montage minutieux, cette œuvre traduit parfaitement l’anxiété d’un avenir incertain.

Let's talk

Ce film est probablement moins accessible si on n’est pas très au courant de cette rétrocession et de ce que cela a impliqué. Du clup, on se retrouve à être beaucoup plus marqué par les sons dérangeants, voire agressant que par les images qui, par moments, semblent n’être là que pour remplir un espace. Le début et la fin sont plus lents. C’est le milieu qui est probablement le plus intéressant car beaucoup plus rythmé.

Let’s talk n’est pas sans intérêt, mais reste plus difficile d’accès.

Center, Ring, Mall (Mateo Vega) – Pays-Bas / Pérou – 17 minutes

Sous une forme triptyque, plusieurs voix s’assemblent afin d’évoquer trois lieux distincts : un centre de données, une autoroute et un centre commercial abandonné. Tous situés dans les environs d’Amsterdam, ils symbolisent des visions futuristes et des notions américaines du progrès social et économique. Avec structure et lyrisme, ces voix méditent sur la nature de ces projets.

Center ring mall

Il y a quelque chose de profondément déprimant dans ce court métrage. Ces visions d’un futur grandiose, vues avec un certain recul, n’auront été au final qu’une part de la destruction de l’homme. Une sorte de prédisposition à créer des structures aussi sophistiquées que nocives. 

La narration est belle, lente, douce. On se promène entre l’anglais et l’espagnol ou encore en néerlandais. Ces changements se font de façon fluide, réaliste, comme lorsqu’on parle une langue seconde et qu’on veut s’assurer d’être bien précis, ce qui nous amène à revenir à notre langue maternelle le temps de quelques mots. 

Vega réussit à amener le spectateur dans un état pensif. D’une certaine façon son film réussit à garder le spectateur intéressé tout en lui permettant de laisser son esprit se promener, aller ailleurs le temps de quelques instants, pour imaginer ce qu’il voudrait dire, lui, s’il prenait la peine d’exprimer ses pensées profondes. 

Au final, Cente, Ring, Mall est une œuvre marquante. 

Skyscraper Film (Federica Foglia) – Italie / Canada – 8 minutes

Des horizons en ruine nous sont présentés comme un collage abstrait fait à la main, sans caméra, créé à partir de morceaux de films 16 mm orphelins des années 1980. Initialement produits pour promouvoir le tourisme en Amérique du Nord, ces films sont réaffectés à un nouveau contexte grâce aux techniques Emulsion Lifting & Grafting.

Skyscraper Film

Bon… Je viens de regarder 8 minutes d’images qui sautent, un peu comme quand on regardait une vieille VHS et que le tracking était mal ajusté. Ou comme lorsque les antennes de la télé, dans les années 80, étaient mal placées et qu’on se retrouvait entre deux images.

J’aurais tendance à dire, à nouveau, qu’on ne peut pas tout justifier en parlant de cinéma expérimental. Encore faut-il que ça puisse s’appeler du cinéma…

Sunflower Siege Engine (Sky Hopinka) – 12 minutes

Commissionné par le Musée d’art de San Jose et l’Institut des arts et des sciences de l’université de Santa Cruz. Les moments de résistance éclatent et s’entremêlent avec la documentation de l’occupation d’Alcatraz par les autochtones, de la récupération de Cahokia jusqu’au rapatriement des ancêtres, en passant par les réflexions sur la notion de corps tel qu’il existe dans le monde d’aujourd’hui. Des gestes méditatifs sur la création carcérale et sur la nature du système des réserves où souveraineté et belligérance se croisent et divergent.

Sunflower Siege Engine

Voici un court métrage intéressant, bien qu’imparfait. L’idée derrière le cinéma d’expérimentation est justement d’expérimenter. Ici, Sky Hopinka utilise la surimpression en ajoutant des images par-dessus des images et du texte et des animations… L’idée est bonne. Mais à mettre trop de trucs en même temps, on en vient qu’à ne plus suivre. Le cerveau ne pouvant processer qu’un certain nombre d’informations à la fois, le spectateur en vient qu’à avoir de la difficulté à suivre. 

Ce qui devient trop, c’est probablement le texte ajouté au milieu de l’écran. Certes, on ne comprend pas trop bien ce que le narrateur dit. Mais avec les 2 images superposées, le texte devient une source de nuisance qui fait en sorte qu’on perd l’image. Mais j’aime l’idée et l’expérimentation vaut le coup. Il faut parfois chercher de nouvelles façons de frapper l’imaginaire des spectateurs afin qu’ils écoutent ou qu’ils perçoivent le message. C’est vrai lorsqu’on parle d’écologie, et c’est vrai ici, lorsqu’on essaie de dénoncer une situation. 

Malgré ses imperfections, j’achète!

***

Le programme 2 est un peu moins fort que le premier. Mais il y a tout de même des films qui doivent être vus. Je poursuis, demain, avec le programme 3.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième